Le tribunal correctionnel d’Abidjan a rendu son verdict contre Guillaume Soro ce mardi 28 avril 2020. Il lui est reproché des faits de corruption remontant à son mandat de Premier ministre. Cette décision est le début d’une longue marche.
20 ans d’emprisonnement, 4,5 milliards F CFA d’amendes, confiscation de maison et privation de droits civiques pour 5 ans, voilà la peine retenue contre Guillaume Soro, ancien premier ministre et président de l’Assemblée nationale ivoirienne, par le tribunal correctionnel d’Abidjan.
Utilisation frauduleuse de biens publics
Accusé d’avoir acheté sa résidence d’Abidjan avec des fonds publics lors de son mandat de Premier ministre de 2007 à 2012, le candidat à la présidentielle d’octobre 2020 risque de ne pas pouvoir participer à ce scrutin.
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Quelques minutes après cette condamnation, Guillaume Soro s’est prononcé sur le verdict : « C’est une sentence qui ne nous émeut absolument pas. La parodie de procès à laquelle nous avons assisté ce jour est la preuve ultime que l’État de droit est définitivement enterré par Alassane Ouattara ». À l’en croire, cette décision n’est que le fruit d’une manipulation de la justice par Alassane.
Pourtant, le mercredi 22 avril 2020, la Cour africaine des droits de l’Homme avait ordonné à la Côte d’Ivoire de « surseoir à l’exécution du mandat d’arrêt émis contre Guillaume Kigbafori Soro ». La Cour demandait de même pour les 19 proches de M. Soro incarcérés depuis quatre mois.
Coup dur
Cette condamnation, si elle s’exécutait par suite d’appel infructueux des avocats de Soro, à quelques encablures des élections présidentielles prévues pour octobre 2020, pourrait être un coup dur pour Soro.
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Néanmoins, on pourrait se demander si cette condamnation n’est pas une manœuvre politique. Ne s’agit-il pas d’une technique utilisée pour museler Soro ? Sans réussir à donner la moindre réponse positive à ces interrogations, il convient tout de même de rappeler cette réaction de l’ex-Premier ministre ivoirien suite à la renonciation de Alassane à se présenter pour un troisième mandat : « ce régime [celui de Alassane Ouattara ndlr] ne se contente pas de museler ses opposants, d’emprisonner des députés sans la levée de leur immunité parlementaire, ni de mettre la Justice à sa botte : il manipule notre Loi fondamentale, trois ans seulement après son adoption par référendum, en la triturant au nom de petits calculs électoralistes. »
Peur au ventre
Suite à cette condamnation de Soro, il y a toutes les raisons d’avoir la peur au ventre pour les élections présidentielles d’octobre. On se rappelle les violences qui ont eu lieu en décembre 2019 juste parce que le retour de Soro à Abidjan a été avorté. De cet avortement, si on en vient à la condamnation, la tenue d’élection paisible en octobre prochain ne peut que laisser planer des doutes. Cette situation qui se passe en Côte d’Ivoire aujourd’hui risque de se tourner au vinaigre. Car Soro n’est pas homme à se laisser faire.
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En effet, la lutte semble être engagée. « Je lui dis que cette décision ne nous ébranle pas. Je considère ce verdict comme un non-événement, je maintiens ma candidature à la présidentielle et je demande à tous mes partisans de demeurer mobilisés et de continuer le travail de mobilisation et d’implantation », rassure Soro.
Toutefois, il importe de signaler que les faits qui lui sont reprochés, s’ils sont justifiés, sont condamnables. En effet, il s’agit bien d’un phénomène assez fréquent dans les démocraties africaines. S’il faut chercher aujourd’hui une épine qui fait trainer les pieds des démocraties du continent, c’est bien la corruption.
Oumarou
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