Brice Oligui Nguema a été élu président du Gabon avec plus de 90 % des voix, selon les résultats provisoire officiels. Ce scrutin, premier depuis la chute du régime Bongo, s’est déroulé dans le calme, avec une participation élevée. Au-delà du plébiscite, cette élection marque une étape décisive pour la transition politique du pays, et interroge plus largement sur la forme que prend la démocratie dans un contexte post-coup d’État.
Sans surprise, Brice Oligui Nguema a été élu président du Gabon dimanche 13 avril, avec 90,35 % des suffrages exprimés. Cet ancien chef de la garde républicaine, à la tête de la transition depuis le renversement d’Ali Bongo en août 2023, entame ainsi un mandat de sept ans. Il devient le premier président gabonais, depuis 1967, à ne pas porter le nom de Bongo Ondimba.
Avec une participation annoncée à 70,4 %, le scrutin s’est déroulé dans le calme, sans incidents majeurs. Contrairement aux élections précédentes marquées par des contestations violentes, le vote du 12 avril s’est tenu dans une atmosphère sereine, avec maintien des réseaux de communication et accès autorisé aux médias lors du dépouillement.
Annoncé comme son principal rival, Alain Claude Billie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo, n’a recueilli que 3,02 % des voix. Les six autres candidats n’ont pas franchi la barre des 1 %. Ce résultat, sans équivoque, reflète autant l’ancrage populaire d’Oligui Nguema que le rejet massif de l’ancien régime.
Une transition désormais incarnée
Porté au pouvoir par un coup d’État qui avait mis fin à 55 ans de règne familial, Brice Oligui Nguema bénéficie d’une forte popularité, notamment parmi les jeunes. Son élection formelle vient clore la séquence transitoire. Mais elle ouvre une autre interrogation, celle de la capacité d’un pouvoir issu d’un coup d’Etat à s’ancrer dans un cadre institutionnel démocratique.
L’ouverture du processus électoral à l’observation, la participation élevée et l’absence de violence ont été saluées, y compris par des observateurs internationaux. Des éléments qui contrastent avec la défiance persistante autour de certains scrutins dans la région. En cela, le Gabon projette une image stabilisatrice – encore fragile – dans un espace sahélien marqué par les transitions militaires.
Un signal pour l’Afrique et au-delà
L’élection gabonaise intervient dans un contexte continental où les modèles démocratiques peinent à se renouveler. Si le retour au vote est à souligner, le score obtenu interroge sur la pluralité réelle de l’offre politique. La faiblesse de l’opposition et l’absence d’alternance effective posent la question de la construction d’une démocratie durable.
À l’échelle régionale, cette élection pourrait néanmoins servir de repère : celui d’un passage, même imparfait, d’une transition militaire à un pouvoir civil. Pour nombre de pays africains confrontés aux turbulences institutionnelles, le cas gabonais sera observé de près – à la fois comme espoir, et comme mise en garde.
A.D
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.