L’histoire retiendra que le M5-RFP, jadis fer de lance d’une contestation populaire héroïque, s’est effondré sous le poids de ses propres contradictions. L’épisode final de cette déchéance, marqué par la mise à l’écart de son chef de file, Choguel Kokalla Maïga, n’a rien d’un accident. Il s’agit plutôt de l’issue logique d’un processus où la lutte pour la souveraineté et la refondation du Mali a été détournée au profit d’ambitions personnelles et de calculs politiciens.
Né des mobilisations populaires de 2020 contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta, le M5-RFP incarnait initialement l’espoir d’un renouveau politique. Mais très vite, la trajectoire a dévié. En mai 2021, sous couvert d’un « pacte d’honneur » entre civils et militaires, le mouvement a accepté un compromis qui scellait son avenir. Au lieu de s’imposer en contre-pouvoir vigilant, il est devenu un rouage du système qu’il prétendait combattre.
Choguel Maïga, nommé Premier ministre par le président de la transition, le général d’armée Assimi Goïta, a cru pouvoir incarner la transition tout en servant ses propres intérêts. Mais la politique est un jeu cruel où les alliances se font et se défont au gré des rapports de force. Et lorsque les militaires l’ont trouvé trop encombrant, ils l’ont remercié tout bonnement.
Choguel Maïga, d’icône révolutionnaire à vestige du passé
Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. Choguel Maïga avait une mission : traduire les aspirations populaires en actes concrets. Il a choisi la trahison.
Durant trois ans à la Primature, il s’est montré plus préoccupé par la consolidation de son pouvoir que par la mise en œuvre des réformes nécessaires. Le M5-RFP, au lieu de s’ériger en garde-fou démocratique, s’est mué en caisse de résonance des décisions du régime. Pire, les luttes intestines, les démissions et les scissions successives ont révélé une organisation gangrenée par l’opportunisme et l’improvisation.
Le limogeage de Choguel Maïga, en novembre 2024, marque la fin d’une illusion. L’homme qui se voulait l’incarnation du Malikura est devenu un simple pion balayé par des forces plus puissantes que lui.
Le M5-RFP, un outil sacrifié sur l’autel du pouvoir
Le M5-RFP, déjà moribond depuis 2022, a fini par imploser sous l’effet des tensions internes et des manipulations extérieures. Le Mali n’a pas besoin d’une organisation devenue un foyer de contestation embarrassant à l’heure où il se bat pour sa souveraineté et contre des manipulations extérieures.
Les partisans du M5-RFP ont dénoncé des « manœuvres » et une « rupture du pacte du 24 mai 2021 ». Mais à qui la faute ? Les leaders du mouvement ont eux-mêmes creusé leur tombe en faisant confiance à un homme politique qui ne pense qu’a lui-même et qui croyait dur comme fer que son heure pour se remplir les porches étaient arrivée.
Le départ de Choguel Maïga et l’effondrement du M5-RFP ouvrent une nouvelle phase pour le Mali. Le M5-RFP a échoué. À qui le tour ?
A.D
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