Home A la Une Le Pen courtise le Tchad : la France officielle absente, l’extrême droite en embuscade ?

Le Pen courtise le Tchad : la France officielle absente, l’extrême droite en embuscade ?

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Marine Le Pen, en visite au Tchad, tente de repositionner la France dans une Afrique en pleine mutation, entre pragmatisme politique et quête de souveraineté.

N’Djamena, Amdjarass — Mi-mars 2025. Marine Le Pen foule une nouvelle fois le sol tchadien, huit ans après son premier tête-à-tête avec Idriss Déby Itno. Mais cette fois, le patriarche n’est plus. C’est sous la présidence de son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, que la cheffe de file du Rassemblement national (RN) vient mesurer le pouls d’une relation franco-tchadienne en pleine mue. Officiellement, il s’agit de renouer le dialogue avec un partenaire stratégique. Officieusement, la visite sonne comme une opération séduction dans une Afrique sahélienne où l’Hexagone perd du terrain.

Un ballet diplomatique sous haute tension

À N’Djamena, les dorures du palais présidentiel ont beau briller sous le soleil implacable du Sahel, l’atmosphère est lourde. Depuis plusieurs mois, le Tchad se positionne comme l’un des derniers piliers d’une influence française ébranlée. Le départ forcé des troupes françaises du Niger, du Mali et du Burkina Faso a rebattu les cartes. Et si Mahamat Idriss Déby Itno a pris soin de ne pas claquer la porte à Paris, la confiance est érodée.

Pour Marine Le Pen, qui rêve d’un destin élyséen, le Tchad n’est pas qu’un point de passage, c’est un symbole. Celui d’une Afrique qui ne veut plus subir mais choisir ses alliances. Dans ses échanges avec le président tchadien et les hauts responsables du pays, elle martèle sa vision : une coopération d’égal à égal, loin des schémas néocoloniaux.

Le double jeu de N’Djamena

Mais le Tchad, pragmatique, joue sur plusieurs tableaux. Officiellement, N’Djamena reste un allié de la France. Officieusement, il n’ignore pas les sirènes du panafricanisme prôné par la confédération des États du Sahel (AES), ni la montée en puissance des partenaires russes et chinois.

Dans cet échiquier où chaque mouvement est calculé, la visite de Marine Le Pen est scrutée avec autant de curiosité que de scepticisme. Elle incarne une France qui, demain, pourrait radicalement changer de posture vis-à-vis de l’Afrique, moins interventionniste, plus transactionnelle.

Un coup politique ou une réelle ambition africaine ?

Derrière cette visite se cache une autre vérité. Marine Le Pen ne parle pas qu’au Tchad, elle parle à la France. Dans une course à la présidentielle où l’Afrique devient un sujet brûlant, elle veut imposer sa vision d’une diplomatie réaliste, axée sur la souveraineté et le respect mutuel.

Elle sait aussi que le Tchad, toujours en équilibre entre stabilité et incertitude, pourrait être un laboratoire d’une nouvelle politique française en Afrique. Moins d’ingérence, plus de pragmatisme.

Mais l’Afrique de 2025 n’est plus celle des années 2000. L’influence française s’érode face à la montée en puissance d’autres acteurs. Et si Marine Le Pen, en héritière d’une certaine idée de la Françafrique, espère raviver une flamme tricolore vacillante, elle devra composer avec un continent qui ne croit plus aux promesses, mais aux actes.

Un pas vers une nouvelle ère ou un coup politique sans lendemain ? Le Tchad, lui, attend de voir.

A.D


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