En moins de six (6) mois, après sa prise de fonction, le président nigérien, Mohamed Bazoum tient des propos qui fâchent Bamako pour la deuxième fois. Son prédécesseur, aussi.
« Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire », nous apprend un proverbe célèbre. Une parole de sagesse qui souligne que la liberté d’expression a des limites. Certes, l’on a le droit de penser et communiquer le contenu de nos pensées, mais l’on doit veiller aux circonstances. Veiller à ne pas porter atteinte à l’autre dans son intégrité.
En défenseur de la France ?
Toute parole susceptible de mettre le feu aux poudres, à entraîner une déstabilisation ou tout simplement à mettre en cause la quiétude d’une nation, à un certain moment de son existence, ne doit pas être prononcée. Cette sagesse aurait manqué au président nigérien, Mohamed Bazoum, lors du sommet des chefs d’État du G5 Sahel, vendredi 9 juillet 2021.
« Il ne faut pas permettre que des militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que des colonels deviennent des ministres et des chefs d’État. Qui va faire la guerre à leur place ? » La situation au Mali ne se prête pas à une telle déclaration, surtout de la part du chef d’État nigérien.
Diversement commentée au Mali, cette affirmation pourrait être assimilée à une incitation à la violence ou à une déstabilisation politique et institutionnelle d’un pays confronté déjà à une crise multidimensionnelle. Où est donc passée cette solidarité qui devrait exister entre les pays africains, notamment ceux du G5 Sahel ? Le président Bazoum se serait-il porté défenseur du président français, Emmanuel Macron, contre son homologue malien, qui a invité à une révision de l’Accord de coopération militaire qui lie son pays à la France ?
Issoufi sur le statut de Kidal
Dans un pays qui traverse, depuis 2012, une crise sécuritaire, autour de laquelle existent le plus souvent des manifestations de mécontentement, ces affirmations peu diplomatiques ne devraient relever que d’un dérapage de langage.
Mais il n’en est point le cas, puisque ce n’est pas la première fois que le président Bazoum fâche Bamako dans ses déclarations. Lors de son investiture, en avril 2021, n’avait-il pas déjà laissé entendre que « La situation [ndlr] au Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure » du Niger ?
Avant lui également, en août 2019, Mahamadou Issoufou, alors président du Niger, avait lancé une attaque ciblée contre le Mali : « Le statut de Kidal, au Mali, nous pose problème. Kidal est un sanctuaire pour les terroristes, et ceux qui nous attaquent s’y replient souvent. Kidal est une menace pour le Niger et il faut impérativement que l’État malien y reprenne ses droits ».
Ces critiques incessantes des autorités nigériennes contre leurs homologues maliennes pourraient porter un coup dur à la coopération entre ces États, si l’on ne prend garde. Une coopération pourtant nécessaire pour la stabilisation de toute la région. Finalement, on pourrait s’interroger des raisons réelles de telles attaques répétitives.
Fousseni Togola
Cet article a été initialement publié sur le site de Maliweb. Il a été repris et relu par Sahel Tribune.
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