En Guinée, les évènements tragiques du samedi 22 juin 2024 ont mis en lumière les sombres réalités d’un pouvoir militaire autoritaire. Le colonel Sadiba Koulibaly, ancien chef d’état-major général des armées, est mort en détention dans des circonstances troubles.
Condamné à cinq ans de prison pour « désertion et détention illégale d’armes » seulement une dizaine de jours avant son décès, Koulibaly était l’une des figures les plus connues des militaires du CNRD. Sa mort, officiellement attribuée à un arrêt cardiaque, suscite de vives contestations.
Trois jours se sont écoulés avant que le parquet du tribunal militaire de Conakry n’annonce la mort du colonel. Le rapport d’autopsie pointe du doigt un possible psycho-traumatisme et un stress prolongé, mais les zones d’ombre persistent. Me Lancinet Diabaté, l’un des avocats de Koulibaly, rejette la version officielle, affirmant que son client était en bonne santé avant son incarcération. Cette détention dans un lieu tenu secret, loin des prisons officielles, ajoute à l’opacité de l’affaire.
Les circonstances entourant la mort de Koulibaly sont autant de signes d’une gestion brutale du pouvoir. Le communiqué du parquet militaire indique une mort à l’hôpital Ignace Deen, mais le retard de deux jours dans la signature du certificat de décès alimente les suspicions. Cette situation reflète la tension palpable au sein d’une Guinée où les promesses de transition démocratique semblent de plus en plus illusoires.
Réflexion urgente sur l’état des droits humains en Guinée
Le colonel Sadiba Koulibaly, rétrogradé récemment et condamné pour des accusations controversées, était considéré comme le numéro 2 des autorités au pouvoir, après le coup d’État de 2021. Son décès en détention survient dans un contexte où l’opposition critique sévèrement le régime du président Mamadi Doumbouya. Les autorités de transition, sous pression internationale, avaient promis de rendre le pouvoir aux civils d’ici fin 2024, mais ce transfert semble désormais repoussé à une date indéterminée.
La mort de Koulibaly, qui a été arrêté pour avoir, selon l’accusation, abandonné son poste sans autorisation et possédé des armes illégales, est un symptôme inquiétant d’un système où la répression règne. Devenu chargé d’affaires à l’ambassade guinéenne à Cuba, il était revenu en Guinée pour réclamer des salaires impayés, un geste qui lui a valu une arrestation brutale.
Dans cette atmosphère de crispation intense, la mort de Koulibaly résonne comme un cri d’alarme. Elle rappelle que dans les méandres du pouvoir guinéen, l’opposition, la transparence et les droits fondamentaux sont souvent les premières victimes. Cette situation critique appelle à une réflexion urgente sur l’état des droits humains en Guinée et sur l’urgence de réformes profondes pour instaurer une véritable démocratie.
Oumarou Fomba
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