À l’occasion de son 64e anniversaire d’indépendance, le Mali affirme sa souveraineté en redéfinissant ses alliances diplomatiques. En se tournant vers des partenaires stratégiques comme la Russie, la Chine et la Turquie, le pays trace une nouvelle voie autonome sur la scène internationale.
Alors que le Mali célèbre son 64e anniversaire d’indépendance, une question brûlante s’impose : et si ce 22 septembre 2024 marquait le véritable retour de la souveraineté malienne ? Depuis plusieurs années, la diplomatie malienne s’est redéfinie, bousculant les équilibres traditionnels, et osant des choix qui, pour certains, auraient semblé impensables il y a encore quelques années. Finie l’époque où le Mali se contentait d’être le « bon élève » des anciennes puissances coloniales et de leurs alliés occidentaux. Aujourd’hui, notre pays trace son propre chemin, renforçant des alliances stratégiques avec des pays tels que la Russie, la Chine et la Turquie. Des choix salutaires qui méritent réflexion.
L’un des tournants majeurs de cette réorientation diplomatique a été le refus catégorique de continuer à suivre aveuglément les directives de partenaires qui, bien qu’historiques, ne servaient plus les intérêts immédiats du peuple malien. Ce fut notamment le cas avec la France et les États-Unis, alliés traditionnels qui, à force d’interventions inefficaces et de politiques paternalistes, ont fini par s’aliéner la confiance de Bamako. Résultat : le Mali a ouvert un nouveau chapitre en se tournant vers des partenaires plus respectueux de sa souveraineté. Le pays a définit dans sa nouvelle constitution trois principes devant régir désormais sa coopération: le respect de la souveraineté nationale, le respect des choix stratégiques et du choix des partenaires opérés par le Mali, la défense des intérêts vitaux du peuple maliens dans les décisions prises.
La Russie : un choix assumé et stratégique
Le partenariat avec la Russie est sans doute le symbole le plus marquant de cette nouvelle ère diplomatique. Longtemps marginalisée dans les relations avec l’Afrique, Moscou est devenue un acteur clé dans la stratégie sécuritaire malienne. Les accords de défense conclus avec la Russie ont permis de doter l’armée malienne de matériel militaire moderne et de bénéficier d’un soutien tactique sur le terrain. Face à une menace terroriste persistante, le Mali a fait le choix de s’émanciper des puissances occidentales pour rechercher des solutions plus adaptées à ses réalités.
Ce partenariat a soulevé des controverses, notamment sur le rôle des formateurs russes. Mais au-delà de ces polémiques, ce choix marque un acte fort : celui d’un Mali qui reprend son destin en main et qui choisit ses alliés sans subir de pression extérieure.
La Chine et la Turquie : des partenariats économiques et diplomatiques essentiels
Outre la Russie, deux autres acteurs ont pris une place prépondérante dans la diplomatie malienne : la Chine et la Turquie. Ces deux nations, à la fois puissances économiques et stratégiques, sont devenues des partenaires de choix pour le développement du Mali. Avec la Chine, le Mali a noué des accords importants dans le domaine des infrastructures, des mines et de l’énergie. Pékin, qui s’impose de plus en plus comme un partenaire de développement pour de nombreux pays africains, a offert à Bamako des perspectives de croissance économique qui, jusque-là, restaient largement sous-exploitées.
La Turquie, de son côté, a renforcé ses liens avec le Mali par une coopération plus diversifiée. Ankara s’est imposée comme un allié fiable, aussi bien dans le domaine économique que sécuritaire. Ses investissements dans l’agriculture, la santé et l’éducation démontrent une approche plus globale, visant à soutenir le développement à long terme du pays. De plus, la Turquie a su cultiver une image de partenaire respectueux, loin des intrusions politico-économiques que d’autres puissances ont pu exercer.
Un retour à la souveraineté diplomatique
Ce basculement vers la Russie, la Chine et la Turquie n’est pas qu’un simple repositionnement géopolitique ; il est le symbole d’une souveraineté retrouvée. Le Mali, après des décennies de dépendance envers des puissances qui n’ont pas toujours servi ses intérêts, se dresse aujourd’hui en acteur libre et assumé sur la scène internationale. Et il était temps.
En tournant le dos à une dépendance quasi systématique vis-à-vis de l’Occident, le Mali a montré que la diplomatie ne se résume pas à suivre les lignes tracées par d’autres, mais à faire des choix qui répondent à ses propres aspirations. Ces choix ne sont pas sans risques, certes. Mais ils sont porteurs d’une ambition légitime : celle de bâtir un Mali souverain, capable de défendre ses intérêts sur la scène internationale sans subir de tutelle étrangère.
Vers un avenir indépendant
Cette stratégie diplomatique ne fait pas l’unanimité et soulève des inquiétudes. Pourtant, force est de constater que ces alliances stratégiques ont permis au Mali de retrouver une certaine stabilité et de poser les bases d’un développement plus autonome. Le chemin est encore long, et les défis nombreux, mais l’essentiel est là : le Mali, à 64 ans, montre au monde qu’il peut penser et agir par lui-même.
Cette réorientation diplomatique est un message fort pour l’ensemble du continent africain : la souveraineté n’est pas un vain mot, elle se construit par des choix courageux. Le Mali, en prenant cette voie, prouve qu’un autre modèle est possible, celui d’un pays qui, malgré les difficultés, refuse de plier et choisit de se tenir debout, libre et indépendant.
Oumarou Fomba
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.