Home Politique Bréma Ely Dicko : « L’équipe de transition n’a d’autre choix que de réussir »

Bréma Ely Dicko : « L’équipe de transition n’a d’autre choix que de réussir »

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Le processus de retour à l’ordre constitutionnel se poursuit à pas de géant au Mali. Après la Nomination du président et du Premier ministre de la transition, le gouvernement a été mis en place, lundi 5 octobre 2020. Dans le nouveau gouvernement, les femmes et les jeunes sont sous-représentés. Nous avons rapproché Dr Bréma Ely Dicko, professeur de sociologie au Mali. Il nous donne ses appréciations.

Phileingora : quelle appréciation faites-vous de la sous-représentativité des femmes dans le gouvernement de la transition ?

Dr Bréma Ely Dicko : tout d’abord, je me réjouis qu’on ait enfin un gouvernement. Puisque depuis le 11 juin 2020, le Mali n’avait pas de gouvernement. Dans un pays en crise, avec le coronavirus, l’insécurité, il était important d’avoir enfin un gouvernement. Parce que les secrétaires généraux qui assuraient la continuité de l’Etat étaient limités pour la prise de certaines décisions.

C’est vraiment dommage que les femmes soient sous-représentées. Parce que nous avons la loi 052 qui exige un quota de 30 % pour les femmes dans un pays où celles-ci représentent 51 % de la population. On aurait pu respecter les 30 %. De même, les jeunes auraient pu davantage être sollicités. Ce qui n’a pas été le cas. Qu’à cela ne tienne, il y a quand même des personnalités qu’on a pu nommer dans le gouvernement qui sont crédibles et connues pour leurs expertises. On n’a pas vu les anciens noms revenir non plus. Ce qui signifie qu’il y a eu un renouvellement. Aussi l’entrée des groupes signataires et la plateforme est un élément qui rassure. C’est un bon signal qui peut favoriser la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger qui a été signé depuis 5 ans.

Cette sous-représentativité des femmes et des jeunes ne pourrait-elle pas conduire à une déstabilisation dans les jours à venir ?

Pas du tout. Le nouveau gouvernement va mettre rapidement en place une feuille de route. Je pense qu’ils ont pris conscience des défis qui sont les leurs et ils seront jugés aux résultats. Ils ont l’obligation de réussir. Le parlement qu’on va mettre en place, le Conseil national de transition, va s’attaquer aux réformes institutionnelles nécessaires. Les jeunes et les femmes pourront d’ailleurs jouer un rôle majeur dans ce Conseil national de transition.

L’équipe de transition n’a d’autre choix que de réussir.

Une centaine de terroristes a été libérée par les autorités maliennes avant la mise en place de ce gouvernement. Y’a-t-il un rapport entre ces deux faits ?

Pas vraiment ! Vous savez, depuis six mois, un Comité de crise a été mis en place par l’URD ; une cellule aussi qui s’occupe de la libération de Soumaïla Cissé, présidée par l’ancien Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, a été mise en place. Les pourparlers ont commencé et le CICR, par son intermédiaire, a réussi à ramener un courrier pour la famille de Soumaïla. C’est pour dire que les contacts n’ont pas été rompus.

Je pense que les militaires ont conscience qu’il faut renforcer leur légitimité en travaillant à la libération de Soumaïla, qui est aussi une des revendications du M5-RFP et aussi du FSD de façon générale. Cela participe aux mesures de confiance entre les nouvelles autorités et les groupes terroristes qui détiennent Soumaïla et aussi Sophie Pétronin.

Cette libération de terroristes n’aura-t-elle pas de conséquence sur la sécurité au Mali ?

Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Cette libération a des conséquences. Puisque la plupart des personnes qu’on a arrêtées sont des gens qui n’ont pas été jugés. Donc c’est des présumés terroristes. Ils étaient arrêtés, certains pour deux ans, trois ans ; d’autres pour quatre ans. Lorsqu’ils sont libérés et qu’il s’avère qu’ils étaient innocents au moment de leur arrestation, j’imagine que les deux années passées en prison pourraient changer leur comportement vis-à-vis de l’État. Donc, cela peut créer un ressentiment. Ce qui pourrait les pousser vers les groupes terroristes auxquels on leur a rattaché pour pouvoir se venger. En même temps, si c’est eux qui détiennent Soumaïla et que c’est une condition pour le libérer, il faudrait faire avec. C’est un risque qu’il faut prendre aussi.  

Réalisée par Fousseni Togola


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