Home A la Une De la terre de Ségou aux marchés globaux : le parcours des femmes entrepreneures du Mali

De la terre de Ségou aux marchés globaux : le parcours des femmes entrepreneures du Mali

0 comment 830 views

Au Mali, l’entrepreneuriat féminin constitue un pilier fondamental du développement économique et social. Malgré les nombreux défis auxquels elles sont confrontées dans le monde de l’entrepreneuriat, les femmes parviennent à s’imposer et à réussir.

Naviguer dans le monde de l’entrepreneuriat féminin au Mali, c’est comme traverser un fleuve majestueux en pirogue : malgré les courants tumultueux et les vents contraires, ces femmes rameuses, armées de leur détermination et de leur ingéniosité, parviennent à guider leur embarcation vers des horizons prometteurs, illuminant le chemin pour les générations à venir.

La transformation agroalimentaire

L’entrepreneuriat est perçu par les femmes comme un moyen d’épanouissement et d’émancipation. Dans la région de Ségou, nombreuses sont celles, y compris les jeunes filles, qui évoluent dans le secteur informel, bien qu’elles appartiennent également au secteur formel. Cela s’explique par la perception de l’entrepreneuriat comme une activité lucrative. En apportant de nouvelles perspectives et une diversité innovante, elles créent des emplois pour d’autres et contribuent à l’économie locale de leur région.

La majorité se concentre sur la transformation agroalimentaire, visant à promouvoir et valoriser les produits et céréales locaux de la région. Assétou Diarra illustre parfaitement ce propos. Elle a embrassé la transformation agroalimentaire il y a cinq ans. « Les débuts ont été difficiles, j’ai rencontré de nombreux obstacles économiques, notamment pour l’achat de matériel de transformation et pour gagner la confiance en moi. Malgré mon intérêt passionné pour ce domaine, j’ai dû apprendre à maîtriser le processus de transformation », explique Assétou, promotrice de la marque Mira Délice à Ségou. 

Elle affirme que sa détermination lui a permis de surmonter ces défis. « Grâce à une formation offerte par la GIZ, j’ai pu améliorer mes compétences et partager mon savoir avec d’autres productrices en dehors de Ségou. Aujourd’hui, je produis, je forme de jeunes filles et je participe à des foires avec mes produits », ajoute-t-elle avec enthousiasme.

L’entrepreneuriat, un moyen de réduire le chômage

Lancer son entreprise est en soi un défi. Les obstacles sont nombreux, mais elles transforment leurs expériences en succès.

Les femmes entrepreneures jouent un rôle crucial non seulement dans le développement économique, mais aussi dans la transformation sociale. À Ségou, l’entrepreneuriat est également un moyen de réduire le chômage parmi les jeunes, notamment les étudiants de l’université de Ségou spécialisés en agronomie. Aïchata Samaké, promotrice de Sam-Bio et ancienne étudiante de l’université de Ségou, n’a pas manqué l’opportunité d’entreprendre dès sa deuxième année d’études. « Entreprendre était un choix délibéré pour moi. Malgré les difficultés, je les ai transformées en opportunités et en succès pour mon entreprise. Initialement, je faisais face à des problèmes d’approvisionnement en matières premières de qualité et à un manque d’expertise dans le domaine ». Mais, grâce à sa détermination, Aïchata s’en sort bien aujourd’hui. « J’ai réussi à obtenir un financement et des partenariats techniques, et ma production s’est diversifiée avec la transformation de différents fruits locaux en sirops et jus », affirme-t-elle.

Les problèmes d’approvisionnement en matières premières

N’Pènè Traoré, quant à elle, accueille des milliers d’étudiants en stage dans divers domaines tels que la saponification, la teinture, la transformation agroalimentaire et le compostage. Active depuis trente ans, elle a fondé plusieurs associations féminines et des GIE (Groupements d’intérêts économiques) pour promouvoir l’agriculture durable. « L’accès au financement reste un obstacle majeur pour nous, femmes entrepreneures de la région. Malgré cela, je m’efforce d’encadrer ces étudiants qui viennent en stage, et je lutte contre les problèmes de salubrité dans certains quartiers grâce à mon projet de compostage », souligne-t-elle, ajoutant qu’elle rencontre des difficultés pour obtenir les agréments nécessaires à la vente de ses engrais dans tout le pays.

Elle conclut que le soutien de son mari a été essentiel dans son parcours et qu’elle reste ouverte à la création de formations et d’emplois verts pour les jeunes filles et femmes.

De nombreuses femmes s’illustrent dans la transformation agroalimentaire, chacune à sa manière, pour attirer la clientèle. Diodo Sow, présidente nationale des femmes productrices de riz étuvé, souligne l’importance d’accepter les risques d’échec pour mieux entreprendre. « Comme beaucoup d’autres femmes, j’ai été confrontée aux problèmes d’approvisionnement en matières premières, de conservation et de commercialisation du riz étuvé, ainsi qu’à la concurrence commerciale », précise-t-elle.

Soutenir l’entrepreneuriat féminin

Pour le développement d’un pays, il est crucial d’investir dans l’entrepreneuriat, de promouvoir l’équité dans l’accès au financement et de contribuer à la prospérité de l’économie locale. Les femmes jouent un rôle de moteur de changement positif.

« Pour soutenir l’entrepreneuriat féminin, il est important de mener des actions de sensibilisation et d’éducation. Encourager les filles et les femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat nous permet de contribuer à la diminution des stéréotypes de genre », indique Mariama Kouyaté, transformatrice agroalimentaire dans la commune rurale de Sébougou et défenseure des droits des femmes.

Rencontrées lors de la dixième édition du Salon de financement agricole (FINAGRI), du 6 au 8 mars 2024, dans la cité des Balazans, ces femmes ont partagé les immenses défis auxquels elles sont confrontées aujourd’hui. Malgré leurs efforts personnels et collectifs pour la prospérité de l’économie locale, elles rencontrent encore des difficultés telles que l’accès limité au financement et à la formation, ainsi que les barrières culturelles et sociales. Toutefois, avec un soutien financier adéquat, elles peuvent transformer ces défis en opportunités et contribuer significativement à l’économie nationale et locale.

Fatoumata Z. Coulibaly

Leave a Comment

A propos

Sahel Tribune est un site indépendant d’informations, d’analyses et d’enquêtes sur les actualités brûlantes du Sahel. Il a été initialement créé en 2020, au Mali, sous le nom Phileingora…

derniers articles

Newsletter

© 2023 Sahel Tribune. Tous droits réservés. Design by Sanawa Corporate