Plusieurs mois se sont déjà écoulés et la transition tarde à faire disparaitre les traces de boue laisser par l’ancien régime. Après le processus de la mise en place du Vice-président et du Premier ministre, ce fut le tour du Conseil National de Transition. Beaucoup de questions se posent quant à la réussite de cette transition, car les attentes des Maliens sont énormes.
La lutte contre l’insécurité, l’amélioration du système éducatif et la lutte contre la pauvreté suivie de la lutte contre l’insécurité alimentaire, sont entre autres les défis identifiés par des Maliens interrogés par la fondation Friedrich-Ebert Stiftung dans son enquête Mali Mètre en décembre 2020.
39,5 % de Maliens pour une lutte rapide contre l’insécurité
Beaucoup de citoyens maliens estiment que le premier défi dont les autorités transitoires devraient urgemment traiter est celui de l’insécurité. Car comme l’affirme Oumar Berthé, professeur à l’université INTEC-SUP de Bacodji-coroni, en commune V du district de Bamako, « plus de 75 % du territoire malien vit dans l’insécurité et beaucoup de zones des régions nord et Centre échappent au contrôle des autorités maliennes ». 39,5 % des Maliens estiment qu’il faut urgemment traiter cette question d’insécurité, selon l’enquête de la fondation Friedrich-Ebert Stiftung.
En plus de la question sécuritaire, l’autre défi important qu’il importe de traiter au cours de ces 18 mois, selon M. Berthé, est la bonne organisation de la prochaine élection présidentielle. « Le Mali, depuis plusieurs années, est confronté à un problème majeur, celui des élections », indique-t-il. Et de poursuivre : « Plusieurs fois, les élections ont été contestées au Mali et cela affecte beaucoup la qualité de nos scrutins ».
Des attentes du CNT
Pour M. Berthé, le Conseil national de transition (CNT) doit s’assurer que les élections se passent dans de meilleures conditions, qu’« il n’y ait pas de trucage, de vol, d’achat de voix ou de bourrage d’urnes. Il doit faire en sorte qu’il n’y ait pas de contestations après les votes. Il doit œuvrer pour la révision de la liste électorale ». À l’en croire, le CNT doit s’appesantir sur cette problématique des élections qui reste une véritable épine dans le pied de tous les Maliens.
« Très longtemps gouverné par des dirigeants qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels, à leurs parents, amis et proches, le peuple malien se retrouve à ramasser les pots cassés de ses dirigeants qui ont mis à terre le Mali ». Tels sont les propos de Mme Niakaté Moussokoro N’diaye, mère au foyer à Tièbani, dans la commune de Kalaban-Coro. Selon Mme Niakaté, la mauvaise gouvernance a longtemps gangréné tous les secteurs au Mali. À ses dires, les autorités transitoires doivent « veiller à ce que la bonne gouvernance soit le pilier de cette transition afin que cette plaie puisse guérir ».
Plusieurs citoyens maliens mettent également l’accent sur la problématique de l’impunité et de la corruption. Ce qui amène Seydou Keita, un mécanicien à l’hippodrome 2, à demander au CNT de travailler en étroite collaboration avec la justice. « Il doit aussi mettre en place un comité de suivi dans les différentes administrations afin de traquer les corrupteurs et les corrompus », a-t-il suggéré. Dans le même ordre d’idée, Moise Coulibaly, président des jeunes du parti politique PIDS, juge important que « chaque administration fasse des rapports pour rendre compte des entrées et sorties de sa structure devant le CNT, et cela, ne serait-ce qu’une fois par mois ».
Rappelons que lors de son investiture, le président de la transition, Bah N’DAW a juré : « Je ne peux pas promettre zéro corruption, mais je ferai tout pour que l’impunité zéro soit la norme. L’argent public est sacré et je ferai en sorte qu’il soit dépensé de manière traçable et raisonnable ». Après ce discours, les Maliens sont impatients de voir ces promesses se concrétiser.
Sira Niakaté
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