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Cocaïne à l’aéroport de Bamako : dans les valises muettes d’une passeuse présumée

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Un flair bien affûté, des valises suspectes, une passagère énigmatique au fort accent étranger. Dans la nuit du 12 juillet, la Cellule aéroportuaire anti-trafics de l’Office central des stupéfiants a mis la main sur plus de 4 kilos de cocaïne à l’aéroport de Bamako. Une affaire aux relents transfrontaliers, symptomatique d’un fléau en mutation.


Les valises n’ont rien dit, mais leur fond dissimulait bien plus qu’une simple garde-robe. Ce 12 juillet 2025, un peu avant minuit, dans l’ambiance feutrée du hall de départ de l’aéroport international Président Modibo Keïta de Bamako, les agents de la Cellule aéroportuaire anti-trafics (CAAT-AOCS) ne s’attendaient sans doute pas à tomber sur ce qu’ils allaient découvrir : 4,20 kilos de cocaïne, habilement compartimentés, invisibles à l’œil nu mais pas au regard entraîné des professionnels de l’Office central des stupéfiants (OCS).

Le profil d’un maillon, pas d’une tête de réseau

La candidate au voyage, une femme d’une quarantaine d’années, malienne de nationalité mais au phrasé étrangement exotique, avait pour destination finale Casablanca. Son nom : M.C. – les initiales, seules, ont filtré, comme pour maintenir encore le mystère sur cette passagère qui jure ne pas savoir ce qu’elle transportait. 

Aux enquêteurs, elle a juré la main sur le cœur n’avoir rien à voir avec les deux valises. Elle les aurait reçues, dit-elle, d’une autre femme, domiciliée à Bacodjicoroni, un quartier périphérique de Bamako où se mêlent promiscuité et ombres du trafic informel.

En creux, se dessine le schéma classique des filières de narcotrafic transsaharien : des passeurs-relais, des valises livrées sans questions, des routes tissées entre les ports de l’Afrique de l’Ouest, les aéroports relais du Maghreb, et les marchés d’Europe ou du Moyen-Orient. M.C. ne semble être qu’un pion dans un échiquier plus vaste. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que les agents de la CAAT déjouent une telle tentative : depuis le début de l’année, plusieurs saisies ont déjà eu lieu, preuve que le Mali, par sa position géographique, reste une zone de transit convoitée.

Un trafic en mutation, une vigilance qui se muscle

Dans son communiqué du 14 juillet 2025, l’OCS ne cache pas sa satisfaction. L’opération, qualifiée de « conduite avec professionnalisme », met en évidence l’efficacité d’une cellule désormais rompue aux techniques les plus sophistiquées du contre-trafic. Mais elle souligne aussi l’ampleur du défi : la drogue, plus que jamais, circule sous des formes multiples, portée par des visages ordinaires, recrutés dans l’anonymat de quartiers périphériques, souvent pour quelques centaines de milliers de francs CFA.

L’affaire est désormais entre les mains de la justice. Une enquête est en cours pour identifier la mystérieuse intermédiaire de Bacodjicoroni et démanteler l’ensemble du réseau. Une certitude : à Bamako-Sénou, la vigilance n’est pas près de baisser. Car la cocaïne, discrète et destructrice, ne prend jamais de vacances.

La rédaction 


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