L’AES marque une avancée majeure en supprimant les frais d’itinérance entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, renforçant ainsi l’intégration régionale et la connectivité des peuples.
La signature, le 21 novembre à Niamey, d’un protocole d’accord établissant la gratuité de la réception des appels et SMS entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso marque une avancée significative pour l’Alliance des États du Sahel (AES). Cet accord, centré sur la levée des frais d’itinérance téléphonique, reflète une volonté commune de renforcer l’unité régionale, tout en apportant des bénéfices concrets aux citoyens de la zone.
Avec cet accord, les citoyens des trois pays pourront désormais communiquer librement sans subir les coûts prohibitifs de l’itinérance, communément appelée « roaming ». Comme l’a souligné Wenlassida Patrice Compaoré, secrétaire exécutif de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) du Burkina Faso, cette mesure vise à éliminer « le poids du surcoût d’itinérance qui freine la mobilité et les liens entre les peuples ». En supprimant ces barrières, l’AES se positionne en fer de lance pour la connectivité régionale, un levier essentiel pour le développement économique et social.
Une avancée technologique dans un contexte géopolitique tendu
Cette décision s’inscrit dans une stratégie plus large de l’AES visant à bâtir une union intégrée. À travers cet accord, les régimes militaires au pouvoir dans les trois pays démontrent leur engagement à répondre aux attentes de leurs populations en matière de connectivité et d’intégration économique. La gratuité des appels et SMS en itinérance est un signal fort envoyé à la communauté internationale : l’AES n’est pas seulement une alliance politique, mais également un projet de développement pragmatique et tourné vers l’avenir.
Cet accord intervient dans un contexte marqué par les défis sécuritaires et politiques qui touchent les trois pays. Malgré ces contraintes, l’AES montre sa capacité à initier des projets concrets qui profitent directement aux populations. En rendant la communication plus accessible, l’alliance renforce les interactions entre les peuples et favorise une meilleure coopération transfrontalière. Cette mesure contribue également à affirmer l’indépendance numérique de la région face aux défis géopolitiques, notamment en réduisant la dépendance aux infrastructures technologiques étrangères.
Des inspirations et des perspectives prometteuses
La signature de cet accord s’inscrit dans la continuité du projet « free roaming » initié depuis 2016 par plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Mali et le Burkina Faso. Cet héritage, étendu et consolidé par l’AES, témoigne de la volonté d’accélérer la construction d’un espace numérique harmonisé en Afrique. L’ambition d’élargir cet accord à d’autres pays, comme le Togo, ouvre la voie à une coopération régionale renforcée.
La suppression des frais d’itinérance n’est pas seulement une mesure technique ; elle est aussi un outil puissant pour l’intégration économique. Elle facilite les échanges commerciaux, les déplacements transfrontaliers, et contribue à tisser un tissu social plus dense entre les peuples. Avec des initiatives comme celle-ci, l’AES montre qu’elle est en mesure de concilier les enjeux politiques et les besoins concrets de ses citoyens.
Cet accord sur le « free roaming » est bien plus qu’une simple avancée technique. Il illustre la capacité de l’AES à transformer une vision politique en une réalité tangible pour ses populations. Dans un contexte où la coopération internationale est souvent mise à rude épreuve, cette initiative est une preuve que l’intégration régionale reste possible, même dans les conditions les plus complexes.
Avec des projets comme celui-ci, l’AES renforce sa légitimité et ouvre la voie à une intégration plus profonde, en faisant de la connectivité un moteur de développement pour tout le Sahel.
Oumarou Fomba
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