En ce 63e anniversaire de l’armée malienne le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a proclamé une mission accomplie lors de son discours télévisé sur l’ORTM le 19 janvier, fusionnant habilement célébration d’anniversaire et conquête territoriale. Dans ce spectacle militaire grandiose où l’improvisation et le « Do It Yourself » (DIY) se transforment en armes redoutables, l’armée malienne émerge comme une héroïne de comédie prête à libérer les territoires.
Ce n’est pas un simple anniversaire, mais plutôt une célébration grandiose aux airs de blockbuster militaire au Mali. Entre les conquêtes territoriales et l’acquisition de moyens roulants et aériens, l’armée malienne célèbre ses 63 ans avec une détermination sans faille. Le colonel Assimi Goïta affirme que cet anniversaire symbolise une « mission accomplie », plongeant ainsi le pays dans un spectacle à la malienne où la libération des territoires s’harmonise avec une créativité débordante.
Un remake de Rambo
Alors que l’armée malienne souffle ses 63 bougies, une question persiste : a-t-elle confondu anniversaire et mission de conquête du gâteau ? Le président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a déclaré avec fierté le 19 janvier 2024 que la mission était accomplie. L’intégrité territoriale est désormais à portée de main, ornée d’un nœud décoratif pour faire bonne figure.
L’année 2023 a été pour l’armée malienne ce que le lundi matin est pour nous tous : éprouvante. Cependant, elle a réussi à démontrer au monde que l’armée malienne n’est pas simplement là pour animer les soirées karaoké des casernes. Sortant de leur zone de confort, les militaires ont décidé d’affronter les terroristes là où cela fait mal. Résultat : la libération de Kidal le 14 novembre 2023, après une décennie d’occupation terroriste, est une victoire mémorable. On peut imaginer les terroristes cherchant désespérément sur Google Maps comment contourner les barrages de l’armée malienne.
Dans son discours passionné devant les forces vives du pays le 15 janvier dernier, le chef suprême des armées a rappelé avec fierté les moments où l’armée malienne a joué son propre rôle dans un remake de Rambo. La reconquête de Kidal n’est qu’une péripétie dans la grande saga des exploits militaires. Ber, Tessalit, Aguelhoc, et même des emprises abandonnées par la Minusma ont été reprises, comme si l’armée malienne faisait son shopping territorial.
Les architectes militaires discutent des plans
Certains clamaient que c’était « une mission au-dessus de nos moyens », selon le président Goïta dans son discours pré-fête de l’armée. Eh bien, l’armée malienne a réussi, presque entièrement, avec ses propres ressources. Les militaires maliens ont fait du Do It Yourself une véritable philosophie de vie, manipulant avec une véritable dextérité des drones et des avions de combat, mettant à feu et à cendres les ennemis de la Nation.
Mais ce n’est pas tout. En plus de reconquérir des territoires, l’armée malienne a décidé de se réinventer. Des réformes et des initiatives ont été mises en place pour améliorer les conditions de travail et de vie des militaires. L’accroissement des effectifs, l’acquisition d’équipements dernier cri, le renforcement des capacités aériennes et terrestres, tout cela contribue à un spectacle militaire digne d’Hollywood, avec pour objectif la reconquête territoriale.
Le chef suprême des armées a même évoqué la poursuite de l’embellissement avec l’ouverture de chantiers de nouveaux camps militaires dans des endroits aux noms exotiques comme Bougouni, Kita, Diéma, San et Koutiala. On imagine déjà les architectes militaires discutant des plans autour d’un café dans une tente de campagne.
Ralentir la vitesse de déplacement des tanks
« Le démarrage de la construction de logements pour nos forces de défense et de sécurité », a-t-il ajouté. Enfin, les militaires auront un toit sur la tête, autre que celui d’une tente de camping. Et pour couronner le tout, des postes de commandement ultramodernes, car la guerre en haute définition, c’est encore mieux.
Tout cela nous rappelle l’héritage des pères fondateurs et le sacrifice de milliers d’hommes qui ont lutté pour faire du Mali un pays « libre et souverain, ancré dans ses valeurs morales, spirituelles et socio-culturelles ». En d’autres termes, un pays où l’on peut manger du riz sans craindre les bombardements.
Le président de la transition garde espoir que le Mali sortira « lentement, mais progressivement de cette longue crise multidimensionnelle ». Espérons simplement qu’ils n’ont pas l’intention de ralentir la vitesse de déplacement de leurs tanks pour y parvenir.
Oumarou Fomba
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