Au Mali, malgré la montée en puissance de l’armée malienne, des attaques sporadiques sont observées dans le pays, avec le plus souvent le recours à des enfants soldats. Cette situation impose une réflexion solide sur le phénomène de la mendicité des enfants talibés.
Une attaque complexe à la voiture piégée contre l’aéroport de Sévaré, dans la région de Mopti, a été déjouée par les forces armées maliennes de défense et de sécurité, le 22 avril 2023. Une attaque dont le bilan provisoire faisait état de 10 morts et 61 blessés contre 28 terroristes neutralisés.
Mobilité des enfants talibés
Sur les antennes de la télévision nationale du Mali, le général de division, Oumar Diarra, chef d’état-major général des armées, a déploré l’usage des enfants soldats au cours de cette attaque, survenue au lendemain de la fête de ramadan. Selon ses précisions, dix (10) enfants, âgés de 10 à 16 ans, constituaient une frange importante des Combattants des groupes armés terroristes.
Cet incident de Sévaré interpelle les autorités maliennes, surtout en ce qui concerne le recours aux enfants soldats dans les opérations terroristes. Un contexte particulier qui impose des mesures particulières, pour la sécurité et le bien-être des populations. D’où viennent ces enfants utilisés par les terroristes dans leurs tentatives désespérées de déstabilisation ?
Au Mali, l’emploi des enfants dans de telles opérations est une chose assez aisée en raison de la libre circulation des mendiants. La mendicité qui rapporte gros à ces enfants ainsi qu’à leur famille et leur maitre. À travers cette activité, ces enfants talibés voyagent de région en région voire de pays en pays, sans pratiquement aucun contrôle. Pourtant, ces enfants mal habillés, et qui font même souvent pitié, sont facilement influençables et servent généralement à de viles causes. Ils peuvent être utilisés comme informateurs, parce qu’ils ont accès à beaucoup d’endroits, ou encore comme kamikazes ou combattants.
Dans la gestion de la crise sécuritaire au Mali, la mendicité des enfants talibés n’est point à négliger. Leur grande mobilité est un facteur leur permettant d’exercer beaucoup d’activités illicites.
Une activité lucrative
À Bamako, nombreux sont les jeunes mendiants devant la grande mosquée à prendre en charge leur famille restée au village. Lors d’une enquête sur le phénomène à Bamako et à Ségou, en 2020, nous avons rencontré un jeune mendiant, de moins de 16 ans, qui achète chaque année un bélier pour sa famille lors de la Tabaski. Un autre, plus âgé, voyage fréquemment dans des pays de la sous-région, sans payer de frais de transport.
Le contexte actuel du Mali nécessite qu’une solution durable soit trouvée à ce phénomène de la mendicité, qui n’est pas une recommandation religieuse. Le Niger a interdit le phénomène dans ses rues. Le Sénégal aussi se trouve sur la même voie.
L’apprentissage des textes religieux n’a rien à voir avec ce phénomène, devenu un facteur clivant au Mali. La mendicité des enfants talibés est devenue dans nos grandes villes une activité lucrative. Pourtant, ce genre d’activité, sous le voile de la religion, n’est pas sans conséquence. Il est temps d’interdire ce phénomène dans notre pays. La lutte contre le terrorisme impose.
Cheincoro Diarra
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