Jérôme Munzinger, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Tout d’abord, il faut savoir que les plantes peuvent avoir plusieurs noms, d’abord, elles ont ce que l’on appelle un nom commun (ou vernaculaire), c’est ce nom que tu utilises sans le savoir quand tu parles de pâquerette, de chêne ou de tulipe. C’est celui que la plupart des gens utilisent et il est souvent facile à apprendre, mais il a un inconvénient : il change selon les pays, selon la langue, voire même à l’intérieur d’un même pays. Par exemple, le « hêtre » est appelé « fayard » dans certaines régions de France, « beech » en anglais, « haya » en espagnol. Ces noms ont généralement été donnés aux plantes il y a très longtemps, et on ne sait pas vraiment pas qui.
Mais les plantes ont aussi un nom scientifique, qui semble souvent plus compliqué à dire, car il est en latin, mais c’est le même qui est utilisé partout dans le monde, quelle que soit la langue. Ainsi, même si tu ne parles pas l’anglais, le chinois ou le russe, tu peux utiliser ce nom dans ces pays, c’est le même qui est utilisé !
Donc, pour répondre à ta question, c’est ce nom scientifique que l’on donne lorsque l’on dit que l’on découvre et que l’on nomme une espèce nouvelle, une espèce inconnue de la science. La personne qui décrit la plante est un ou une botaniste, dont c’est le travail de découvrir des plantes inconnues. Mais parfois, c’est quelqu’un dont ce n’est pas le travail, on dit que c’est un botaniste amateur, qui est passionné par les plantes et a suffisamment de connaissance pour identifier qu’une plante est inconnue et nécessite qu’on lui donne un nom.
Quand le ou la botaniste donne un nom à la plante, il la décrit en même temps pour que l’on puisse la reconnaître, cela se fait en la comparant avec les autres plantes, en expliquant en quoi elle est différente.
C’est la personne qui décrit la plante qui choisit le nom qu’elle portera, il peut la nommer à peu près comme il le souhaite, à condition de respecter quelques règles qui sont écrites dans le code de botanique (ICBN), un livre un peu comme le code de la route, qui dit ce que l’on doit faire ou pas lorsque l’on donne un nom à une plante. Par exemple, le code demande de ne pas se dédier une plante à soi-même, donc de ne pas donner son propre nom aux plantes que l’on décrit.
Le nom est souvent choisi en fonction de quelque chose de spécial chez la plante, par exemple si elle a de petites fleurs (parviflora), si elle pousse dans les forêts (sylvatica) ou en altitude (alticola). Cela peut donner des noms rigolos, comme la plante à latex bleu (caeruleilatex). Cette approche peut avoir ses limites, car si une plante semble remarquable par ses grandes feuilles, elle est nommée grandifolia, et si ensuite on trouve une autre qui en a d’encore plus grandes on dira megaphylla, reste que si on en trouve encore une autre avec des feuilles encore plus grandes on manque de vocabulaire.
Beaucoup de plantes sont dédiées à des gens, souvent les personnes qui ont récoltées les plantes pour la première fois, c’est le cas de grands explorateurs du passé, mais cela peut-être des gens encore vivants, que l’on remercie de cette façon. Il arrive que les plantes portent le nom de la femme, du mari ou des enfants du chercheur ou de la chercheuse, mais le code recommande que cela reste dans le domaine de la botanique, mais comme ce n’est pas une obligation, certaines plantes portent des noms assez éloignés, comme celles dédiées à Napoléon.
Enfin, de nombreuses plantes portent le nom de l’endroit où elles ont été trouvées, ou dont elles sont endémiques (la seule région où elles poussent) comme le Ciste de Montpellier, le Silène de France ou la Salsepareille de Nouvelle-Calédonie.
Si toi aussi tu as une question, demande à tes parents d’envoyer un mail à : tcjunior@theconversation.fr. Nous trouverons un·e scientifique pour te répondre.
Jérôme Munzinger, Chargé de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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