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Du sommet à la saignée ? Ce que Trump veut vraiment de l’Afrique

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Donald Trump reçoit cinq chefs d’État africains à Washington pour un mini-sommet stratégique du 9 au 11 juillet 2025. Entre intérêts économiques, minerais critiques et rivalités géopolitiques avec la Chine, l’Amérique de Trump revient en Afrique — sans aide, mais avec des deals.

Tandis que les drapeaux claquaient mollement dans l’air climatisé de la Maison-Blanche, Donald Trump, version come-back en costard repassé, recevait cinq chefs d’État africains triés sur le volet. Exit les grandes messes afro-américaines aux allures de sommets de l’OUA new look, place à un mini-format à l’efficacité brutale : cinq présidents, cinq dossiers, et un seul mot d’ordre — business first.

Une poignée de présidents et un monde à prendre

Faye, Ghazouani, Oligui Nguema, Boakai, Embaló. À eux cinq, ils ne représentent ni l’axe du Caire à Johannesburg, ni le PIB du continent. Mais ils incarnent autre chose : des points d’ancrage stratégiques, des littoraux convoités, des terres gorgées de cobalt, de phosphate, d’or noir et de silences utiles.

Le casting est chirurgical, presque cynique. Pas de géants économiques, mais des partenaires malléables. Trump ne veut pas dialoguer avec l’Afrique ; il veut contractualiser avec elle. L’USAID ? Démantelée. La charité ? Enterrée. Place aux joint-ventures et aux royalties.

Le deal, pas la doctrine

Fidèle à lui-même, le magnat-président n’a pas tenté de maquiller son intention. « Des terres précieuses, des gens formidables, un grand potentiel. » L’éloge est flou, mais l’ambition est claire : tordre le cou à l’influence chinoise, reprendre pied sur le golfe de Guinée, s’assurer une main sur les robinets à lithium.

La diplomatie trumpienne, version 2025, est univoque : pas de sermons sur les droits de l’homme, peu d’effusions multilatérales, beaucoup de contrats. Avec le Gabon, un accord de 500 millions sur la potasse. Avec le Liberia, 1,8 milliard pour le rail et le minerai. En Mauritanie, on parle fer et pêche industrielle. Et en toile de fond, une obsession : verrouiller les ports de l’Atlantique pour barrer la route à la flotte chinoise.

Une géopolitique de la pression et du soupçon

L’ironie, c’est que cette main tendue arrive avec un poing dans la poche. À peine le sommet clos, la Maison-Blanche brandit la menace de surtaxes douanières sur les exportations africaines : 30 % pour l’Afrique du Sud, 47 % pour Madagascar. Et dans le même souffle, elle exige que Dakar et Monrovia reprennent leurs migrants expulsés de la frontière mexicaine. Transactionnel, vous disiez ?

Dans ce jeu d’équilibriste, la Chine avance ses pions en silence. 70 % des ports modernes africains sont estampillés Pékin. Xi Jinping promet 51 milliards sur trois ans. La Russie, quant à elle, muscle son jeu avec des conseillers militaires en pagaille et des concessions minières en option.

Entre courtisanerie et méfiance

Diomaye Faye, le plus jeune du club, vend le Sénégal comme une plage à six heures de vol de JFK, golf inclus. Brice Oligui parle transformation locale et souveraineté industrielle. Boakai, lui, sort à peine des limbes post-électorales du Liberia. Tous disent merci. Aucun ne parle des visas, des ambassades fermées ou des silences gênants.

Car ce mini-sommet, s’il a tout d’un geste de séduction, laisse aussi un goût d’asymétrie. Il n’est pas un dialogue entre égaux, mais une démonstration de puissance. Une manière pour Trump de dire : « Vous êtes utiles, je vous tends la main… mais tenez-la bien bas. »

Une photo, quelques contrats, et après ?

La promesse d’un sommet élargi en septembre 2025, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, est sur la table. Reste à savoir si le reste du continent répondra présent — et à quelles conditions.

Car ce mini-sommet, c’est aussi un signal. Celui d’une Amérique qui revient, non pas en sauveur, mais en prospecteur. Un retour sur le continent, au marteau piqueur et au contrat léonin. Loin des discours de compassion, mais plus proche du guichet.

Et au fond, c’est peut-être cela, l’Afrique version Trump : pas un continent à aimer, mais une mine à exploiter.

A.D


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