La Charte de la transition ne fait pas encore d’unanimité. Le M5-RFP, constatant plusieurs irrégularités dans les conclusions présentées le 12 septembre 2020 au Centre international de conférences de Bamako (CICB), se démarque du contenu.
Le M5-RFP semble ne pas avoir enterré sa hache de guerre. Suite à la lecture du document final des concertations nationales des 10, 11 et 12 septembre 2020 au CICB, samedi 12 septembre dernier, le M5 a dénoncé la non-conformité de plusieurs points de la Charte de transition dont le contenu est issu des travaux des différents groupes. À en croire ce Mouvement né le 5 juin 2020 pour contester le régime IBK, la reconnaissance du rôle du M5-RFP et des martyrs dans la lutte du Peuple malien pour le changement ; le choix majoritaire d’une transition dirigée par une personnalité civile ainsi que le choix d’un Premier ministre civil n’ont pas été pris en compte dans la Charte.
Dans sa déclaration, le M5-RFP dénonce également les prérogatives du Vice-président de la transition ; la composition et le mode de désignation des membres du collège de désignation du Président de la transition ainsi que l’acte fixant la clé de répartition entre les composantes du Conseil National de Transition. Ce n’est pas tout, le M5 condamne également la non-prise en compte unilatérale de plusieurs de ses propositions qui n’avaient fait l’objet ni de rejet encore moins de réserve dans aucun groupe. Il s’agit entre autres : des Assises Nationales pour la Refondation ; l’organe de gestion du mécanisme de veille sur la Transition ; de la Cour Constitutionnelle ; du Haut Conseil Consultatif ; de la Cour des comptes ; des dispositions à valeur constitutionnelle en faveur de l’accès des femmes et des jeunes aux fonctions électives et nominatives et en faveur des personnes vivant avec un handicap ; l’autorité unique indépendante assurant la régulation de la communication audiovisuelle ; la prolongation des délais de garde à vue en cas de présomption de terrorisme et d’atteinte à la sureté nationale ; la nomination des responsables administratifs et financiers ou questeurs des Institutions de la République par décret pris en Conseil des ministres et la reconnaissance des mécanismes traditionnels de règlement des litiges fondés sur les us et coutumes des différentes communautés.
Précisons également que les conclusions finales présentées ont été contestées par Mme Sy Kadiatou Sow. Selon celle-ci, le M5-RFP n’est pas prêt à accepter la charte en l’état actuel. « S’il n’y a pas de débats sur ce qui vient d’être présenté et que les choses se passent correctement, de façon démocratique, qu’on puisse enregistrer les observations, les réactions des uns et des autres, nous n’approuverons pas cette charte », a -t-elle fait savoir. À l’en croire, cette modification de la Charte est une tentative de confiscation du pouvoir par le CNSP.
Toutefois, des partis politiques ont apprécié le contenu de la Charte. Tel est le cas du Bureau politique national de l’Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques, ASMA–CFP, qui, dans un communiqué, a apporté son soutien à la Charte de la transition. Ce parti salue « l’esprit patriotique et le sens du dialogue qui ont prévalu lors de ces assises ainsi que la maturité dont les participants ont fait montre ». Néanmoins, le parti de Soumeylou Boubeye Maiga fait des recommandations. Il invite l’ensemble des acteurs à s’engager dans la « voie ainsi tracée pour la sortie de crise ». Il invite également la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à accompagner le peuple malien sur cette voie.
Bakary Fomba, stagiaire
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