Instauré en 1995, le Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion en octobre répond au besoin de soutenir les Maliens face aux difficultés de fin de saison des récoltes et à l’épuisement des ressources de l’année. Ce rendez-vous annuel témoigne de l’engagement collectif pour venir en aide aux plus démunis dans un esprit d’entraide et de résilience nationale.
Le Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion au Mali, une initiative lancée en 1995 par le président de la République d’alors Alpha Oumar Konaré, est devenu en trois décennies un moment clé du calendrier social malien. Chaque année, le mois d’octobre prend des allures de campagne nationale de solidarité, rappelant aux citoyens maliens l’importance de l’entraide et du soutien mutuel. Instauré à une période où les réalités économiques et les défis climatiques sont particulièrement éprouvants pour la population, ce mois est un moment de mobilisation qui transcende les clivages politiques, économiques, et sociaux pour faire place à une solidarité authentique et nécessaire. Cette initiative, qui tire sa force de la résilience et de l’entraide sociale, incarne les valeurs d’humanisme et de fraternité dont le Mali a toujours été le défenseur.
Les raisons derrière l’institution de ce mois de la solidarité
Les raisons ayant motivé le choix du mois d’octobre pour célébrer cette solidarité sont particulièrement bien fondées et restent d’actualité. Ce mois correspond en effet à une période de transition souvent difficile pour les ménages maliens. C’est la fin de la saison des pluies, et alors que les récoltes des champs ne sont pas encore prêtes, les stocks de la saison précédente s’épuisent. De nombreuses familles, notamment en milieu rural, se retrouvent à devoir rationner leurs dernières réserves en espérant que la récolte à venir soit généreuse. Cette période de soudure, comme on l’appelle, est marquée par des difficultés alimentaires pour les foyers les plus vulnérables, et la solidarité devient une nécessité pour assurer une aide aux plus démunis.
Sur le plan financier, le mois d’octobre est aussi celui de la fin d’année budgétaire. Les finances publiques sont souvent réduites à cette période, car les budgets alloués pour l’année en cours touchent à leur fin, tandis que les nouvelles allocations pour l’année suivante sont encore en discussion et n’ont pas été mises en application. Le contexte économique devient d’autant plus délicat que la conjoncture actuelle est elle-même marquée par des défis sans précédent, entre les conflits internes, l’insécurité qui s’étend à plusieurs régions, et une crise alimentaire accentuée par les inondations de ces derniers mois.
Une reconnaissance, un respect envers ces familles endeuillées
En 2024, le mois de la solidarité prend une résonance encore plus profonde. Les pluies diluviennes de la saison des pluies ont provoqué des inondations dans plusieurs régions, causant des pertes matérielles énormes pour les familles touchées. Des milliers de personnes ont perdu leurs habitations, leurs cultures, leurs moyens de subsistance. Elles se retrouvent aujourd’hui dans des refuges temporaires, des écoles transformées en abris, ou des camps de fortune faits de tentes. Leur quotidien est marqué par l’incertitude et la précarité, et l’aide humanitaire reste insuffisante face à l’ampleur de leurs besoins. Ces sinistrés, dont les moyens de survie ont été balayés par les eaux, vivent dans des conditions précaires et doivent souvent tout reconstruire à partir de rien. La solidarité nationale devient ici un pilier de survie, permettant d’apporter aux sinistrés un peu de réconfort, un espoir de renouveau.
Ce contexte d’urgence ne se limite pas aux conséquences des intempéries. Le Mali est en guerre, et cette réalité impose un lourd tribut à de nombreuses familles. Des milliers de personnes ont été contraintes de quitter leurs foyers pour fuir les zones de conflit, cherchant refuge dans des camps de déplacés où la vie est marquée par l’incertitude. La solidarité prend ici tout son sens, car ces familles déplacées ont besoin de tout, du logement à l’alimentation, en passant par les soins médicaux et l’éducation pour leurs enfants. Le Mali fait également face à un nombre croissant de veuves et d’orphelins, les familles de soldats tombés au front pour défendre la nation. Ces familles, en deuil, sont souvent confrontées à des difficultés financières et ont besoin de l’appui de l’État pour continuer à vivre dignement. Le mois de la solidarité devient alors une occasion de manifester une reconnaissance envers ceux qui ont sacrifié leur vie pour le pays et leurs proches, rappelant à tous que la solidarité ne se limite pas à une simple assistance, mais qu’elle est une forme de reconnaissance, de respect envers ces familles endeuillées.
