Dans le contexte actuel du Mali, ce court passage tiré du livre « Liberté, partout et toujours » de Pierre-Joseph Proudhon est assez parlant. Ce philosophe expose une théorie du gouvernement et de la révolution qui pourrait servir de guide au Mali.
« [ndlr] jusqu’à nos jours, les révolutions les plus émancipatrices, et toutes les effervescences de la liberté, ont abouti constamment à un acte de foi et de soumission au pouvoir ; pourquoi toutes les révolutions n’ont servi qu’à reconstituer la tyrannie [ndlr].
Ce qui a entretenu cette prédisposition mentale et rendu la fascination pendant si longtemps invincible, c’est que, par suite de l’analogie supposée entre la Société et la famille, le Gouvernement s’est toujours présenté aux esprits comme l’organe naturel de la justice, le protecteur du faible, le conservateur de la paix. Par cette attribution de providence et de haute garantie, le Gouvernement s’enracinait dans les cœurs autant que dans les intelligences ! Il faisait partie de l’âme universelle ; il était la foi, la superstition intime, invincible des citoyens. Qu’il lui arrivât de faiblir, on disait de lui, comme de la Religion et de la Propriété : ce n’est pas l’institution qui est mauvaise, c’est l’abus. Ce n’est pas le roi qui est méchant, ce sont ses ministres. Ah ! si le roi savait !…
[ndlr] tandis que le peuple, à chaque révolution, croyait réformer, suivant les inspirations de son cœur, les vices de son Gouvernement, il était trahi par ses idées mêmes; en croyant mettre le Pouvoir dans ses intérêts, il l’avait toujours, en réalité, contre soi ; au lieu d’un protecteur, il se donnait un tyran.
L’expérience montre, en effet, que partout et toujours le Gouvernement, quelque populaire qu’il ait été à son origine, s’est rangé du côté de la classe la plus éclairée et la plus riche contre la plus pauvre et la plus nombreuse ; qu’après s’être montré quelque temps libéral, il est devenu peu à peu exceptionnel, exclusif ; enfin, qu’au lieu de soutenir la liberté et l’égalité entre tous, il a travaillé obstinément à les
détruire, en vertu de son inclination naturelle au privilège. »
Par Fousseni Togola
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