Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, il est important de lire et de faire lire les beaux textes qui nous incitent à réfléchir sur notre contexte. Un temps de réflexion qui pourrait nous montrer des voies de sortie. Cet extrait de « L’Empire de la honte » de Jean Ziegler est un véritable outil pour comprendre davantage le sous-développement du continent africain.
« Dans la plupart des pays du continent [africain ndlr], la faim et les épidémies ravagent les habitants : les enfants sont privés d’écoles dignes de ce nom. Le chômage permanent et massif détruit les familles. Mais les très riches Africains n’investissent évidemment qu’exceptionnellement dans l’économie de leur pays d’origine. Ils placent leur argent là où le rendement est maximal. Un riche Marocain, Béninois ou Zimbabwéen spéculera à la Bourse de New York ou dans l’immobilier genevois et se fichera royalement des besoins en investissements sociaux de ses compatriotes.
[ndlr] Le sous-développement économique agit sur les êtres comme une prison. Il les enferme dans une existence sans espoir. L’enfermement est durable, l’évasion quasi impossible, la souffrance sans fin. Très rares sont ceux qui parviennent à scier les barreaux. Dans les bidonvilles de Fortaleza, de Dacca, de Tegucigalpa ou de Karachi, le rêve d’une vie meilleure prend les traits d’un songe irréel. La dignité humaine est une chimère. La douleur du présent est une douleur pour l’éternité. Elle n’autorise apparemment aucun espoir.
Pour ces êtres, la réalité d’une société aux forces de production sous-développées, subissant sans défense les décrets des cosmocrates, se résume à quelques évidences : absence d’écoles (et donc de mobilité sociale), d’hôpitaux, de soins médicaux (et donc de santé), d’alimentation régulière, de travail rémunéré, de sécurité, d’autonomie personnelle. »
Par Fousseni Togola
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.