En vue d’accompagner les personnes en situation de handicap au Mali, le Centre père Bernard Verspieren a ouvert ses portes à Bamako depuis quelques années. L’objectif de ce Centre est non seulement la prise en charge des personnes souffrant de handicap, mais aussi la sensibilisation des Maliens sur la question du handicap.
Des adultes aussi bien que des enfants en exercice de rééducation, des patients marchant à l’aide de béquille, des parents accompagnant à leur dos des enfants souffrant d’infirmités ou d’autres troubles de santé, voilà l’atmosphère qui anime, du lundi au vendredi, le Centre Père Bernard Verspieren, sis à Baco-Djicoroni.
Basé à Bamako, dans la capitale malienne depuis 2006, ce Centre permet à des milliers de personnes en situation de handicap d’avoir accès à des soins de qualité ainsi que de sensibiliser la population malienne sur la question du handicap.
De l’appareillage à la réadaptation
De la Kinésithérapie à l’orthophonie, en passant également par l’ergothérapie, etc., ce centre fournit aux personnes en situation de handicap au Mali plusieurs offres de réadaptation afin de leur redonner espoir dans la vie. Tel est le cas pour ce jeune homme, Siramakan Konté, amputé d’un pied. Juste à son troisième exercice de marche avec la prothèse, son rééducateur est très content de lui : « Sa marche est déjà correcte ! », s’esclaffe-t-il.
Le rêve de Siramakan est de se tenir à nouveau sur ces deux pieds et poursuivre son idéal, l’aventure, comme la quasi-totalité des jeunes de son âge. « Je ne peux que remercier le Centre Père Bernard Verspieren qui me prend en charge gratuitement ».
Cet exercice avec la prothèse est le résultat d’un véritable travail de titan abattu par l’équipe médicale du Centre. Un travail qui va de la consultation du patient à la confection de la prothèse en passant par les circuits administratifs. Selon des critères bien définis, le CICR, qui est un partenaire inestimable du centre, peut sélectionner des patients dont il prendra en charge les frais de prothèse, explique Ibrahim Traoré, orthoprothésiste qui nous explique toute la procédure à suivre pour obtenir des prothèses adaptées aux demandeurs. C’est un long circuit, certes, mais qui est parcouru en moins de temps, en raison de l’engagement et de l’esprit d’équipe qui anime le personnel.
Ali Traoré, directeur d’exploitation de ce centre, depuis quatre (4) ans, explique : « Nous prenons en charge quotidiennement en moyenne une vingtaine d’adultes ainsi qu’une quarantaine d’enfants en situation de handicap pour des séances de rééducation en kinésithérapie, d’ergothérapie ou bien d’orthophonie ».
Au niveau de la salle de rééducation pour enfants, c’est à la fois la joie et la tristesse qui se lit sur le visage des mamans désespérées qui accompagnent leur enfant. Monique, que nous avons rencontrée dans cette salle, accompagne son enfant qui souffre de la trisomie 21. « Cela fait juste trois semaines que je fréquente ce Centre. Mais j’avoue que le personnel fait un excellent travail », a-t-elle avoué tout en se réjouissant de l’amélioration progressive de l’état de santé de son jeune garçon. Quant au coût de la prise en charge, elle l’estime « très abordable ».
Au secours des victimes de mines
Le centre Père Bernard Verspieren, c’est aussi la prise en charge psychologique des patients. Selon Salif Timbiné qui joue le rôle de psychologue dans ce centre, il est important de soumettre au préalable les patients à un entretien psychologique afin de les mettre en confiance. Car il arrive qu’après « une amputation, des patients désirent plutôt mourir que vivre », a-t-il laissé entendre.
Selon les précisions du thérapeute, des séances d’entretiens et de formations sont fréquemment organisées avec les mères sur les causes du handicap ainsi que sa prise en charge. Des séances nécessaires pour lutter contre les préjugés qui entourent généralement ces enfants victimes de handicap dans la société malienne, a-t-il indiqué.
Le Centre Père Bernard Verspieren intervient également auprès des populations des zones de conflits, victimes le plus souvent d’attaques d’hommes armés. Grâce à son partenariat avec la Fondation de France, qui lui finance un projet d’appareillage des victimes de mines au Mali, cet établissement soulage la douleur de ces civils et militaires.
Confrontés à des difficultés
Le Centre Père Bernard Verspieren doit ses interventions auprès des personnes souffrant de handicap au Mali grâce aux nombreux partenaires, dont il a su gagner la confiance à travers son engagement pour la cause des personnes en situation de handicap.
Il est en partenariat avec le Comité Internationale de la Croix-Rouge (CICR) qui l’aide à financer la section d’appareillage orthopédique. Une section qui permet au centre de non seulement proposer des prothèses aux personnes amputées au Mali, mais également de fabriquer des orthèses pour les enfants en nécessitant. En moyenne, ce centre fabrique 20 appareillages par mois.
En dehors de tous ces partenariats, notons que ce centre collabore également avec la Principauté de Monaco. Mais ce partenariat, déplore le directeur, « arrive malheureusement à son terme à la fin de l’année 2021 ». Pourtant, c’est grâce à ce partenariat que le centre réalise le suivi à domicile de plusieurs enfants. La fin de ce partenariat sera un coup dur pour le centre qui risque de le mettre en danger, si jamais d’autres partenaires ne prennent le relais.
À toutes ces difficultés s’ajoute le manque d’accompagnement des autorités politiques maliennes. Un aspect qui « limite grandement » l’offre de soins du Centre Père Bernard Verspieren. Pourtant, plusieurs démarches ont été menées auprès de ces autorités, depuis des années. Néanmoins, le Centre n’entend point baisser les bras et projette d’autres démarches auprès d’elles.
Le handicap étant toujours incompris au Mali, parce que source de nombreuses stigmatisations et d’exclusion, il est alors important de soutenir ces genres d’association, qui ont pour vocation d’essuyer les larmes des « sans-voix », des « laisser-pour-compte ».
Centre pluridisciplinaire, tournée vers la prise en charge globale du handicap au Mali, le Centre père Bernard Verspieren est à but non lucratif. Il est administré par une association de droit malien nommé P.R.O.P.H.E.T.E (Programme de Réadaptation et d’Orientation des Personnes handicapées d’Encadrement thérapeutique élargi).
Pour contacter le centre : 65 76 65 07 / cpbvbko@gmail.com
Pour plus de renseignements : https://www.facebook.com/CPBVBamako
Fousseni Togola
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