Le sociologue Bréma Ely Dicko, enseignant-chercheur à l’Université des Lettres et Sciences humaines de Bamako, était l’invité de la Radio France internationale (RFI) ce mercredi 24 juin 2020 dans l’émission « Invité Afrique ». Une occasion pour le sociologue de donner son point de vue sur la crise socio-politque que traverse le Mali depuis des mois.
« Une des solutions aujourd’hui, c’est de dissoudre l’Assemblée nationale et de mettre en place une constituante composée de toutes les catégories socio-professionnelles », recommande Dr Bréma Ely Dicko.
Transition politique
Ce sociologue malien va plus loin. Il juge nécessaire que le chef de l’État discute directement avec le M5-RFP, principale figure de la mobilisation, pour ensuite aller vers « une sorte de transition politique » qui sera dirigée par le chef de l’État lui-même. Selon Dr Dicko, il s’agit d’un gouvernement de consensus avec un Premier ministre de plein pouvoir.
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Cependant, il précise que ce gouvernement ne peut se mettre en place qu’après la dissolution de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, qui sont les deux institutions dont la contestation a précipité cette crise socio-politique.
Se prononçant sur la proposition du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, concernant la formation d’un gouvernement d’union nationale, Dr Dicko estime que cette question est une mesure habituelle qui a montré ses limites.
Faillite de la classe politique
Selon Dr Dicko, c’est « la faillite de la classe politique » malienne qui explique le fait que ce mouvement de contestation soit dirigé par l’imam Dicko. Cette faillite dérive des élections législatives qui ont montré aux Maliens que l’opposition politique et la majorité sont les poissons de la même eau de par les alliances « invraisemblables » qui ont vu le jour durant les élections législatives dernières. Ces alliances ont entraîné une crise de confiance entre les politiques et les citoyens maliens. À l’en croire, même si Soumaila Cissé était libre aujourd’hui, il ne pouvait que se joindre à l’imam Dicko parce que les Maliens ne font plus confiance aux hommes politiques. Soumaila Cissé est une figure importante, fait-il savoir, mais qui n’a pas su incarner ce rôle de chef de file de l’opposition, durant sept ans, et ce malgré un budget de 500 millions de FCFA à sa disposition.
Les causes de la formation du M5-RFP
Aux dires de Dr Bréma Ely Dicko, la force du M5-RFP vient de sa composition hétéroclite. En ce qui concerne les raisons de sa formation, Dr Dicko indique que c’est un « cocktail de causes » qui sont à la base de la formation de ce mouvement : les contestations des élections législatives du 29 mars et du 19 avril 2020 ainsi que de la présidentielle de 2018, la crise scolaire qui a duré sept mois, la dégradation de la situation sécuritaire (au centre du Mali, dans les régions du nord ainsi que dans le sahel occidental). Toutes ces situations cumulées sont à la base de ces manifestations.
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Bréma Ely Dicko ne fait aucun doute que les manifestations récurrentes dans les rues de la capitale malienne, Bamako, ainsi que dans certaines régions, pourraient finir par payer parce que « le nombre s’est élevé et la base s’est élargie ».
Togola
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