Les effets du changement climatique pesant lourd, l’insécurité alimentaire finit par s’installer. Tous les vices se développent par la population afin de subvenir à ses besoins.
Depuis deux ans, les récoltes ne donnent plus à Yélémabougou à cause de l’instabilité des précipitations. Les effets du changement climatique font rage dans ce pays. Cet Etat étant agro-sylvo-pastoral, la population et surtout la paysannerie, qui est la population majoritaire, ne compte que sur ses bras et ses animaux pour se nourrir et faire nourrir tout le reste du pays. Mais durant ces dernières années, la sécheresse emporte aussi les animaux. Leur croissance s’est ralentie à cause de la famine. Ils mettent bas prématurément. Le nomadisme devient une obligation pour tous les grands éleveurs qui se voient dans l’obligation de se déplacer de leur pays à d’autres contrées où le climat est plus favorable. L’insécurité alimentaire a fait de Yélémabougou un État de débauche, où toutes les formes de vices prennent place.
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L’insécurité alimentaire fait du ravage
L’insécurité alimentaire s’installe dans le pays pour attirer les attentions sur l’évidence du changement climatique. Dans les foyers, plus de tranquillité parce qu’il n’y a plus à manger, et même s’il y en a à manger, c’est insuffisant. Du coup, les couples se divisent à cause de l’infidélité. Les enfants prennent le chemin de l’aventure. Nombreux sont ceux d’entre eux qui meurent dans le Sahara ou deviennent des proies aux requins dans la Méditerranée. Les villages se dépeuplent alors que les villes se remplissent. La délinquance devient le sort des jeunes de Yélémabougou. Plus de respect dans les familles. Les enfants ne respectent plus les parents, les couples ne se respectent plus.
Tous deviennent des loups les uns pour les autres
Les vieilles personnes sont délaissées à elles-mêmes. Yélémabougou adopte, sans le savoir, le système de famille nucléaire. Les frères sanguins ne soufflent plus dans la même trompette. Ils s’entre-tuent. Aucun jour ne se passe dans ce pays sans que vous appreniez le conflit entre des membres d’une même famille qui s’entre-tuent par coup de machettes. Plus aucun enfant ne se soucie du sort des parents. Chacun pour soi, Dieu pour le diable. La fidélité entre les couples devient un idéal.
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L’adultère devient une réalité commune à Yélémabougou engendrant comme conséquence, des divorces incessants, de la naissance d’enfants sans père connu. Cette situation finit par provoquer des scissions au sein des familles et des communautés. Des conflits intercommunautaires deviennent plus nombreux. L’insécurité s’installe sur tout le territoire. Les tueries se multiplient, les viols de jeunes filles, la prostitution des mineures deviennent le commun de cette population.
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À Yélémabougou, on ne parle plus de droits des enfants, de droits des femmes voire de droits de l’homme. Tout ce qui règne dans cet État, c’est la loi du plus fort. Le règne d’un « état de nature », jamais révolu, est le sort de cette société.
La vie à Yélémabougou devient dangereuse. Plus de paix, plus de prospérité. Le chômage va crescendo parce que tous les porteurs de projet ont peur d’investir dans ce pays.
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Plus de dignité
C’est un État sans honneur. La corruption est la réalité qui prévaut dans toutes les entreprises publiques. Le vol, le braquage, le trafic des stupéfiants sont érigés en norme. Les citoyens développent toutes formes d’activités illicites afin de subvenir à leurs besoins. La vie de la jeunesse, qui est l’avenir du pays, est mise en danger. Celle-ci se drogue instantanément pour s’oublier et vivre dans un bonheur moutonnier. La Chicha a été bien accueillie à cette occasion. Si les autorités luttent contre la consommation de la drogue en incarcérant des consommateurs, avec la Chicha, la drogue est consommée facilement.
Les jeunes n’hésitent plus à basculer dans le terrorisme donnant ainsi plus de force aux terroristes qui deviennent de plus en plus riches au fur et à mesure que l’État de Yélémabougou s’appauvrit. La liberté de circulation est devenue un idéal pour la population puisque nul n’est plus libre dans ses mouvements. En effet, lorsqu’on veut rester en vie et en bonne santé, il faut adopter certains principes de vie. Yélémabougou, actuellement, n’a rien à envier à un pays de haute insécurité où non seulement les terroristes attaquent les populations, mais où aussi les citoyens s’entre-tuent.
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Une société de violence généralisée
Les effets du changement climatique ne manquent pas à se manifester dans ce pays. N’ayant plus ni à manger ni de travail, aux menaces terroristes s’ajoutent les menaces citoyennes et surtout le braquage à main armée. À une certaine heure de la nuit voire dans certaines zones pendant le jour, impossible de circuler à moto dans ce pays. Ceux qui l’ont tenté sont rarement revenus avec leur engin. Ceux qui ont tenté de se défendre des bandits ont perdu leur vie.
Pire encore est le cas des espaces scolaires et universitaires de Yélémabougou. Ces lieux d’éducation sont transformés en théâtre d’opérations par les élèves ou étudiants. Les querelles intempestives pour l’acquisition de poste ou de richesse transforment ainsi les écoles en une jungle, en un « état de nature » hobbesien où tous les élèves et tous les étudiants ont peur les uns des autres par crainte d’être assassinés d’une façon malsaine. Les élèves se promènent avec des machettes ou des pistolets automatiques (PA) qu’ils utilisent sur leurs camarades de classe ou sur leurs adversaires lors des candidatures d’élection au bureau du comité scolaire ou universitaire.
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Un État en alerte rouge
Le banditisme ayant pris plus d’ampleurs, Yélémabougou se trouve permanemment en alerte, en état d’urgence. Nonobstant cela, les enlèvements se multiplient, les attaques de toute forme se multiplient.
Yélémabougou devient ainsi un des pays les plus insécurisés au monde avec plus d’enfants-soldats, mais cela est dû à l’insécurité alimentaire. Tous ces vices se développent mais personne n’imagine que le changement climatique pouvait être pour quelque chose. Alors, le président de Yélémabougou, Onar, ayant pris conscience de l’ampleur de la situation finit par comprendre qu’il fallait asseoir une sécurité alimentaire pour vivre dans un État de paix. Cela, en appliquant les mesures appropriées pour lutter contre les effets du changement climatique. Mais le problème était plus profond, les citoyens réclamaient désormais un changement de régime. Avant d’être victime d’un coup d’État, Onar prit le soin d’inscrire son nom dans l’histoire de Yélémabougou en prenant la décision sage d’inviter son peuple à la tenue d’élections libres, crédibles, et transparentes. Des élections au cours desquelles, lui-même, n’était pas candidat. La surprise, la confusion et les interrogations prennent le train.
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