La gouvernance d’Assimi Goïta, entre rigueur réformatrice, affirmation de la souveraineté nationale et exigence de sacrifices partagés, redéfinit les équilibres du Mali.
Il est de ces drames qui, au-delà de leur lot de victimes et de souffrances, agissent comme un révélateur. La tragédie survenue sur les sites d’orpaillage de Kokoyo et de Bilalikoto, faisant plusieurs dizaines de morts et de blessés dans l’écroulement des mines artisanales, en fait partie. À peine informé, le Général d’Armée Assimi Goïta a tranché, avec la brutalité froide des décisions d’État. En un décret, il a mis un terme aux fonctions des responsables administratifs impliqués : préfets, sous-préfets, officiers de police, gendarmes, gardes forestiers, agents des mines et de l’assainissement. Une purge nette et sans bavure.
À Bamako, certains s’étonnent, d’autres applaudissent. Mais personne ne peut nier l’évidence. Sous Goïta, l’impunité n’a plus droit de cité. Ce n’est pas une simple réaction d’indignation ou un écran de fumée politique, mais un acte de gouvernement qui s’inscrit dans une vision plus large. Le Mali, sous sa houlette, ne tolère plus que les intérêts privés — et parfois criminels — priment sur la sécurité des citoyens et sur la souveraineté de l’État.
Le président de la transition a été clair. L’exploitation minière doit être revue en profondeur. Il a ordonné la suspension des permis octroyés aux étrangers, la récupération des équipements impliqués dans l’orpaillage clandestin et leur affectation au patrimoine de l’État. Mieux encore, il a exigé la relecture des textes juridiques pour en finir avec la complaisance institutionnelle et la transaction dans le domaine environnemental. En clair, il s’agit de reprendre la main sur un secteur gangrené par le laisser-faire et les complicités locales.
Le paradoxe malien, c’est de vouloir la souveraineté sans en payer le prix
Ceux qui pensent qu’Assimi Goïta ne se soucie pas des Maliens devraient revoir leurs arguments. Faut-il rappeler que, depuis son arrivée au pouvoir, cet officier austère a modernisé l’outil de défense, doté l’armée d’équipements de dernière génération, engagé d’ambitieuses réformes sociales et sanitaires, restauré les infrastructures sportives et, sur ses fonds propres, fourni groupes électrogènes et carburant à EDM-SA ? Faut-il rappeler qu’il a relancé la COMATEX, sauvé l’Usine malienne des Produits pharmaceutiques (UMPP) et empêché la vente de l’aéroport de Bamako ?
Mais, comme toujours, le Malien a la mémoire courte. Il veut le beurre et l’argent du beurre, l’œuf et le poussin en même temps. En 2020, lorsque le régime d’Ibrahim Boubacar Keïta s’effondrait, les revendications populaires étaient claires : départ de la France, fin de la MINUSMA, récupération de Kidal, liquidation des vautours politiques et sortie de la CEDEAO. Aujourd’hui, tout cela est accompli. Mais, paradoxalement, une partie du peuple hésite encore, ballotée entre sa soif de souveraineté et sa peur de l’inconnu.
Ce doute, il est savamment entretenu par ceux que la transition a mis en déroute : exilés sans patrie, politiciens déclassés, experts de plateaux télé financés par l’étranger. Tous rêvent d’un Mali à genoux, d’un retour à l’ère des compromissions où les intérêts de puissances extérieures dictaient la marche du pays. Ils distillent la peur, manipulent l’opinion et espèrent que le peuple malien se détournera de son propre destin.
Le prix de la souveraineté, un sacrifice nécessaire
Assimi Goïta l’a dit et répété : le retour en arrière est impossible. Mais la souveraineté a un prix, et ce prix, c’est le sacrifice. Faire contribuer les citoyens par de nouvelles taxes n’a rien d’un caprice budgétaire. C’est une nécessité pour que chaque Malien prenne part à l’édification d’une nation forte et souveraine. Le gouvernement a réduit ses missions à l’étranger, resserré ses dépenses, et pourtant, on crie au scandale dès qu’un effort est demandé au peuple. Le pouvoir a peut-être péché en ne communiquant pas assez sur ces efforts, mais même un aveugle pourrait constater que la gestion actuelle n’a rien de la gabegie d’antan.
Si le peuple malien cède à la manipulation et abandonne le combat, il le regrettera toute sa vie. Car le jour où le Mali replongera dans la dépendance, où il redeviendra un simple pion entre les mains d’acteurs étrangers, il comprendra que ce qu’il a perdu était infiniment plus précieux que ce qu’il croyait gagner.
Goïta le sait : qui veut la paix prépare la guerre. Et qui veut bâtir un Mali libre doit accepter d’en payer le prix. Ceux qui pensent que la souveraineté s’acquiert sans lutte, sans larmes et sans effort n’ont rien compris à l’Histoire.
Chiencoro Diarra
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