Dans un rapport publié en ce début d’année 2023, le Reporter sans Frontière dévoile le chiffre macabre des journalistes tués dans l’exercice de leur métier d’informer, courant ces deux dernières décennies (2003-2022).
1668 journalistes tués en 20 ans, soit 80 par an en moyenne, c’est le chiffre dévoilé par le Reporter sans Frontière dans son bilan des journalistes décédés au cours de ces deux dernières décennies. 20 ans singulièrement meurtriers pour ces hommes et femmes au service du droit d’informer.
Liquidation, meurtre, guet-apens, décès en zone de combats, blessure mortelle, d’après le RSF, bon nombre de journalistes ont subi ces atrocités au cours de ces deux dernières décennies. Avec un total de 1787 journalistes tués le RSF indique que l’année 2000 détient le triste record de chiffres de journalistes succombé au cours de l’exercice de leur métier.
« Derrière les chiffres, il y’a les visages, la personnalité, le talent et l’engagement de celles et ceux qui ont payé de leur vie, leur collecte d’information, leur recherche de la vérité et leur passion du journalisme », a déclaré M. Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
2012 et 2013, 2022 les années record de ces dernières décennies
Les années 2012 et 2013 ont été bouleversées par des chiffres records jamais atteints pendant la dernière décennie, notamment avec un chiffre accablant de 144 et 142 homicides de journalistes. Ce qui était lié particulièrement au conflit syrien. Une accalmie a progressivement suivi ces années endeuillées, jusqu’en 2019 où le chiffre le plus bas fut atteint.
D’après le bilan annuel de RSF, la défunte année 2022, a été la période la plus meurtrière de ces 4 dernières années, avec 57 journalistes tués.
Les endroits risqués et dangereux
Selon le bilan de ces deux dernières décennies, 80 % des victimes se répartissent dans 15 pays. 578 tués au total en 20 ans, l’Irak et la Syrie sont les pays où l’on énumère le nombre le plus élevé. Ils concentrent à eux seuls plus d’un tiers des reporters tués, devant l’Afghanistan, le Yémen et la Palestine. La Somalie pour l’Afrique.
La Russie détient le record macabre en Europe, avec le plus grand nombre des journalistes tués pendant ces 20 dernières années, d’après le RSF dans son bilan annuel. Le rapport précise que depuis l’accession de Vladimir Poutine au pouvoir, « les atteintes y compris mortelles à la liberté de la presse y ont été systématiques ». Ce qui peut être illustré par la liquidation emblématique d’Anna Politkovskaïa, le 07 octobre 2006.
La guerre en Ukraine se positionne en deuxième place de cette liste macabre européenne. D’après RSF, 8 journalistes ont été tués depuis l’invasion russe en Ukraine. La France n’est pas mise en marge de cette liste. Elle occupe le quatrième du rang, lié à la tuerie de Charlie Hebdo à Paris en 2015.
Zone de Guerre et zone de paix
La dernière décennie a été marquée par des conflits armés où les journalistes ont couru les plus grands dangers dans les zones où les armements lourds retentissaient. Sur 686 homicides commis en 2014, 335 sont effectués dans les zones de combats ( Syrie, Afghanistan, Yémen…) avec des années notamment meurtrières : 94 tués en 2012 ; 92 en 2013 ; 64 en 2014 ; 52 en 2015 ; et 53 en 2016.
Une statistique qui baisse en 2019, toujours selon le rapport annuel de RSF. La mortalité dans les zones de combat s’est stabilisée en dessous de 20 victimes par an. En outre, en raison de la baisse des conflits et des initiatives préventives des rédactions mise en œuvre.
« En deux décennies, il y’a plus de journalistes tués en zones de paix qu’en zones de guerre », selon le RSF.
Avec un chiffre de 47,4 au sommet de palmarès en 2022, le continent américain est actuellement l’endroit le plus dangereux pour les journalistes. Ce qui justifie la mise en place d’une politique de protection spécifique. Quatre pays de ce continent font partie des 15 pays les plus dangereux, notamment, le Mexique, le Brésil, la Colombie et le Honduras. Les Philippines sont en tête de liste des pays asiatiques, avec 100 journalistes tués depuis début 2003, suivies par le Pakistan avec 93 et 58 en Inde.
Les Femmes Reporters
Si le plus grand nombre des journalistes tombés dans l’exercice de leur fonction sont des hommes, il ressort de cela que leurs consœurs ne sont pas épargnées par cette épidémie. Depuis 20 ans, selon RSF, 81 femmes journalistes ont été tuées, soit 4,86 % des homicides de journalistes.
Depuis 2012, 52 ont été tuées, singulièrement après des enquêtes sur le droit des femmes. En 2017, 10 victimes féminines ont été enregistrées, contre 64 hommes tués. Un pourcentage record de 13,5 % de la mortalité totale.
Notons que dans son bilan annuel des exactions contre les journalistes dans le monde, le Reporter sans frontières (RSF) enregistre en 2022 un record de « 533 journalistes en détention. Le nombre de journalistes tués dans le monde, 57, repart à la hausse. En outre, 65 journalistes sont otages et 49 portés disparus ».
Mohamed Camara
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