Des mobilisations massives à travers le Mali témoignent d’un soutien accru au Président Assimi Goïta, tout en amplifiant les appels au limogeage du Premier ministre Choguel Maïga, après son discours controversé devant le M5-RFP.
Le Mali, pays aux multiples défis, voit aujourd’hui son paysage politique secoué par une vague de mobilisations populaires, cristallisant les soutiens et les oppositions au sein de la Transition. À l’épicentre de cette effervescence, le discours prononcé le 16 novembre dernier par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga devant les membres du M5-RFP a mis en lumière des fractures politiques profondes. Cette déclaration a provoqué une réaction en chaîne, notamment des mobilisations massives dans les régions du pays en faveur du Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, tout en appelant au limogeage du Premier ministre.
Un pays en ébullition : les soutiens massifs à Assimi Goïta
Le 19 novembre 2024, des manifestations ont éclaté dans plusieurs régions du Mali, portées par les forces vives de la nation, des communautés locales, et des organisations de jeunesse. Ces démonstrations ont réaffirmé un soutien sans faille au Président de la Transition, le général d’armée Assimi Goïta. La communauté Idaksahak, notamment, a marqué son appui lors d’un meeting organisé au CICB à Bamako. Par cette mobilisation, elle a exprimé son attachement aux valeurs d’unité nationale, de souveraineté et de concorde.
À Ménaka, au cœur d’une région fragilisée par les tensions sécuritaires, des rassemblements ont illustré la solidarité des populations locales envers les autorités de la Transition. Cette ferveur a également gagné Kayes, où une grande marche, orchestrée par le Conseil Régional de la Jeunesse et la Société Civile, a réclamé ouvertement le départ de Choguel Maïga. C’était pareil à San ainsi que dans les autres régions du pays. Ces manifestations traduisent une aspiration populaire à la stabilité et une reconnaissance des efforts entrepris par Assimi Goïta pour restaurer la paix.
Choguel sous le feu des critiques : un discours controversé
Le meeting de Choguel Kokalla Maïga au CICB, le 16 novembre dernier, qui se voulait un exercice de clarification politique, a déclenché une véritable tempête. Les propos du Premier ministre, des critiques ouvertes à l’encontre de certaines décisions de la Transition, ont ravivé les tensions au sein de la classe politique et suscité une indignation populaire. Pour beaucoup, ses déclarations ont été perçues comme un acte de défiance envers le Président de la Transition et les autorités militaires, accentuant les appels à son départ.
Cette situation met en exergue les fragilités d’une cohabitation politique déjà complexe. Choguel Maïga, figure emblématique du M5-RFP, semble de plus en plus isolé dans un contexte où la loyauté envers le chef de l’État devient un critère central pour conserver sa place dans l’appareil gouvernemental.
Une Transition sous pression : les défis d’unité
Les manifestations du 19 novembre, bien qu’elles témoignent d’un soutien populaire massif pour Assimi Goïta, révèlent également les fractures politiques au sein de la Transition. Le Mali est à un carrefour crucial où chaque faux pas peut exacerber les tensions internes. La déclaration de Choguel, au lieu d’apaiser, a mis en lumière une réalité politique complexe : l’équilibre fragile entre le pouvoir civil et les aspirations des autorités militaires.
Assimi Goïta, en véritable stratège, a jusqu’à présent cultivé une image de leader soucieux de la justice et de la souveraineté nationale. Les mobilisations en son honneur confirment qu’une partie significative de la population voit en lui l’homme providentiel capable de remettre le Mali sur les rails. Cependant, la contestation croissante envers le Premier ministre pose une question fondamentale : la Transition peut-elle réussir avec des dissensions aussi marquées à son sommet ?
Le poids de l’histoire : une date symbolique
Le choix du 19 novembre comme jour de mobilisation n’est pas anodin. Cette date résonne douloureusement dans l’histoire politique du Mali. Elle rappelle l’entrée des militaires sur la scène politique en 1968 avec le coup d’État du Lieutenant Moussa Traoré, marquant le début d’une longue période de dictature militaire. Pour les Maliens, elle évoque également la disparition tragique de Modibo Keïta, père de l’indépendance, et les épreuves qui ont suivi : crises économiques, retard des salaires, effondrement des institutions.
Aujourd’hui, ce souvenir agit comme un avertissement. Les Maliens, bien que largement soutenant le Président de la Transition, redoutent une répétition des erreurs du passé. Les autorités actuelles doivent donc naviguer prudemment pour éviter que les tensions politiques ne compromettent les avancées réalisées depuis 2021.
L’héritage d’un discours et les attentes populaires
Dans ce contexte, le rôle de Choguel Maïga devient de plus en plus délicat. Ses opposants le décrivent comme un obstacle à l’unité et à l’efficacité de la Transition. Pourtant, son parcours au sein du M5-RFP et sa contribution à la chute de l’ancien régime ne peuvent être ignorés. L’enjeu pour Choguel est de réconcilier ses positions avec la dynamique actuelle, dominée par le pragmatisme et la quête de stabilité incarnée par Assimi Goïta.
Les mobilisations de soutien au Président Goïta sont un signal clair : le peuple malien attend des résultats concrets, non des querelles intestines. La lutte contre l’insécurité, le renforcement de la souveraineté nationale et la justice sociale demeurent des priorités incontournables. Chaque acteur politique, y compris le Premier ministre, est appelé à s’aligner sur ces objectifs ou à céder la place.
Une Transition à la croisée des chemins
Les prochains jours seront décisifs pour l’avenir de la Transition. La pression populaire en faveur d’Assimi Goïta et les appels au limogeage de Choguel Maïga mettent en lumière une réalité : le Mali est à la croisée des chemins. La réussite de cette période transitoire dépendra de la capacité des dirigeants à dépasser les querelles personnelles et à travailler collectivement pour répondre aux aspirations du peuple.
Le Général Assimi Goïta, avec son image d’homme de justice et de rigueur, devra continuer à incarner l’espoir d’un Mali nouveau, tout en veillant à maintenir l’unité au sein de son équipe gouvernementale. Quant à Choguel Maïga, il doit réfléchir à son rôle dans cette dynamique. S’il persiste dans une posture conflictuelle, il risque non seulement de perdre sa place, mais aussi de ternir son héritage politique.
Le Mali, riche de son histoire et de la résilience de son peuple, a encore une chance unique de se relever. Mais pour cela, la Transition doit être portée par une équipe soudée et déterminée à servir l’intérêt général. Les mobilisations du 19 novembre rappellent que le peuple malien observe et exige des résultats. Il appartient maintenant aux dirigeants de répondre à cet appel avec responsabilité et vision.
Oumarou Fomba
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