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« État Providence » et crise pandémique

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Je pense qu’aujourd’hui notre seul salut ne doit pas passer par la poche du contribuable ni par la mendicité internationale. Plusieurs solutions urgentes s’imposent, et qui permettront à l’État de drainer des fonds et des liquidités considérables. Je n’en dresserai pas une liste exhaustive ni une analyse approfondie. Je vais juste donner quelques idées pour jeter la lumière sur les principales mesures à prendre dans l’urgence dans la situation dans laquelle se trouve le pays. Parmi ces mesures, il faut principalement :

1— Rationaliser les importations, arrêter immédiatement l’importation de produits superflus. Ce qui aura pour conséquence immédiate l’amélioration du solde de la balance des paiements. Contrairement à l’échec total de la mesure de dévaluation prise précédemment, les résultats d’une telle mesure se feront ressentir immédiatement.

2— Imposer l’impôt sur la fortune. Il ne s’agit nullement d’une mesure de distanciation, mais de rapprochement, et de réalisation d’une plus grande harmonie sociale, seule garante de la paix sociale. Lorsque le travail ne permet plus d’accéder à une vie meilleure, mais juste récolter la misère, l’harmonie sociale est en effet rompue. Les clivages sociaux, régionaux, voire sectoriels se creusent et enfoncent le peuple dans la misère pour créer des conflits sociaux.

Telles sont les principes du nouvel ordre économique mondial fondé sur le système des deux poids et deux mesures, deux lois, système de justice à deux vitesses, pour la justice sociale fiscale et économique entre les différentes classes sociales.

Deux poids et deux mesures pour les salariés et les dirigeants d’entreprises.

Le système des deux poids deux mesures pour la justice apparaît clairement, lorsque la justice si l’on peut réellement en dire autant ne soumet à ses lois que le pauvre citoyen alors que selon la constitution, la justice est la même pour tous. Lorsque le citoyen moyen est contraint à tout bout de chemin, de procédures par toute forme de réglementation, loi ; imposition, et qu’une classe de privilégiées se délecte d’une impunité totale, le terrorisme socioéconomique s’installe, l’injustice sociale se charge du reste pour atténuer « le vivre ensemble » à l’œuvre de la citoyenneté.

Le terrorisme socio-économique se traduit par l’effritement de la classe moyenne, l’élargissement de la classe des pauvres pour englober la plus grande partie des fonctionnaires employés du secteur public, cadres professeurs, ingénieurs médecins, journalistes, tous ceux qui perçoivent un salaire. Le système de justice à deux vitesses ou plutôt d’injustice socioéconomique se manifeste également par le fait que ces contribuables « retenus à la source » lourdement imposée, ce qui justifierait une amélioration de la qualité des services publics, cette traduction de l’extension de la pauvreté aux classes des travailleurs salariés, et leur accès de plus en plus difficile aux services publics de qualité alors que l’imposition de plus en plus lourde du contribuable, du Tunisien moyen devrait se justifier par une amélioration de la qualité des services publics, il n’en est rien, bien au contraire, les services publics ; santé, enseignement, transport deviennent de bien médiocre qualité. Le désengagement de plus en plus croissant de l’état, au bénéfice des privatisations, est aussi un autre principe du nouvel ordre économique mondial s’appliquant au travers les recommandations du FMI.

3— Suspendre provisoirement les accords ALECA et supprimer toutes les franchises dont le seul résultat a été le démantèlement de plusieurs filières agricoles et industrielles qui, à un moment, ont représenté le fleuron de l’industrie tunisienne. Plusieurs enseignes occidentales de prêt-à-porter et de restauration rapide s’installent un peu partout, en Tunisie. En plus de favoriser la société inadaptée au niveau de vie du ménage tunisien, il développe une concurrence déloyale entre ces entreprises étrangères bénéficiant d’une batterie d’avantages avec les entreprises tunisiennes aussi bien dans les secteurs industriels, qu’agricole ou des services.

L’implantation de ces enseignes ont non seulement initié un mouvement de désindustrialisation, plusieurs PMI ont dû effectivement mettre la clef sous le paillasson, mais ont été à l’origine de l’arrêt des investissements industriels et, des projets créateurs d’emplois pour nos jeunes diplômés.

4— Baisser immédiatement pour le ramener à pas plus de 2 %, le Taux moyen du marché monétaire. Cette baisse devrait se soustraire à toute forme de calcul économique pour se soumettre au principe de l’État Providence.

Plus que jamais, en effet, et à l’instar de ce qui s’est produit, après la crise de 1929, sous le nom de « Welfare State » au Royaume-Uni, aux États-Unis et dans les pays scandinaves, notre pays a besoin d’une extension du champ d’intervention et de régulation de l’État, notamment par l’imposition d’un nouveau système de prélèvements obligatoires au profit d’une plus grande équité fiscale, d’une plus grande justice sociale et au bénéfice des plus démunis.

L’État-providence est fondé sur la solidarité entre les différentes classes sociales et la recherche de la justice sociale. Il en découlera certes une plus grande efficacité aussi bien sur le plan social que sur le plan économique, cette dernière se traduisant par le fait que l’augmentation des revenus des activera un des leviers de croissance économique à savoir la consommation engendrant ainsi le cercle vertueux, tant convoité par les économistes.

Pour clore, je dirais que l’actuel gouvernement est confronté au choix d’un modèle de société, un mode de fonctionnement de l’économie plus axé sur l’aspect social et défendant l’État providence qui s’oppose au néolibéralisme, qui montre de plus en plus ses limites. Le modèle de société actuel, défendu par le néolibéralisme, dominé par le capitalisme, est basé sur l’exploitation, institutionnalisé, et pour cause, les classes sociales qui en résultent. Ce modèle a en effet pour marque de fabrique la pauvreté, l’injustice sociale, la misère, la précarité. Réellement va falloir repenser le lien social et développer des alternatives aux actuels agencements sociaux forts préjudiciables à la collectivité. Corona nous fera certainement réfléchir, sur les priorités à établir dorénavant, à accorder davantage d’importance à la recherche, au développement, à la santé….. au mode de fonctionnement de l’économie, au modèle de société…. etc. Corona nous fera certainement tout repenser, tout relire.

Habiba Nasraoui Ben Mrad, enseignante universitaire à l’école Supérieure de Commerce de Tunis


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