Accueil » Blog » A la Une » Des manteaux et des affaires : les coulisses du marché hivernal à Bamako

Des manteaux et des affaires : les coulisses du marché hivernal à Bamako

0 comments 363 views 4 minutes read

En ce mois de février, alors que la température baisse légèrement à Bamako, une effervescence particulière s’empare des marchés de la capitale malienne. Les étals se parent de vêtements chauds : manteaux, pulls, bonnets et même gants. Pourtant, ces articles trouvent preneur, témoignant d’une demande en nette augmentation malgré le faible pouvoir d’achat des clients. Un vent d’opportunité souffle sur les commerçants locaux.

La saison froide s’installe au Mali. Avec l’arrivée du mois de février, considéré comme la fin de la saison hivernale, marqué par des périodes d’une très grande fraîcheur, notamment vers la fin du mois, les habitants de Bamako ressentent le besoin de se protéger contre le froid. Bien que les températures ne descendent pas au niveau des climats tempérés, un 15 ou 18 degrés au petit matin suffit à faire greloter ceux qui y sont peu habitués.

« Les enfants commencent à tousser et à se plaindre du froid le matin en allant à l’école. J’ai donc dû acheter des pulls pour eux. », explique Aïssata Diarra, une mère de famille rencontrée au grand marché de Bamako. Comme elle, de nombreuses familles viennent équiper leurs proches, en particulier les plus jeunes et les personnes âgées, souvent plus vulnérables.

Au-delà de la fonction utilitaire, le port de vêtements chauds est aussi devenu une question de style. De nombreux jeunes se tournent vers les vestes et pulls en tricot. « C’est une manière de se protéger du froid tout en restant stylé. », lance Oumar Guindo, étudiant à l’Université de Bamako, tout en exposant fièrement son pull de Noël.

Une opportunité pour les commerçants

Ce pic de demande au cours de la saison hivernale est une véritable aubaine pour les vendeurs d’habits en général et les vendeurs de pulls en particulier. « C’est pour nous la période idéale pour faire de bonnes affaires. », explique Amadou, un commerçant ambulant de pulls et de moufles rencontré dans les rues du marché Dibidani. « Les vêtements chauds, qu’ils soient de seconde main ou neufs, se vendent bien. En une matinée, j’ai écoulé une dizaine de manteaux. », confie-t-il. Cependant, selon lui, les ventes sont en deçà des attentes par rapport aux années précédentes.

Au grand marché de Bamako, une scène illustre cette effervescence : des clients examinent soigneusement des piles de vêtements pendant qu’un groupe de vendeurs crient les prix au rythme d’un tam-tam. Une cliente, Mariame Cissé, quitte les lieux avec un sac rempli de vêtements pour ses trois enfants. « J’ai négocié durement, mais ça valait le coup pour mes enfants. », dit-elle en souriant.

Les « youkou-youkou », vêtements d’occasion importés en grande partie d’Europe ou d’Asie, dominent le marché grâce à leurs prix abordables. Les prix varient entre 2 500 et 10 000 francs CFA, selon la qualité et l’état des articles.

L’ingéniosité des commerçants locaux

Face à cette hausse de la demande, certains commerçants innovent. Moussa Diarra, tailleur dans le quartier de Magnambougou, a décidé de confectionner des pulls en pagne ou en tissu. « C’est original, et les clients adorent. J’ai déjà reçu plusieurs commandes via les réseaux sociaux depuis la semaine dernière. », dit-il. D’autres misent sur des partenariats avec des grossistes pour renouveler rapidement leur stock.

Mais tout n’est pas rose pour les commerçants. « Je me procure ma marchandise au marché de Sougounikoura ou auprès des importateurs. Les frais ont augmenté récemment, et cela nous oblige à augmenter les prix, ce qui peut faire fuir certains clients. », regrette Mariam Coulibaly, une vendeuse au marché de Kalaban-Coro Plateau.

Takadi Diakité, une autre vendeuse du même marché, partage ce constat : « J’exerce ce métier depuis 10 ans. Je me procure les balles de vêtements importés entre 65 000 et 75 000 FCFA auprès des grossistes. Ce qu’on peut dire, c’est que les prix ont augmenté cette année. Les pulls qu’on vendait autrefois à 1 500 ou 2 000 FCFA, on est obligé de les céder plus cher pour pouvoir renouveler notre stock. »

Une opportunité économique précieuse

Dans un contexte économique parfois difficile, cette demande saisonnière apporte un souffle d’air frais. « Nous savons que cette période est courte, mais elle est cruciale pour nous permettre de réaliser de petits bénéfices et réinvestir dans d’autres produits pendant la saison sèche. », confie Oumou, commerçante au marché de Magnambougou.

Les commerçants espèrent continuer à tirer parti de cet engouement. Et si les températures remontent bientôt, ce moment restera pour eux un bel exemple de l’adaptabilité et de l’ingéniosité des commerçants de Bamako.

Réalisé par Cheickna Coulibaly

Djénéba Yalcouyé, stagiaire


En savoir plus sur Sahel Tribune

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Veuillez laisser un petit commentaire pour nous encourager dans notre dynamique !

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate

En savoir plus sur Sahel Tribune

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture