Depuis une semaine, le Burkina Faso vit une situation de confusion sans précédent. Les esprits sont embrouillés, les têtes perplexes. Dans ce climat d’incertitude, la communication des autorités de la transition laisse à désirer. Mais face à une crise de cette ampleur, le silence n’est point la posture adaptée. Une communication maîtrisée et proactive sur la situation s’impose pour mettre fin à la diffusion effrénée des fake news, souvent résultantes du manque ou de la rétention d’information.
Certains évoquent déjà la possibilité d’un nouveau coup d’État au Burkina Faso. Si cela s’avère vrai, ce serait le troisième en peu de temps, précipitant ainsi le pays des hommes intègres dans un abîme d’incertitude. Dans ce contexte, le silence n’est point une posture adaptée. En effet, le manque d’informations officielles laisse la porte ouverte à la prolifération des fake news, créant un terrain fertile pour toutes sortes de spéculations et de théories du complot. Les rumeurs d’un nouveau coup d’État, si elles venaient à se confirmer, marqueraient la troisième rupture politique en peu de temps, plongeant le pays des hommes intègres dans une situation encore plus incertaine.
Des doutes et des spéculations
Les conséquences d’une telle instabilité ne se limiteraient pas aux frontières du Burkina Faso. Toute nouvelle rupture politique dans l’un des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), créée en septembre 2023 et composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, risque d’avoir des répercussions graves sur l’ensemble de la région. Les États voisins, déjà fragilisés par des conflits internes et des menaces jihadistes, pourraient se retrouver plongés dans une crise régionale sans précédent.
Ce mardi 18 juin, nous apprenions que des soldats maliens avaient été déployés à Ouagadougou. Cette information, loin de clarifier la situation, ajoute une couche supplémentaire de complexité. Pourquoi ces renforts sont-ils nécessaires ? Est-ce pour soutenir le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, ou pour préparer une « rectification de la transition » à la manière de ce qui s’est passé au Mali ?
La confusion atteint son paroxysme avec l’annulation du Conseil des ministres prévu le 19 juin. Une annulation qui, en l’absence de communication officielle, laisse libre cours à toutes les interprétations. Le président de transition, quant à lui, est resté silencieux et presque invisible depuis l’attaque de Mansila, n’apparaissant brièvement que pour la fête de la Tabaski et le vendredi dernier lors d’un don de sang. Un silence qui, loin de rassurer, alimente les doutes et les spéculations.
Apaiser les tensions et éviter la propagation de fausses informations
Il est urgent que les autorités de transition adoptent une communication transparente et proactive. Informer clairement la population sur la situation réelle et les mesures en cours est indispensable pour contrer les fake news et restaurer un climat de confiance. Ce n’est qu’à cette condition que le Burkina Faso pourra espérer retrouver une certaine stabilité et éviter une nouvelle dégringolade dans l’inconnu.
Les déclarations officielles, telles que celle de l’armée burkinabè qui a tenté de rassurer en niant les rumeurs de mutineries, sont un pas dans la bonne direction, mais elles restent insuffisantes. La population a besoin de plus que de simples démentis : elle a besoin de comprendre ce qui se passe réellement et quelles sont les intentions de ses dirigeants. Seul un dialogue ouvert et continu peut permettre de dissiper le brouillard actuel et de naviguer vers des eaux plus calmes.
Face à une telle crise, le silence n’est pas d’or. Une communication maîtrisée, claire et continue est essentielle pour restaurer la confiance et maintenir la cohésion nationale. C’est le défi auquel les autorités de transition doivent impérativement répondre pour éviter que le Burkina Faso ne sombre davantage dans la confusion et l’incertitude.
Face à cette crise, le silence n’est pas une option. Une communication claire et proactive est essentielle pour apaiser les tensions et éviter la propagation de fausses informations. Les autorités de transition doivent sortir de leur mutisme et informer le peuple burkinabè sur la réalité de la situation.
Chiencoro Diarra
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