Le 25 juin 2024, le ministre des Mines, Amadou Kéïta, a annoncé la suspension des activités d’orpaillage sur toute l’étendue de la République du Mali, conformément à l’Arrêté Interministériel n°1907/MM-MATD-MSPC-MEADD du 1er juillet 2015.
Cette mesure, en vigueur du 15 juin au 30 septembre 2024, s’inscrit dans un effort de régulation et de sécurisation des sites d’orpaillage, souvent sources de tragédies insupportables.
Vivre dignement et offrir un avenir meilleur
Mais derrière cette décision nécessaire se cache une réalité bien plus sombre et complexe. Plus de 20 orpailleurs ont trouvé la mort récemment, et plusieurs autres sont portés disparus suite à l’effondrement d’un site d’orpaillage à Kalako, dans le cercle de Yanfolila, région de Bougouni. Ce drame, survenu le 8 juin, n’est malheureusement pas un cas isolé. En janvier dernier, un autre effondrement à Kobadani avait déjà coûté la vie à 70 personnes. Ces chiffres terrifiants révèlent la fragilité extrême des conditions de travail dans les mines artisanales d’or du Mali.
Ces jeunes, parfois à peine sortis de l’adolescence, se lancent tête baissée dans ces gouffres d’insécurité, armés uniquement de leur détermination et de leur espoir. Pourquoi prennent-ils de tels risques ? Parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Dans un pays où la pauvreté et le chômage sévissent, l’orpaillage artisanal est souvent la seule solution pour subvenir aux besoins de leurs familles. Les autorités locales, les organisations de la presse et les exploitants des localités concernées sont donc exhortés à respecter strictement cette suspension. Mais comment réagiront-ils face à cette interdiction, sachant que pour beaucoup, c’est une question de survie ?
Chaque drame dans ces mines artisanales est une claque à notre humanité, un rappel brutal de l’injustice sociale qui gangrène notre société. Ce ne sont pas seulement des vies que nous perdons à chaque effondrement, ce sont des rêves, des espoirs, des futurs qui s’éteignent sous des tonnes de terre. Les orpailleurs ne cherchent pas seulement de l’or, ils cherchent à vivre dignement, à offrir un avenir meilleur à leurs proches.
Sacrifier ses enfants sur l’autel de la survie
Les autorités maliennes peinent à trouver des solutions durables pour réguler et sécuriser ces sites. Les investissements étrangers dans les mines industrielles ne profitent pas aux sites artisanaux, où les conditions de travail frisent souvent l’esclavage moderne. Faranida, Kalako, Kobadani… ces noms résonnent comme des cris de détresse, des appels à une prise de conscience urgente.
Il est impératif que nous, en tant que société, prenions au sérieux ces tragédies récurrentes. Les autorités doivent mettre en place des mesures de protection et de soutien aux orpailleurs artisanaux, transformer cette quête désespérée en une activité sécurisée et respectueuse des droits humains. La vie de ces jeunes vaut bien plus que quelques grammes d’or.
Cette suspension des activités d’orpaillage, bien que nécessaire, doit être accompagnée de mesures concrètes et efficaces pour offrir des alternatives viables à ces jeunes. Nous devons transformer cette période de suspension en un temps de réflexion et d’action, pour qu’à la reprise des activités, nous soyons mieux préparés à protéger nos orpailleurs. Le Mali ne peut plus se permettre de sacrifier ses enfants sur l’autel de la survie.
Oumarou Fomba
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