Le Président de la Transition, Assimi Goïta, a reçu ce 22 mai 2025 le Vérificateur Général sortant, Samba Alhamdou Baby. L’occasion, au-delà de la remise d’un rapport, de dresser le bilan d’un combat discret mais capital : celui pour la transparence et la moralisation de la vie publique au Mali. Et d’ouvrir une nouvelle ère sous le sceau de la continuité.
À Bamako, ce jeudi 22 mai, les murs feutrés de Koulouba ont accueilli une audience qui n’avait rien de purement protocolaire. Face au Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, un homme en fin de mission a remis un rapport en forme de testament administratif. Il s’appelle Samba Alhamdou BABY, et pendant sept ans, il a tenu les rênes du Bureau du Vérificateur Général (BVG), cette vigie silencieuse de la gouvernance publique malienne.
Son document, intitulé sobrement rapport-bilan 2018-2025, est un inventaire à la fois technique et politique. Car derrière les chiffres, il y a une réalité brute : celle d’un pays en quête de moralité publique, décidé à tourner la page des abus, des passe-droits et des comptes sans comptes.
232 missions de vérification. Un chiffre qui parle, surtout lorsqu’on apprend que 183 d’entre elles ont été menées sous la Transition actuelle. Un signal fort envoyé à tous ceux qui croyaient encore que la gouvernance n’était qu’un mot vide dans les hautes sphères de l’État malien.
Gouverner, c’est aussi vérifier
Les vérifications se sont déclinées en 140 contrôles financiers et de conformité, 29 audits de performance, 56 missions de suivi, et 7 évaluations sectorielles. Derrière cette mécanique bien huilée, une obsession : traquer les dérives, et imposer la règle à ceux qui, souvent, croient pouvoir la réécrire.
Le rapport souligne un autre fait marquant : 158 dossiers transmis aux pôles économiques et financiers de Kayes, Bamako, Mopti et autres juridictions, pour suspicion d’infractions. 147 autres cas ont été portés devant la Section des comptes, pour manquement à la législation budgétaire. Et surtout, près de 12 milliards de francs CFA ont été régularisés ou remboursés, parfois avant même la fin des contrôles.
Dans un pays où l’impunité économique a longtemps été la norme, ces chiffres ne sont pas seulement des résultats : ce sont des actes de foi dans l’État de droit.
Une gouvernance sous surveillance… présidentielle
En prenant la parole à l’issue de l’audience, Samba Alhamdou Baby a salué « l’attention constante et l’accompagnement du Chef de l’État », rappelant que ce bilan est d’abord le fruit d’un engagement partagé pour une gouvernance rigoureuse.
Et si l’heure était au passage de relais, il ne s’agissait pas d’une rupture. Car le nouveau Vérificateur Général, nommé le 16 mai par décret présidentiel, n’est pas un inconnu. Abdoul Aziz Ag AGUISSA, administrateur civil, incarne la continuité dans la vigilance, à la croisée des missions de l’État et des attentes citoyennes.
Un État qui rend des comptes, un peuple qui reprend confiance
Dans ses dernières réformes, le BVG aura aussi innové. Premières évaluations du secteur public, publications sectorielles en ligne, ouverture au public des données de vérification. À bas bruit, c’est une culture de la transparence qui a commencé à s’enraciner. Une révolution silencieuse, mais durable, dans un Mali en quête d’autorité morale.
Pour Assimi Goïta, chef d’une Transition souvent scrutée pour ses choix politiques et sécuritaires, cette séquence est stratégique. Elle rappelle que la refondation ne se mesure pas seulement au nombre de blindés ou à la fermeté des discours, mais aussi à la rigueur de ceux qui surveillent les comptes publics, ligne après ligne.
Le mandat de Samba Alhamdou Baby s’achève, mais son bilan laisse des traces : des chiffres, certes, mais surtout un acte de foi dans l’institution malienne, celle qui ne cède ni à la complaisance ni à la résignation. Et avec le passage de témoin à Abdoul Aziz Ag Aguissa, le Bureau du Vérificateur Général s’installe durablement comme un contre-pouvoir républicain, dans un État qui, entre deux tempêtes, redécouvre la vertu de regarder ses comptes en face.
A.D
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