Chaque été, un spectre parcourt l’Afrique de l’Ouest et du Centre : celui de la faim. Selon les dernières données d’une enquête menée par l’ONU et diverses ONG, plus de 50 millions de personnes dans dix-sept pays de ces régions sont confrontées à une insécurité alimentaire alarmante. Et alors que la période de soudure approche, cette situation ne fait qu’empirer.
Quand le terme « soudure » désigne une crise alimentaire qui revient avec la régularité d’un mauvais rêve, vous savez que le système est rompu. Ce n’est plus seulement une question de mauvaise récolte ou de conditions météorologiques défavorables ; c’est la manifestation d’une crise structurelle qui frappe de plein fouet les plus vulnérables.
Les conflits détruisent les vies et les moyens de subsistance
Cette année, dans des pays comme le Nigeria, le Tchad et la Sierra Leone, jusqu’à 20 % de la population pourrait souffrir de faim extrême. Des régions entières, comme Ménaka au Mali, sont au bord d’une « faim catastrophique ». Ce terme, écho sinistre dans le vocabulaire humanitaire, traduit une réalité où des familles entières n’ont rien à se mettre sous la dent, et où les enfants se couchent le ventre vide, nuit après nuit.
Ce n’est pas faute de savoir ce qui alimente cette crise. Les conflits incessants qui sévissent dans ces régions, combinés aux effets exacerbés du changement climatique, ont créé un cocktail dévastateur qui détruit les moyens de subsistance et chasse les gens de leurs terres. Sadou Soumana, conseiller technique en sécurité alimentaire, résume bien la situation à l’antenne d’un média occidental : « Quand les conflits arrivent, ça détruit les vies, mais aussi, ça détruit les moyens de subsistance. » Ce constat, loin d’être une révélation, devrait sonner comme un appel au changement urgent et radical.
Le changement climatique, avec ses sècheresses prolongées et ses inondations capricieuses, ne fait qu’aggraver la situation. L’agriculture pluviale, pierre angulaire de la subsistance dans ces régions, ne peut tout simplement plus supporter le poids de ces bouleversements climatiques. Le déficit céréalier devient une réalité annuelle, et la pauvreté des sols un ennemi aussi redoutable que la sécheresse elle-même.
Financements en retard, et souvent trop peu ou trop tard
Et pourtant, face à cette urgence, le financement de la réponse humanitaire est à la traîne. Seuls 10 % du plan de réponse sont actuellement financés en Afrique centrale. C’est dérisoire, et cela témoigne d’un manque de volonté collective de s’attaquer à la racine du problème. Les financements tardent à arriver, et quand ils arrivent, c’est souvent trop peu, trop tard.
Il est temps de réveiller les consciences, de secouer les puissances mondiales et locales, et d’exiger un changement. La faim n’est pas une fatalité ; c’est le résultat de décisions politiques, de négligences et d’un système global qui privilégie trop souvent le profit au détriment des personnes. Si nous ne pouvons pas nourrir les gens, alors nous faillons à l’un des droits humains les plus fondamentaux. Les dirigeants africains et internationaux doivent prendre acte de cette crise et agir en conséquence. La dignité humaine en dépend.
Oumarou Fomba
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