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Mali : l’État islamique encaisse deux revers majeurs

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Dans un revers spectaculaire infligé à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS), les Forces armées maliennes, soutenues par leurs alliés, ont neutralisé un cadre jihadiste et enregistré la reddition de onze combattants, dont un chef local. Cette double victoire, hautement symbolique, consacre la montée en puissance d’un État malien résolu à défendre son territoire et à restaurer son autorité, loin des tutelles d’hier.

Il faut imaginer la scène : Chimam, bourgade poussiéreuse à l’est de Ménaka, territoire charnière et stratégique pour tous les groupes armés actifs dans le no man’s land sahélien. C’est là, à 40 kilomètres de la ville, que les Forces armées maliennes (FAMa) ont porté un coup d’arrêt à l’avancée silencieuse mais dangereuse de l’État islamique au Grand Sahara.

Un chef neutralisé, un mythe ébranlé

Le jihadiste neutralisé, Abou Dahdah – alias selon les services, idéologue confirmé et artisan d’attentats meurtriers à l’aide d’engins explosifs improvisés – ne figurait peut-être pas dans le haut du panthéon de Daesh, mais il était tout sauf anodin. Idéologue, formateur, recruteur, il aurait été missionné, selon les précisions de certains médias, pour « endoctriner et radicaliser » les populations locales. Une « campagne de sensibilisation » forcée, interrompue brutalement par une frappe ciblée, selon l’état-major malien.

Il a suffi d’un renseignement bien exploité – fruit du maillage progressif du terrain et de l’infiltration patiente des réseaux jihadistes – pour faire tomber Dahdah et ses acolytes, dont son garde du corps. Selon certaines indiscrétions, le défunt commandait sous les ordres directs d’Abou Alghabass.

Une reddition qui en dit long

Moins de 24 heures plus tard, dans la région voisine de Gao, un autre événement est venu sceller ce week-end militaire : la reddition de onze combattants de l’EIGS opérant à Tessit, dont le chef Abrahim Boubacar, dit « Oubel ». Ce dernier, au micro de la télévision nationale, a livré une confession qui en dit long sur la désillusion des recrues de Daesh : « Je suis malien, je pensais qu’ils travaillaient pour le jihad. Mais ils mentent. » Un message simple, direct, et potentiellement viral.

Ces mots, prononcés à visage découvert, sur les ondes de l’ORTM, valent bien plus qu’un communiqué de presse. Ils sonnent comme une exhortation lancée à tous ceux qui hésitent encore entre fidélité à une cause obscure et retour à la République.

La stratégie de la reconquête

Loin des logiques d’endiguement de l’ère Barkhane, aujourd’hui révolue, le Mali post-2021 trace une ligne claire : reconquête territoriale, ancrage populaire, guerre asymétrique par tous les moyens – y compris l’humiliation symbolique. Car, en s’attaquant à des figures de proue comme Abou Dahdah et en obtenant la reddition de commandants de terrain comme Oubel, Bamako vise l’esprit, autant que le corps du monstre jihadiste.

Derrière les chiffres – 41 terroristes tués à Tessit le 4 juin, 25 civils assassinés par l’EIGS en février, une centaine de redditions depuis janvier – se profile une autre réalité : la transformation silencieuse mais méthodique de l’armée malienne en une force souveraine, affranchie des injonctions internationales et décidée à mener sa propre guerre selon ses règles.

Vers une souveraineté consolidée

À Bamako, on n’emploie plus le langage feutré des chancelleries occidentales. Le choix de partenaires comme la Russie – assumé, stratégique – répond à un impératif de résultats. Et sur ce point, difficile de contester les faits. Là où d’autres échouaient à sécuriser durablement le terrain, les FAMa reprennent l’initiative.

L’armée malienne, redéployée, réarmée et redynamisée, affiche aujourd’hui un moral offensif et une capacité d’intervention accrue. Sous le leadership du président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta, le pays est engagé dans une véritable guerre de libération nationale contre l’extrémisme importé. Une guerre de reconquête de son territoire, mais aussi de son récit.

Et ce récit, désormais, n’est plus celui du Mali sous tutelle, mais bien celui d’un État qui se tient debout, qui frappe ses ennemis, qui protège ses populations et qui entend redevenir maître de son destin.

Chiencoro Diarra 


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