Au Mali, l’éducation des enfants semble être uniquement l’affaire de l’école. Ce lieu de façonnage des âmes neuves devient ainsi un débarras pour la plupart des parents qui y inscrivent leurs enfants puis affiche un désintérêt vis-à-vis de leur avenir.
« L’éducation, la famille, c’est un triangle. Il y a l’enfant, il y a l’école et il y a les parents », expliquaient Assa Traoré et Geoffroy De Lagasnerie dans leur livre « Le combat d’Adama ». Une triade pour attirer les attentions sur la nécessaire complémentarité entre ces trois niveaux pour une éducation ou une personnalité réussite. Mais au Mali, l’éducation des enfants semble être uniquement l’affaire des établissements scolaires, qui sont « censés » jouer les trois rôles.
« La supervision représente un niveau spécifique… »
Après l’inscription à l’école, le contrôle parental, qui devrait être une nécessité absolue, devient malheureusement le grand absent. La présence de l’enfant aux cours, ses activités extra-scolaires, son niveau à l’école, sa conduite scolaire, etc., rien n’est plus suivi par les parents qui trouvent des excuses dans les activités qu’ils exercent pour subvenir aux besoins de la famille.
Pourtant, lorsque ces enfants intègrent de mauvais comportements ou ne travaillent pas à l’école parce qu’ils ont un faible niveau, c’est le sérieux de l’établissement qui est remis en cause. C’est les enseignants qui sont indexés. C’est le système éducatif qui est jugé faillible. Mais nul ne voit ses propres failles.
Dans la revue spécialisée Cairn info, Marwan Mohammed explique que la supervision parentale « permet de détecter les déviances et de dissuader les enfants en développant chez eux “une aversion pour les délits” et une capacité à anticiper les coûts ». Selon ses précisions, « la supervision représente un niveau spécifique du travail éducatif ». Un niveau qui est malheureusement assez négligé au Mali. Une situation qui permet d’expliquer la recrudescence de la délinquance juvénile, de la prostitution des mineurs, des activités sexuelles des mineurs, de la consommation de la drogue, etc.
Des niveaux complémentaires
Se profitant du désintérêt qu’affichent leurs parents vis-à-vis de leur avenir, nombreux sont ces enfants qui s’adonnent à ces pratiques peu catholiques. Parce que l’enfance renvoie à l’incapacité de raisonnement que les enfants ont tendance à imiter tout ce qu’ils voient dans les smartphones, sur les chaînes de télévision sous le manque de vigilance de leurs parents.
Dans une telle situation, comment voulez-vous obtenir des citoyens polis, respectueux des valeurs de la république, de leur communauté. Ce que l’on sème, c’est ce que l’on récolte, dit-on. Alors, pourquoi décharger sa responsabilité sur l’autre ?
Tant que cette absence de contrôle parental subsistera dans ce pays, il est difficile d’espérer parvenir sur une résolution durable des nombreuses crises que le Mali traverse. Car des citoyens mal formés ou plus pétris des valeurs étrangères que des leurs constituent de véritables dangers pour l’émergence de leur État.
L’éducation est une chaîne. Quand une partie se brise, c’est tout le système qui prend un coup dur. La famille, la rue et l’école sont les trois niveaux d’éducation complémentaires que de grands pédagogues de toute l’histoire nous ont enseignés. Mais au Mali, tout semble reposé sur le troisième niveau. La balance est donc déséquilibrée.
Fousseni Togola
Source: Maliweb.net
En savoir plus sur Sahel Tribune
Subscribe to get the latest posts sent to your email.