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Barrick Gold : quand le vernis des promesses craque face aux exigences du Mali

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Le Mali hausse le ton face à Barrick Gold, dénonçant les manquements de la multinationale dans l’application des accords miniers. Décidé à reprendre le contrôle de ses ressources et à s’assurer que les retombées profitent enfin à sa population, le gouvernement malien ne cède plus aux promesses creuses. Place à un nouveau cadre de coopération, où la transparence et l’intérêt du peuple passent avant tout.

On commence à avoir l’habitude des communiqués bien ficelés des multinationales minières. Cette fois, c’est Barrick Gold qui sort l’artillerie lourde pour répondre aux accusations du gouvernement malien. En gros, tout va bien, rien à voir ici. Selon eux, les engagements sont respectés, et la relation avec le Mali, vieille de 30 ans, n’a jamais été aussi « mutuellement bénéfique« . La formule est impeccable, bien polie. Mais ce vernis craque. Et cette fois, le Mali ne semble pas prêt à laisser passer.

Huit mois de négociations, des accords signés

Depuis quelque temps, le Mali revoit sa stratégie minière. Il en avait assez de voir ses ressources exploitées sans que les retombées profitent vraiment à sa population. Sous l’impulsion des Assises Nationales de la Refondation, tenues en 2021, le gouvernement a instauré un nouveau Code minier, une loi sur le contenu local, et a lancé un audit du secteur. L’objectif était clair : reprendre le contrôle de ses ressources, s’assurer que les accords profitent aux Maliens avant tout, et revoir les termes avec des entreprises qui ont longtemps profité d’une certaine complaisance.

Barrick Gold, visiblement habitué à des échanges « amicaux » et à des accords qui se signent sans trop de résistance, se retrouve face à un Mali déterminé à faire appliquer ses nouvelles règles. Après huit mois de négociations, des accords ont été signés, et un plan de réajustement a été mis en place. Mais voilà que les mois passent, et que les engagements pris par la multinationale restent lettre morte. Le gouvernement malien, loin de se laisser endormir par des promesses creuses, dénonce les manquements.

Barrick tente de sauver son image  

Le communiqué officiel du gouvernement, signé le 23 octobre dernier, par le ministre des Mines, Amadou Keita, et le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, est sans équivoque. Des manquements graves ont été relevés, touchant la responsabilité sociétale et environnementale, ainsi que la réglementation des changes. Pour un pays qui cherche à renforcer son cadre juridique et à garantir que ses ressources servent enfin ses intérêts, ces infractions ne passent plus. Et le gouvernement est clair : il tirera toutes les conséquences de droit nécessaires.

Mais face à cette détermination malienne, Barrick tente de sauver les apparences. Leur communiqué du 24 octobre 2024 est un chef-d’œuvre de diplomatie industrielle. Ils nient toute responsabilité tout en se présentant comme des partenaires de « bonne foi« . D’ailleurs, pour prouver leur sérieux, ils rappellent avoir effectué un paiement de 50 milliards de FCFA au gouvernement début octobre. Mais est-ce suffisant pour compenser des années de profits souvent disproportionnés et un partage de rente minière inégal ?

Se montrer prête à suivre les règles du jeu

Cette situation met en lumière le fossé entre le discours lissé des multinationales et la réalité des faits. Barrick parle de « négociations en cours » et d’un « cadre de partenariat » en construction, mais le Mali n’a plus l’intention de se contenter de belles paroles. Si la société pense pouvoir continuer à surfer sur la vague des arrangements faciles, elle risque de se heurter à une nouvelle réalité : celle d’un État qui ne veut plus jouer le rôle du spectateur passif.

La mine d’or de Loulo-Gounkoto, au cœur de ce différend, a été un pilier de l’exploitation minière de Barrick au Mali. Mais avec un permis d’exploitation qui expire en 2026, l’entreprise va devoir prouver qu’elle est prête à suivre les règles du jeu dictées par le Mali. Le gouvernement ne se cache plus : il exige des résultats concrets et une exploitation qui tienne compte des intérêts des Maliens et non de simples profits à court terme.

Place à la transparence

Il est encourageant de voir le Mali, dans cette phase de transition, prendre à bras-le-corps la question de l’exploitation de ses ressources. En refusant de céder face à une multinationale, les autorités de la Transition démontrent une volonté réelle de refondation. Elles placent les intérêts du peuple au centre, conformément aux recommandations des Assises Nationales. Si les grandes entreprises veulent continuer à profiter des richesses maliennes, elles devront prouver leur sérieux.

Barrick doit comprendre que le temps des privilèges sans contrepartie est terminé. Le Mali exige aujourd’hui des engagements respectés et des résultats palpables. Fini les arrangements en coulisses, place à la transparence. Les multinationales devront s’y faire : un Mali nouveau émerge, déterminé à tirer le meilleur de ses ressources pour ses citoyens, et non pour les actionnaires à des milliers de kilomètres de là.

Oumarou Fomba


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