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Mali : l’éducation, ce grand corps malade

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La crise scolaire au Mali est loin d’être résolue. Après un temps d’accalmie, survenu juste après le temps mort dû à la pandémie de coronavirus, la crise est en passe de reprendre de plus belle.

C’est lorsque nous pensons résoudre un problème que nous voyons un autre pointé son nez et dans la plupart des cas, celui-ci ne viendra que de la solution proposée au précédent. En effet, dans le secteur éducatif au Mali, le temps n’est point à des acclamations de reconnaissance pour la résolution d’une quelconque crise. Non, la crise scolaire n’est point résolue. Les autorités maliennes auraient juste agi pour calmer la vague de pression qui pesait contre elles.

Difficile mise en œuvre du procès-verbal

Lors de sa rencontre avec la société civile, en juin 2020, le président de la République a instruit à son Premier ministre nouvellement reconduit, Dr Boubou Cissé, d’appliquer l’article 39 du statut des enseignants. Un article qui était l’objet de toute la paralysie de l’école malienne depuis décembre 2019. La mise en œuvre du procès-verbal de conciliation, signé le 17 juin 2020, qui devrait en principe commencé dès le mois d’août, accuse un retard qui inquiète le corps des enseignants. Les syndicats ont déjà envoyé une lettre d’avertissement au Premier ministre, le 5 août. Si ce procès-verbal n’est pas mis en œuvre, il sera hors de question que les examens se fassent et même l’année scolaire 2020-2021 risque d’être grandement secouée.

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Lors d’une émission radiophonique sur Renouveau, le vendredi 14 août 2020, Adama Fomba, porte-parole des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, a d’ailleurs fait comprendre que les enseignants procéderont à un arrêt des activités pédagogiques à partir du lundi 17 août 2020. D’après nos informations, ce changement brusque dans la situation serait dû au constat d’une mauvaise volonté du gouvernement malien à mettre intégralement en œuvre le procès-verbal de conciliation. Le gouvernement aurait voulu apporter des changements dans ce procès-verbal déjà signé. Cela sans le consentement des syndicats enseignants.

Retard dans le paiement des arriérés

La section Sikasso, dans la 3e région du Mali, des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 a également saisi le gouverneur de la région, le 13 août 2020, pour lui notifier un problème spécifique à la région. Il s’agit « du retard accusé dans la prise en charge des arriérés de hiérarchisation, d’avancement, de changement de catégorie, de décisions de hiérarchisation, de la prise en charge des allocations familiales et de la restitution des précomptes chez les directeurs d’écoles ». Les syndicats donnent alors un délai de 15 jours, après la réception de leur correspondance, pour la prise en compte de leurs doléances. Sans quoi, ils sont prêts à arrêter toutes les activités pédagogiques et pires à boycotter les examens de fin d’année qui doivent démarrer à partir de septembre 2020.

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Dans cette situation des enseignants de Sikasso, on se demanderait pourquoi le problème est spécifique à cette seule région ? Pourquoi ce problème n’est-il pas constaté qu’au temps du nouveau directeur du budget, comme le signale le syndicat dans sa lettre ? Il y aurait là une situation peu ordinaire à expliciter. Toutefois, si la décision des syndicats au niveau national est maintenue, la section de Sikasso arrêtera les activités pédagogiques plus tôt que prévu.

Accompagnement pour les allocations

De son côté, le Bureau de la coordination de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) des Instituts de formation de maîtres du Mali (IFM) s’apprête également à déclencher une grève de 120 h à partir du lundi 17 août 2020. Une grève renouvelable si les doléances ne sont pas satisfaites, précise le syndicat estudiantin dans sa correspondance adressée au directeur national de l’enseignement normal. Les élèves-maîtres, comme on les appelle couramment, demandent des mesures d’accompagnement pour les allocations alimentaires et de logement en raison de la prolongation de l’année scolaire jusqu’au mois de septembre. Ce en raison non seulement de la grève des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, mais aussi de la crise sanitaire du coronavirus. Une crise qui avait occasionné la fermeture des classes.

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Pour le problème des élèves-maîtres, la situation est quasi-surprenante. Les bourses sont payées pour les allocations alimentaires et de logements. Or, nous savons qu’en raison du coronavirus, tous les élèves ont été invités à vider les campus, donc à se rendre en famille. Malgré l’arrêt des activités pédagogiques, si les autorités ont continué à payer les bourses la même année vient à se prolonger, il serait paradoxal de demander des accompagnements. Sinon, pourquoi ces élèves n’ont-ils pas refusé d’empocher les bourses qu’ils ont reçues parce qu’il n’y avait d’activités pédagogiques ? D’autre part, il faudrait accuser les autorités politiques. C’était à elles de suspendre les bourses pendant la durée de l’arrêt des cours en les réservant pour cette période. Cela allait éviter cette crise après la crise. Cela pouvait fonctionner, puisque durant le temps d’arrêt des cours, ces élèves n’avaient aucun pouvoir de pression.

Le régime IBK au bout du souffle

En toute évidence, il faudrait s’attendre à tout moment à tomber dans une nouvelle crise scolaire de grande envergure. Une crise qui pourrait menacer non seulement la rentrée scolaire 2020-2021, mais au préalable les examens de cette année. Acculé de tous les côtés, le régime actuel ne pourrait plus résoudre tous ces problèmes à temps voulu. Surtout que dans le gouvernement restreint mis en place, il n’y a pas de ministre de l’Éducation. C’est pourquoi il faudrait se demander si ce n’est pas là un fait volontaire. Car comment faire fi d’un ministre de l’Éducation dans un pays qui traverse une crise scolaire séculaire ?

Fousseni Togola


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