Au Mali, malgré l’existence de nombreuses structures dédiées à la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, ces phénomènes continuent d’asphyxier l’économie malienne. Pour Mikailou Cissé, il est important de mener cette lutte sans demi-mesure pour le règne véritable du Mali nouveau.
La lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ainsi que toutes les pratiques assimilées est une bataille engagée par les autorités maliennes depuis des décennies. Plusieurs structures ont même été créées pour dénoncer ou engager des poursuites judiciaires contre les cas suspects ou réprimer les cas avérés de corruption. Cette lutte qui, en plus d’être une expression populaire du peuple malien et une de ses exigences vis-à-vis des autorités politiques, est aussi une exigence des bailleurs étrangers et des institutions financières, qui volent au secours des États à faibles revenus comme le Mali.
Des épines sur la voie
Dans ce pays francophone de l’Afrique de l’Ouest, malgré l’existence de ces nombreuses structures, dédiées à la lutte contre ce fléau, les mécanismes mis en place, les efforts des différents acteurs et la collaboration formelle qui existe entre les différentes structures, la corruption et l’enrichissement suivent leur petit bonhomme de chemin. Les récents rapports annuels, produits et publiés par le Bureau du Vérificateur général (Vgal) et l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (Oclei) peuvent servir d’illustration de la mauvaise gestion dont fait l’objet la chose publique au Mali. Ils laissent comprendre également que le pari d’une gouvernance vertueuse est loin d’être gagné.
Les rapports de ces structures sont alarmants d’année en année. Ils révèlent d’une part, l’inefficacité de la politique de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite. Et d’autre part, que les mécanismes destinés à prévenir et à détecter les cas d’enrichissement illicite n’ont pas d’effectivité dans la pratique. Outre cela, que les recommandations de réformes législatives, réglementaires et administratives que formulent les services de contrôle et de vérification des finances publiques, après la constatation de dysfonctionnent ou d’irrégularités, ne sont pas prises en compte.
Mieux il exhibe aussi un manque cruel de volonté politique, de la part des autorités antérieures, dans le combat de ces structures contre ce fléau qui asphyxie l’économie malienne. Les abandons de charges pour non-respect de procédures, la non-mise à l’écart des présumés coupables de détournement des sphères décisionnelles, le manque de collaboration franche entre les structures impliquées dans la lutte contre la corruption et l’impunité sont entre autres des obstacles qui minent le chemin conduisant à la gouvernance vertueuse tant souhaitée dans ce pays.
Se tourner résolument vers le véritable combat
Au regard de l’état de santé des finances de la nation, des besoins croissants d’un peuple en permanente croissance, et qui dans sa majeure partie, vit au jour le jour, des mesures holistiques demeurent une condition sine qua non pour mettre un terme aux gaspillages des ressources publiques et à leur utilisation frauduleuse à des fins particulières. Sans ces mesures, le Mali Koura auquel le peuple malien aspire et qui semble être cher aux nouvelles autorités restera un idéal. Il ne saurait être effectif que dans un environnement où tous les citoyens sont traités au même pied d’égalité, disposent de mêmes chances dans l’accumulation du profit individuel conformément aux textes qui légifèrent le vivre en commun.
Une sélection partisane des dossiers de présumés coupables de malversations financières dans le seul but de dissuader ou mettre à l’écart du jeu politique les opposants au pouvoir doit aussi à tout prix être évitée.
Mikailou Cissé
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