Au Niger, la justice a frappé un grand coup en levant l’immunité de Mohamed Bazoum, l’ancien président désormais accusé de « crime de trahison » et détenu dans des conditions dignes d’un scénario de film d’espionnage. Depuis le coup d’État de juillet 2023, Bazoum, accompagné de son épouse Hadiza, mène une vie spartiate dans la résidence présidentielle de Niamey, surveillé de près et coupé du monde extérieur.
La Cour d’État du Niger, une juridiction fraîchement créée par le régime militaire en novembre 2023, a décidé ce vendredi 14 juin d’ouvrir la voie à un possible procès pour l’ex-président renversé. À l’issue de cette audience très attendue, l’avocat Ould Salem Mohamed a déclaré « prendre acte de la décision » tout en annonçant que le collectif des avocats de M. Bazoum allait bientôt s’exprimer publiquement.
Des accusations lourdes et nombreuses
Les accusations contre Bazoum sont lourdes et nombreuses : complot d’attentat à la sécurité et à l’autorité de l’État, crime de trahison, apologie et financement du terrorisme. Rien que ça ! Il lui est notamment reproché d’avoir osé appeler le président français Emmanuel Macron et le secrétaire d’État américain Antony Blinken pour leur demander une intervention armée afin de le réinstaller au pouvoir. Quel culot !
Cette audience de vendredi avait déjà été reportée à deux reprises, car les avocats de Bazoum dénonçaient des entraves au droit de la défense. En décembre, la Cour de justice de la Cédéao avait ordonné sa libération, une demande restée lettre morte. Le Niger, manifestant son mécontentement, a quitté l’organisation ouest-africaine en janvier, après avoir subi et finalement vu lever les sanctions imposées par cette dernière le 24 février.
Au milieu de ce tumulte judiciaire, une question persiste : à quoi peut bien ressembler le quotidien de Bazoum dans son confinement présidentiel ? Imaginez un peu, des repas frugaux, des matelas durs, et sans doute de longues heures à ressasser ses conversations avec Macron et Blinken, ces appels désespérés devenus l’épicentre de ses ennuis actuels.
Quant au régime militaire, il continue de mener la danse, orchestrant les coups de théâtre avec une maestria qui ferait pâlir les meilleurs scénaristes. Pour les Nigériens, ce feuilleton politico-judiciaire est devenu un sujet de conversations passionnées, entre incrédulité et fascination.
Un feuilleton loin d’être terminé
Il faut dire que, dans cette saga, chaque acte est plus surprenant que le précédent. Les observateurs internationaux regardent avec un mélange d’étonnement et de consternation. L’histoire de Mohamed Bazoum pourrait bien devenir le symbole de la complexité et des paradoxes de la politique africaine contemporaine.
En attendant, Bazoum attend son sort, enfermé dans sa résidence transformée en prison dorée. Ses avocats préparent leur défense, espérant que la justice finira par leur donner raison. Mais dans ce pays où les retournements de situation sont monnaie courante, rien n’est jamais certain.
Ce qui est sûr, c’est que le Niger, une fois de plus, nous prouve que la réalité dépasse souvent la fiction. La chute de Bazoum, entre accusations graves et conditions de détention dignes d’un roman d’espionnage, est un rappel brutal des aléas du pouvoir et de la précarité des positions les plus élevées. Qui sait ce que la prochaine audience nous réserve ? En tout cas, une chose est certaine : le feuilleton est loin d’être terminé.
Oumarou Fomba
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