Le Conseil des ministres de ce mercredi 10 juillet 2024 a marqué une étape décisive pour le Mali. Sur le rapport du ministre de l’Économie et des Finances, un projet de décret a été adopté, fixant les principes de la digitalisation des moyens de paiement dans les services publics. Cette annonce s’inscrit dans une dynamique de modernisation et de lutte contre la corruption, mais saura-t-elle répondre aux attentes de la population ?
Le Mali, à l’instar d’autres pays, a connu d’importantes mutations technologiques au cours de la dernière décennie. Ces transformations, bien que nécessaires pour s’adapter à un écosystème de plus en plus complexe et basé sur les solutions numériques, se sont souvent heurtées à des obstacles. « Malgré la disponibilité desdites solutions, un grand nombre d’opérations de paiement de l’État, des établissements publics nationaux, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics continuent de s’effectuer en espèce et par chèque », souligne le communiqué du Conseil des ministres. Une réalité qui freine la fluidité des transactions et ouvre la porte à des pratiques douteuses.
Lutter efficacement contre la corruption et l’enrichissement illicite
Ce projet de digitalisation vise à répondre à plusieurs enjeux cruciaux. En modernisant la gestion des finances publiques, il ambitionne de sécuriser les ressources de l’État, de réduire l’informel et de renforcer l’inclusion financière. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, lors de son déplacement à Sikasso le 22 juin 2024, avait déjà donné le ton. « Désormais, du paiement des contraventions à la police jusqu’à l’accès aux actes de naissance à la mairie, en passant par l’obtention des marchés publics et des certificats de nationalité, tout sera digitalisé avec un accès garanti et sécurisé », avait-il déclaré.
L’objectif affiché est ambitieux : lutter efficacement contre la corruption et l’enrichissement illicite sous toutes ses formes. « Avec la digitalisation de l’administration publique, plus besoin de passer des journées entières sous le soleil, plus besoin de payer des dessous-de-table pour acquérir tel ou tel document », a expliqué Assimi Goïta. Cette promesse, si elle se réalise, pourrait transformer radicalement la vie des citoyens maliens, leur offrant un accès instantané à leurs documents administratifs.
Le gouvernement mise sur les compétences locales pour mener à bien cette révolution numérique. « Ce travail de digitalisation de l’administration publique sera réalisé par des Maliens compétents en informatique », a précisé le Président. Une référence à l’équipe d’experts bénévoles qui avait su récupérer et sécuriser les données de la population malienne, illustrant la confiance placée dans le savoir-faire national.
Une administration plus transparente, plus efficace et plus proche des citoyens
Cependant, des questions subsistent. La mise en œuvre de cette digitalisation sera-t-elle à la hauteur des attentes ? Le Mali est-il prêt à embrasser cette modernité sans laisser personne sur le bord de la route ? Les infrastructures nécessaires sont-elles en place pour garantir un accès équitable à tous les citoyens, y compris ceux vivant dans les zones les plus reculées ?
Le chemin vers une administration totalement digitalisée est semé d’embûches, mais il est aussi porteur d’espoir. En dédiant ses efforts à cette transformation, le gouvernement montre une volonté de changer les choses en profondeur. « Cette évolution numérique facilitera l’accès aux documents pour les citoyens et contribuera au renflouement des caisses de l’État », avait affirmé le Colonel Goïta. Un engagement fort qui devra se traduire par des actions concrètes et efficaces.
La digitalisation des services publics au Mali est une entreprise salvatrice et nécessaire. Elle porte en elle l’espoir d’un futur où l’administration sera plus transparente, plus efficace et plus proche des citoyens. Mais pour que cet espoir devienne réalité, il faudra une mise en œuvre rigoureuse et une volonté politique sans faille. Le défi est de taille, mais les bénéfices en valent la peine. Le Mali est à l’aube d’une nouvelle ère, et il appartient à chacun de contribuer à ce changement.
Oumarou Fomba
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