En Guinée, une nouvelle coalition d’opposition, l’Union sacrée, a vu le jour, rassemblant divers partis politiques et organisations de la société civile pour faire pression sur les autorités de la transition. Ce lundi 22 avril, au siège de l’UFDG à Conakry, ils ont exigé des élections rapides, menaçant de demander le départ du général Mamadi Doumbouya si les promesses ne sont pas tenues.
La Guinée se trouve à un tournant critique de son histoire politique, et l’atmosphère est électrique. La formation récente de l’Union sacrée par des partis d’opposition et des organisations civiles est un signal fort de l’impatience croissante face à la transition dirigée par le général Mamadi Doumbouya. Le regroupement, sous l’égide de l’UFDG, la principale force d’opposition, est un cri de ralliement qui retentit dans les rues de Conakry.
Ce qui manque, c’est la volonté politique
Lundi dernier, la déclaration de cette coalition a été claire et tranchante : il faut des élections, et vite. Le général Doumbouya et son gouvernement ont promis un retour à l’ordre démocratique, mais à chaque échéance ratée, la suspicion ne fait que croître. Les Guinéens, qui avaient peut-être observé une certaine réserve au début de la transition, commencent à sentir le poids de l’attente et l’angoisse d’un avenir incertain.
Et je dois dire, en tant qu’observateur de la dynamique politique africaine, que cette situation en Guinée n’est pas sans rappeler d’autres moments de l’histoire du continent où des promesses de changement rapide se sont évanouies dans le brouillard des manœuvres politiques. Le fait que l’Union sacrée menace ouvertement de demander le départ de Doumbouya si les élections ne sont pas organisées selon le calendrier prévu est révélateur d’une tension qui pourrait bien définir les prochains chapitres de l’histoire du pays.
Souleymane Konaté, de l’UFDG, articule avec précision et passion les frustrations de nombreux Guinéens. Les références à une Constitution promise et jamais livrée, à un fichier électoral prétendument prêt à être utilisé pour des élections, sont des rappels cinglants que le temps des promesses vagues est révolu. La Guinée, selon lui et beaucoup d’autres, a tout ce qu’il faut pour avancer; ce qui manque, c’est la volonté politique.
Un pouvoir qui se cramponne à ses privilèges
Cette impatience de l’opposition guinéenne est aussi une leçon plus large sur les dangers de la transition politique en Afrique. Trop souvent, les régimes militaires ou de transition prolongent leur pouvoir bien au-delà de ce qui était initialement promis, diluant ainsi les espoirs d’une démocratie véritable. Dans ce contexte, l’Union sacrée n’est pas seulement une coalition politique, c’est un mouvement de défense de la démocratie, un rappel que les Guinéens ne se contenteront pas de moins que ce qui leur a été promis.
Alors que nous regardons la Guinée depuis l’extérieur, il est essentiel de comprendre que ce qui se joue ici est un scénario vu et revu sur le continent, mais avec une potentialité unique de réussite ou d’échec. L’Union sacrée, avec toute sa vigueur et sa détermination, pourrait bien être le catalyseur dont la Guinée a besoin pour franchir le pas vers un avenir démocratique authentique, ou elle pourrait être un autre exemple de rêves brisés par la réalité d’un pouvoir qui se cramponne à ses privilèges. Pour les Guinéens et pour tous ceux qui suivent les développements en Afrique, les mois à venir seront déterminants.
Oumarou Fomba
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