Sur le marché régional des titres publics de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA), le Mali affiche une santé financière qui surprend autant qu’elle rassure. En quelques jours à peine, Bamako a levé plus de 80 milliards de francs CFA, dépassant nettement son objectif initial. Un succès qui illustre une tendance de fond : l’attractivité grandissante des titres souverains maliens, portés par des rendements qui frôlent les 10 %.
Entre le 14 et le 18 avril 2025, le Trésor public malien a mobilisé précisément 80,72 milliards de francs CFA à travers deux émissions de bons et obligations. Le 16 avril, 66 milliards ont été levés avec un taux de couverture de 120,58 %, pour des rendements compris entre 8,10 % et 9,68 %. Deux jours plus tard, une seconde opération d’un montant de 14,72 milliards, absorbée à 100 %, a permis d’afficher un taux record de 9,75 % sur un BAT de 364 jours.
Des taux élevés, une stratégie maîtrisée
Ces rendements, parmi les plus compétitifs du marché régional, sont loin d’être anecdotiques. Dans un contexte de tensions budgétaires à l’échelle de la CEDEAO et de réformes structurelles internes, le Mali entend capitaliser sur la confiance retrouvée des investisseurs régionaux. Le Trésor malien joue ainsi habilement sur la courbe des taux, positionnant ses émissions sur des maturités courtes à moyennes avec des taux suffisamment attractifs pour compenser la perception de risque.
Mais derrière cette offensive, c’est aussi un message politique que Bamako adresse : celui d’un État qui maîtrise sa trajectoire budgétaire, malgré les défis sécuritaires et géopolitiques qui affectent encore certaines régions du pays. En d’autres termes, le Mali veut convaincre que sa signature souveraine reste fiable.
Un signal de confiance pour la suite
Le succès de ces opérations pourrait inciter le Trésor à poursuivre sur cette lancée. Dans les mois à venir, les autorités maliennes pourraient multiplier les levées de fonds ciblées, en s’appuyant sur cette fenêtre de crédibilité ouverte. De quoi financer en partie les ambitions d’investissement public, notamment dans les infrastructures et le secteur agricole.
Alors que d’autres pays de la zone UEMOA peinent à mobiliser leur quota d’émissions ou se heurtent à des exigences de taux plus élevés, le Mali semble, pour l’heure, bénéficier d’un alignement favorable. Reste à transformer cette confiance en dynamique durable. Une équation budgétaire qui se jouera autant dans les chiffres que dans la capacité politique à maintenir le cap.
A.D
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