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Gestion de l’Office du Niger : ce que révèle le rapport du Vérificateur Général

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Un audit couvrant la période 2020-2022 révèle de graves irrégularités dans la gestion financière et administrative de l’Office du Niger, compromettant sa mission essentielle de sécurité alimentaire au Mali.

Un audit approfondi mené par le Bureau du Vérificateur Général du Mali a mis en évidence de graves dysfonctionnements au sein de l’Office du Niger (ON), une institution clé dans la gestion des ressources agricoles et hydrauliques du pays. Le rapport, publié récemment, révèle des pratiques financières douteuses, des lacunes administratives, et des irrégularités dans la gestion des ressources. Ces constats soulignent la nécessité urgente de réformes structurelles pour redresser cette institution stratégique.

Des pratiques financières non conformes

Le rapport pointe plusieurs irrégularités dans les transactions financières. Parmi les anomalies, l’utilisation excessive de paiements en espèces au-delà du plafond légal de 50 000 FCFA est particulièrement préoccupante. « Des montants allant de 100 000 FCFA à 780 000 FCFA ont été réglés en espèces, en violation flagrante des règles en vigueur », précise le document. Ces pratiques, en contradiction avec les normes de gestion financière, augmentent le risque de détournement de fonds.

De plus, l’audit a identifié une gestion problématique des subventions allouées aux carburants. Le Président Directeur Général (PDG) de l’Office du Niger, durant la période concernée, aurait attribué des allocations de carburant à des fins personnelles, atteignant 1 500 litres par mois, soit une valeur totale estimée à plus de 54 millions FCFA. Ces décisions ont été prises sans l’aval du Conseil d’administration, exacerbant les problèmes de gouvernance.

Recrutements non conformes et gestion foncière lacunaire

Le rapport met également en lumière des irrégularités dans le domaine des ressources humaines. Des recrutements ont été effectués sans autorisation préalable du Conseil d’administration, ni inclusion dans le budget annuel. « Ces pratiques mettent en danger la viabilité financière de l’institution », avertit le rapport.

Par ailleurs, l’ON a négligé la mise à jour de son cadastre foncier. Cette omission crée un décalage important entre les superficies déclarées et les terres réellement cultivées. Cette situation, selon le rapport, peut entraîner des conflits fonciers et des pertes financières pour l’institution.

Des anomalies dans les marchés publics

L’audit a également révélé des manipulations dans les processus d’attribution des marchés publics. « Le PDG a simulé des appels d’offres compétitifs en impliquant des entreprises liées, faussant ainsi l’apparence de concurrence », indique le rapport. Ces pratiques concernent des contrats d’une valeur totale dépassant 2,9 milliards FCFA, compromettant la transparence et l’efficacité de la gestion des fonds publics.

Ces dysfonctionnements ont des répercussions directes sur la mission principale de l’Office du Niger : assurer la sécurité alimentaire. La production de riz, qui est une denrée de base pour la population malienne, a chuté à 753,465 tonnes pour la campagne 2022-2023, bien en deçà des objectifs fixés. Cette baisse de rendement accentue les préoccupations concernant la capacité de l’institution à répondre aux besoins alimentaires croissants du pays.

Vers des réformes nécessaires

Face à ces révélations, le rapport recommande une série de mesures pour rétablir la transparence et l’efficacité au sein de l’Office du Niger. Parmi ces recommandations figurent :

  • Le respect strict des procédures de recrutement et de gestion des ressources humaines.
  • La modernisation et la mise à jour régulière du cadastre foncier.
  • Une meilleure régulation des transactions financières, en limitant les paiements en espèces.
  • La révision des processus d’attribution des marchés publics pour garantir une concurrence réelle.

Dans un contexte où le Mali est confronté à de multiples crises, ce rapport sert de rappel urgent pour les autorités de la transition. La gestion inefficace des institutions publiques compromet non seulement la stabilité économique, mais également la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. La mise en œuvre rapide des recommandations de ce rapport sera déterminante pour restaurer la crédibilité de l’Office du Niger et garantir son rôle dans la sécurité alimentaire du pays.

Ce rapport expose des enjeux cruciaux pour l’avenir de l’agriculture et de la gouvernance au Mali. Il appelle à une mobilisation générale des acteurs étatiques et des partenaires pour transformer ces défis en opportunités de réforme et de développement durable.


Alassane Diarra 


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