La COP29 s’est ouverte à Bakou, ce lundi 11 novembre 2024 avec des enjeux cruciaux pour l’avenir climatique du Sahel, pris entre crises climatiques, sécuritaires et promesses de financements.
La COP29 s’est ouverte ce lundi 11 novembre 2024 à Bakou, et représente bien plus qu’une énième réunion sur le climat. Elle se situe à la croisée des enjeux climatiques, économiques et géopolitiques d’une ère marquée par des conflits croissants et une instabilité mondiale exacerbée. Ce sommet pourrait être décisif pour fixer un cadre financier ambitieux en faveur des pays en développement, permettant ainsi de rétablir une certaine équité dans les engagements climatiques.
Mais que signifie réellement cette rencontre pour des régions comme le Sahel, qui font face à une double menace climatique et sécuritaire ? Le Sahel, connu pour ses vastes étendues arides, lutte pour sa survie contre la désertification et l’insécurité croissante. Les solutions de financement et les outils de résilience que propose la COP29 se révèlent donc cruciaux pour ces territoires. Cependant, il est légitime de s’interroger : ces promesses de financement et de soutien atteindront-elles réellement les zones les plus vulnérables, comme le Sahel, ou resteront-elles une abstraction pour les populations locales ?
Engagements financiers : des promesses à la réalité
À la COP29, l’objectif est de revoir les contributions déterminées au niveau national (CDN) pour contenir le réchauffement sous 1,5 °C. Le financement de l’adaptation figure parmi les priorités, avec une pression accrue sur les pays développés pour doubler les financements. Néanmoins, les grandes questions sont là : à quel point ces engagements peuvent-ils être contraignants ? Le Sahel, souvent en marge des grandes décisions internationales, souffre déjà de l’insuffisance des financements climatiques qui se perdent dans les méandres des processus bureaucratiques.
Les initiatives climatiques ciblant le Sahel nécessitent une approche directe et adaptée, allant au-delà des promesses de financement global. L’expérience montre que les financements pour le climat ne parviennent que rarement à soutenir les projets locaux dans des régions aussi reculées et instables. De plus, les mécanismes complexes de distribution des fonds, souvent centralisés et bureaucratiques, sont peu compatibles avec la nature urgente des besoins des populations sahéliennes.
Le Sahel en quête de résilience
La question de la résilience climatique est cruciale pour le Sahel, région exposée aux extrêmes de désertification, de déforestation et de pauvreté. Les habitants de cette région ont vu leurs moyens de subsistance, souvent basés sur l’agriculture et l’élevage, s’éroder sous l’effet des changements climatiques. Les engagements pris à la COP29 en matière d’adaptation devront inclure des solutions concrètes, comme l’accès à des technologies agricoles résilientes, des systèmes d’irrigation adaptés et des projets de reboisement.
La transition énergétique et les infrastructures pour résister aux chocs climatiques se révèlent essentielles. Pour que le Sahel puisse stabiliser ses économies locales, l’investissement dans des énergies renouvelables, adaptées à des régions ensoleillées et arides, est fondamental. Cependant, le chemin à parcourir reste semé d’embûches : l’insécurité et les conflits armés compliquent l’implantation de projets de grande envergure et la collaboration avec des partenaires étrangers.
Un enjeu géopolitique mondial
Le Sahel, avec sa position stratégique entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne, se trouve au cœur des tensions internationales, et la COP29 ne pourra ignorer cette réalité. La région est de plus en plus perçue comme une zone d’influence par plusieurs grandes puissances, notamment la Russie et la Chine, qui avancent des solutions alternatives au soutien traditionnel de l’Occident. Dans ce contexte, la COP29 pourrait aussi devenir une scène de rivalité géopolitique où chaque acteur cherche à promouvoir son modèle de coopération.
Cependant, l’influence étrangère ne doit pas détourner l’attention des besoins fondamentaux du Sahel. Si les discussions de la COP29 n’incluent pas une perspective pragmatique sur les réalités régionales, il est probable que le Sahel continue d’être instrumentalisé pour des gains politiques, sans voir de réels bénéfices pour ses populations.
En quête d’une justice climatique pour le Sahel
La COP29 devra aller au-delà des simples déclarations d’intention et répondre aux aspirations d’équité et de justice climatique, particulièrement pour des régions comme le Sahel, qui paient le prix fort des émissions des pays industrialisés. Les crises multiples qui frappent cette région — qu’elles soient climatiques, sécuritaires ou économiques — ne peuvent plus être traitées de manière isolée. La communauté internationale doit s’engager dans une approche holistique et inclusive, reconnaissant le droit des pays sahéliens à des financements dédiés et à des solutions qui respectent leur autonomie et leurs priorités.
Alors que les représentants du monde entier se réunissent à Bakou pour dessiner les contours de l’avenir climatique, la question reste entière : le Sahel, symbole de la vulnérabilité mondiale face aux changements climatiques, trouvera-t-il enfin des réponses adaptées à ses défis ? Pour que la COP29 soit un succès, elle devra transformer les promesses en actions, les financements en réalisations et les slogans en solutions concrètes. Le Sahel, avec son équilibre fragile, attend non pas des promesses lointaines, mais un engagement immédiat et tangible pour faire face à l’avenir incertain qui l’attend.
Chiencoro Diarra
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