Un an après la création de la Confédération des États du Sahel, le président Assimi Goïta convoque ses homologues pour un second sommet décisif. Prévu en décembre 2025 à Bamako, ce rendez-vous annuel marque la montée en puissance d’un espace politique assumé, porté par une vision souverainiste, unie et résolument sahélienne. Entre volonté d’intégration et affirmation d’identité, l’AES entre dans l’an 2 avec détermination.
C’est une ligne qui tient en quelques mots, mais qui dit tout d’un souffle géopolitique nouveau. Par un communiqué sobre et solennel, daté du 4 juillet 2025 à Bamako, le Président de la Confédération des États du Sahel (AES), le Général d’armée Assimi Goïta, a annoncé la tenue en décembre prochain, dans la capitale malienne, de la deuxième session du Collège des Chefs d’État de la Confédération. Un acte de continuité. Mais aussi – et surtout – un symbole politique fort, lourd de significations dans la recomposition en cours de l’espace sahélien. Le premier sommet, qui a vu la naissance de la Confédération le 6 juillet 2024, s’était tenu à Niamey (Niger).
Collégialité, concertation, cohérence
Au-delà de la formule protocolaire — « après consultation de Leurs Excellences » le Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, et le Général Abdourahamane Tiani, Président de la République du Niger — le communiqué dit beaucoup de la gouvernance propre à l’AES. Un style collégial, un processus de consultation mutuelle, loin des automatismes verticaux des blocs traditionnels. Ici, point de directoire invisible ou de secrétariats technocratiques déconnectés.
A la Confédération des États du Sahel, ce sont les chefs d’État eux-mêmes qui assument, impulsent, décident, comme l’a si bien laissé entendre le président de la confédération devant la communauté malienne en Russie, lors de sa visite officielle en juin 2025. Toutes les décisions touchant la vie du bloc sont prises à l’unanimité par les trois chefs d’Etat.
Bamako, capitale politique d’une Afrique réinventée
Qu’il se tienne à Bamako n’est pas un hasard. Depuis sa désignation à la présidence tournante de la Confédération en juillet 2024, le Mali, sous la houlette d’Assimi Goïta, incarne l’âme stratégique du projet confédéral. C’est là que fut lancé le passeport commun. C’est là aussi que furent esquissées les grandes lignes de la force conjointe sahélienne. Et c’est là que le cap fut fixé sur la création d’une Banque confédérale d’investissement — levier financier de la souveraineté retrouvée.
En réunissant ses pairs à Bamako pour cette deuxième session, le président malien entend donc inscrire la Confédération dans une continuité territoriale et symbolique, et éventuellement procéder au passage de témoin. La capitale malienne ne sera pas seulement le théâtre d’une rencontre diplomatique. Elle en sera la matrice politique, l’agora décisionnelle, le point nodal où se tracent les contours d’un autre avenir pour le Sahel.
Un sommet, des attentes
Que peut-on attendre de ce sommet ? Beaucoup. À commencer par le passage à la vitesse supérieure de l’intégration institutionnelle : parlement commun, fiscalité harmonisée, mutualisation des infrastructures critiques. Mais aussi une consolidation militaire sur les théâtres d’opération clés — Ménaka, Tillabéri, Komondjari — où la menace djihadiste reste active.
Le sommet de Bamako devra également trancher sur des dossiers structurants comme l’entrée d’observateurs dans la Confédération, la réforme monétaire et les conditions d’un retrait coordonné des organisations sous-régionales jugées obsolètes.
Mais au-delà des textes, ce qui se jouera en décembre 2025 à Bamako, c’est la crédibilité d’un rêve sahélien en train de s’incarner : celui d’un espace politique libre, souverain, affranchi de la tutelle morale et institutionnelle des anciennes puissances, assumant son altérité et revendiquant son droit à un destin propre.
Une Confédération en marche… et en conscience
La tenue annoncée du deuxième sommet confédéral, un an après la naissance officielle de l’AES à Niamey, n’est donc pas un simple exercice de style diplomatique. C’est la démonstration que l’AES n’est pas une alliance d’opportunité, mais un projet structurant. Un levier d’unité régionale fondé sur la convergence de trajectoires révolutionnaires. Et surtout, une promesse tenue à des peuples longtemps en quête de dignité géopolitique.
À l’heure où certaines chancelleries s’interrogent encore sur la « viabilité » du projet sahélien, les chefs de l’AES répondent à leur manière : par l’action, par la clarté, par le calendrier. Rendez-vous est donc pris à Bamako. L’histoire, là-bas, ne se murmure pas. Elle s’écrit. En lettres franches. Et en toute souveraineté.
A.D
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