Au Mali, les jeunes s’orientent de plus en plus vers les secteurs informels, notamment le domaine de l’art. Fousseyni Tangara est un jeune dessinateur malien, âgé de 19 ans. Ce jeune lycéen estime que l’art, surtout le dessin, est un métier d’avenir qu’il a embrassé depuis à son jeune âge. Mais aujourd’hui, il est confronté à des difficultés dans l’exercice de sa passion. Le jeune Tangara nous en explique davantage dans cet entretien que nous avons eu avec lui.
Phileingora : comment êtes-vous devenu dessinateur ?
Fousseyni Tangara : depuis que j’étais encore au primaire, j’ai toujours aimé dessiner. À l’école, lorsqu’on nous donnait des exercices de dessin à domicile, mon papa m’aidait à les réaliser. C’est comme cela qu’en classe de 6e, une forme de concurrence s’est installée entre moi et un autre élève de notre classe. Chacun de nous voulait se faire valoir aux yeux de ses camarades dans cette matière. Arrivé au second cycle, j’ai pris contact avec Daouda Diarra, un grand dessinateur à Daoudabougou (quartier de Bamako ndlr). C’est lui qui m’a alors mieux formé dans cet art.
Qu’est-ce que le dessin te rapporte aujourd’hui ?
Grâce à cette activité, j’arrive à subvenir à mes besoins. Je ne suis plus dépendant de mes parents. Avec à ce métier et les revenus qu’elle génère, dans mon quartier, les enfants comme les adultes, tous me respectent.
Pouvez-vous nous expliquer les difficultés que vous rencontrez dans ce métier ?
Les difficultés que je rencontre aujourd’hui dans ce métier sont surtout l’incompréhension que j’ai avec mes parents. Au début, on s’entendait bien sur l’exercice de cette activité. Mais aujourd’hui, la situation est plus compliquée. Ils ne veulent pas que je continue avec ce métier.
Pourquoi vos parents s’opposent-ils à ce que vous exerciez ce métier ?
Selon eux, le dessin n’est pas un métier d’avenir. Ils estiment qu’il ne rapporte pas grand-chose à un homme. C’est là où se situe toute notre incompréhension. Pourtant, c’est ce métier que j’ai toujours aimé.
Avez-vous déjà reçu d’accompagnement de nos autorités politiques ?
Je n’ai jamais cherché d’aides auprès de nos autorités. Mon seul objectif était d’aller faire le Conservatoire des arts et métiers multimédias Balla Fasséké Kouyaté afin de sortir en professionnel de l’art. Donc, pour répondre à votre question, je n’ai reçu aucun appui de nos autorités.
La pandémie de coronavirus a-t-elle impacté vos activités ?
Le coronavirus a impacté mes activités. Car je devrais recevoir certains matériels de travail en provenance de la France. Mais la fermeture des frontières a empêché l’acquisition de ces nouveaux équipements de travail. Ce qui constitue un blocage pour moi dans le développement de mon art. Après cela aussi, il faut reconnaitre que les mesures barrières instaurées par le gouvernement malien ont fortement joué sur moi en termes de rentabilité.
Quel appel avez-vous à lancer ?
Personne ne doit s’amuser avec l’art. c’est un très bon métier prometteur d’avenir. Mais il faut au préalable chercher à mieux se former dans ce domaine pour t’imposer. Les Maliens ont du talent. Malheureusement il n’est pas mieux apprécié parce que nous ne prenons pas au sérieux ce que nous faisons. Surtout le dessin, les gens le considèrent comme un simple amusement alors que c’est un véritable talent qui n’est pas donné à tout le monde.
Par Fousseni Togola
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