Garantir un filet social aux citoyens
En cette année 2024, le Président de la Transition, le Général d’armée Assimi Goïta, a multiplié les initiatives pour venir en aide aux plus vulnérables. Sous son impulsion, des dons ont été distribués aux orphelins et aux veuves de militaires et de paramilitaires, des familles frappées par le sacrifice de leurs proches au service de la nation. À la veille de la rentrée scolaire, le président a également veillé à ce que les enfants issus de familles défavorisées ou de militaires défunts reçoivent des kits scolaires, contribuant ainsi à leur offrir une rentrée scolaire dans des conditions dignes. De plus, des équipements médicaux ont été remis à des structures sanitaires, un geste de solidarité qui vise à renforcer le système de santé national et à améliorer l’accès aux soins pour tous les citoyens maliens. Le président a également célébré la Journée nationale des Pupilles, le 31 octobre, une occasion pour mettre en lumière ces enfants orphelins qui, malgré la douleur de la perte, incarnent l’espoir et l’avenir de la nation.
Cette dynamique de solidarité, initiée par le chef de l’État, s’étend à d’autres institutions du pays. Le ministère de la Santé et du Développement social a lui aussi apporté son soutien, en mettant en œuvre des actions pour répondre aux besoins des plus démunis. D’autres départements ministériels et institutions ont pris part à cet élan de solidarité, démontrant ainsi que cet engagement est partagé à tous les niveaux de l’État. Cette mobilisation collective illustre un État résolu à garantir un filet social à ses citoyens, même dans un contexte de crise.
Rappel des valeurs d’humanisme et de fraternité
Par ailleurs, le Mois de la solidarité ne serait pas complet sans l’apport des organisations non gouvernementales et des partenaires internationaux du Mali. Ces entités, qui œuvrent sans relâche pour apporter leur soutien aux populations vulnérables, jouent un rôle essentiel dans l’aide humanitaire. Des organisations telles que le Programme alimentaire mondial, Save the Children, la Croix-Rouge et bien d’autres contribuent activement à l’effort de solidarité, apportant des vivres, des abris, et un appui psychologique aux personnes en détresse. Leur engagement démontre que, malgré les défis, l’humanisme reste une valeur universelle et que la solidarité transcende les frontières.
Le Mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion au Mali représente une démarche d’une profondeur remarquable, qui va au-delà de la simple charité. Il s’agit d’un engagement citoyen, d’un rappel des valeurs d’humanisme et de fraternité qui unissent les Maliens. Cette solidarité prend racine dans l’histoire du pays, dans les valeurs de partage et d’entraide qui ont toujours caractérisé la société malienne. En célébrant ce mois, le Mali se souvient que chaque citoyen a le droit à la dignité, au respect, et à un minimum de sécurité sociale, des valeurs qui renforcent le tissu social et qui donnent au pays la force de faire face aux épreuves.
Surmonter les épreuves et construire un avenir où chacun a sa place
Aujourd’hui plus que jamais, le Mois de la solidarité revêt une importance capitale. Il invite chaque Malien, chaque institution, chaque partenaire à s’engager pour le bien commun, à manifester une générosité sincère envers ceux qui en ont le plus besoin. Dans un monde où l’individualisme gagne du terrain, le Mali montre l’exemple d’un pays où la solidarité reste un pilier de la société, un rempart contre l’exclusion et la pauvreté.
Ainsi, au cours du mois d’octobre 2024, malgré les défis, le Mali s’est dressé comme une nation unie et résolue à prendre soin de chacun de ses enfants. La solidarité, loin d’être un simple slogan, est vécue au quotidien, portée par des actions concrètes et un engagement sincère. C’est cette solidarité, cette fraternité qui font du Mali une nation forte, capable de surmonter les épreuves et de construire un avenir où chacun a sa place.
F. Togola
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