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Diaspora malienne : assurer une meilleure représentativité pour accroitre leur apport

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Moussa Mara est expert-comptable, homme politique, ancien Premier ministre du Mali. Dans cette tribune, l’écrivain Mara invite à assurer une meilleure représentativité des Maliens de l’extérieur pour accroitre leur apport au pays.

Les Maliens de l’extérieur représentent plusieurs millions de personnes et apportent au pays des moyens indispensables à la survie de millions d’autres compatriotes vivant sur le sol national. À ce titre, ils sont indispensables à la stabilité et à la prospérité de notre pays. Ils pourraient être d’un apport encore plus important si l’État exploite au mieux toutes les opportunités qu’ils offrent.

Cela passe par l’amélioration de leur système de représentation vis-à-vis des autorités maliennes, mais également vis-à-vis des autorités des pays d’accueil. Le dispositif actuel reposant sur les conseils de base et le Haut conseil des Maliens de l’étranger s’est progressivement sclérosé au point de susciter, presque partout, des contestations extérieures et au sein de ces structures. Il s’est également affaibli par une politisation importante finissant par discréditer profondément ses responsables. Il a besoin d’être renouvelé et amélioré de manière approfondie. Les échauffourées et procédures judiciaires qui ont accompagné l’organisation des dernières assemblées générales du Haut conseil des Maliens de l’extérieur illustrent le niveau de défaillance de ce système et l’urgence de le réformer !

Jalons des réformes

Le Gouvernement de transition a posé les jalons des réformes à travers la définition du statut de Malien de l’extérieur et de retour d’émigration. Cela permettra de fixer définitivement qui peut mériter ce titre et qui peut également représenter nos compatriotes de l’extérieur. Le second niveau de réforme devra porter sur leur représentation. C’est à ce titre que le Gouvernement envisage de créer une nouvelle organisation des Maliens de l’extérieur.

Une autre option de réforme est possible et sans doute souhaitable. Elle se basera sur des changements à tous les niveaux de représentation. Elle se traduira par un dispositif de représentation dans les pays d’accueil et un autre dispositif au niveau central. Elle pourra également comporter des suggestions sur d’autres domaines en rapport avec la représentativité de nos compatriotes de la diaspora.

Envisager quelques innovations

Dans chaque pays d’accueil, les Maliens doivent être représentés par des citoyens exemplaires. La liberté d’association consacrée par la Constitution malienne permet de créer ou de militer dans les associations de son choix. Il n’est pas possible de limiter le nombre de groupements des Maliens de la diaspora. Il n’est également pas souhaitable de les inciter à se regrouper dans une superstructure associative. Cela ne fait que déplacer les problèmes des membres au niveau de la structure faitière. Il convient donc de laisser les citoyens animer autant d’associations qu’ils souhaitent et laisser coexister toutes les structures y compris celles ayant vocation à être des regroupements d’organisations (conseil de base, Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne/CSDM…).

En revanche, l’État doit organiser le mode de désignation des responsables des Maliens de la diaspora pour veiller à une représentation légitime et efficace. Ce qui facilitera sa collaboration avec les Maliens de l’extérieur dans chaque pays. Pour ce faire, il peut envisager quelques innovations. Les membres de la diaspora peuvent être appelés à choisir tous les 5 ans des délégués élus nominalement parmi toute personnalité (indépendante ou membre d’association) voulant représenter ses concitoyens de l’extérieur. La liste électorale peut être soit celle des élections présidentielles soit le fichier de tous les titulaires de la carte consulaire. Le nombre d’élus (de 3 à 25 par exemple) dépendra de la population estimée de la diaspora malienne dans le pays. Les élus formeront un collège des délégués de la diaspora malienne du pays d’accueil, chargé de la représenter sur toutes les questions officielles, publiques ou collectives. Le collège désignera un bureau avec au moins un Président, un vice-président et un secrétaire.

Mettre en place une instance centrale

Au niveau central, le dispositif sera une émanation des collèges des pays d’accueil. Le choix des délégués élus par un vote transparent améliorera fortement la représentativité et surtout la légitimité de ceux en charge de travailler avec l’État autour de toutes les questions liées aux Maliens de l’extérieur. Pour renforcer cela et donner un poids plus décisif à ce système de représentation, il faut mettre en place une instance centrale. Ainsi, un conseil des Maliens de l’extérieur peut être créé et composé par les délégués désignés par le collège de chaque pays. Ce conseil peut être composé d’une centaine de membres répartis entre les pays en fonction du nombre de Maliens qui y vivent. Il aura un mandat de 5 ans. Le conseil fonctionnera comme une assemblée qui se réunira une ou deux fois par an. Il mettra en place un organe exécutif de 25 représentants parmi ses membres. Cet organe élira un Président et son ou ses vice-présidents.

C’est cette instance et cet organe qui auront la charge de la question des Maliens de l’extérieur pendant leur mandat et désigneront des représentants à chaque occasion où cela est sollicité (membre d’institutions, de commissions, d’autorités…). L’organe exécutif aura à sa disposition les outils dévolus à cela et la délégation des Maliens de l’extérieur pourrait lui être rattachée. Il aura un statut d’établissement public ou, mieux encore, d’Institution consacrée par un texte, voire mentionnée dans la Constitution. Des textes devront être pris pour mettre en place revoir les dispositifs existants et faciliter la mise en œuvre des réformes nécessaires. Des moyens seront également pour doter la structure de capacités (ressources matérielles, financières et humaines) indispensables.

Dispositif pas contradictoire

Le dispositif ainsi présenté n’est pas contradictoire avec la prise en compte des Maliens de la diaspora dans d’autres institutions l’Assemblée Nationale, le Conseil économique, social et culturel ou encore le Sénat. L’Institution envisagée pourra nommer certains membres et d’autres pourront être élus conformément à la Loi. Il est enfin complémentaire d’une réforme de notre système consulaire en y accordant la priorité aux Maliens résidant à l’extérieur pour pourvoir aux postes de consul.

Nos compatriotes de l’extérieur seront d’une importance stratégique pour le Mali post crise et indispensables à la refondation souhaitée. Nous devons en être conscients et engager ainsi une réforme profonde de leur système de représentation pour qu’ils puissent mettre à la disposition du pays le potentiel insoupçonné dont ils disposent.

Moussa MARA www.moussamara.com


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