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Algérie : Ferhat Mehenni déclare l’indépendance de la Kabylie devant l’ONU

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Ferhat Mehenni, leader du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie, a proclamé la renaissance de l’État kabyle le 20 avril devant le siège de l’ONU à New York. Cette déclaration coïncide avec le 44e anniversaire du Printemps berbère, marquant un tournant potentiel pour l’autonomie régionale en Algérie.

Le 20 avril, marquant le 44e anniversaire du Printemps berbère, une date gravée dans la mémoire collective des Kabyles comme un symbole de résistance et de revendication identitaire, a été choisi par Ferhat Mehenni pour proclamer la « Renaissance de l’État kabyle » depuis New York, devant le siège de l’ONU. Cette déclaration de Mehenni, président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK) et du Gouvernement Provisoire Kabyle en exil (Anavad), représente un point de bascule non seulement pour la Kabylie mais aussi pour l’ensemble de l’Algérie et ses relations internationales.

Une incohérence qui expose un double standard

Cette proclamation n’est pas un simple écho du passé; elle est un cri vers l’avenir, une tentative de renouer avec une indépendance que la Kabylie avait avant la consolidation de l’Algérie moderne. Avant l’annexion en 1857, la Kabylie était une région avec une forte autonomie, riche de sa culture et de son identité distinctes. Le geste de Mehenni est donc empreint d’une profondeur historique, rappelant à la fois la résilience et les aspirations longtemps réprimées de son peuple.

Au-delà de l’aspect symbolique, cette déclaration soulève des questions brûlantes sur la cohérence de la politique algérienne. L’Algérie, qui a longtemps soutenu l’autodétermination du Sahara Occidental via le Front Polisario, se trouve face à un paradoxe flagrant en refusant le même droit à la Kabylie. Cette incohérence expose non seulement un double standard dans la politique étrangère algérienne mais soulève également des interrogations sur les véritables motivations derrière le soutien algérien au Polisario.

Les implications de la proclamation de l’indépendance kabyle sont vastes et complexifiées par le contexte géopolitique actuel. D’un côté, elle risque d’exacerber les tensions avec le gouvernement central algérien, qui a historiquement employé des méthodes répressives contre les mouvements autonomistes kabyles, allant jusqu’à l’arrestation et la torture de milliers de militants. De l’autre, elle met la France, pays hôte de Mehenni, dans une position délicate vis-à-vis de ses relations diplomatiques avec l’Algérie.

Réévaluer les politiques de gouvernance et de gestion

Le rôle de la France et d’autres nations dans cette affaire sera crucial. La communauté internationale se trouve à la croisée des chemins, devant choisir entre soutenir le principe de l’autodétermination ou privilégier la stabilité régionale en soutenant les positions algériennes. Cette situation met également en lumière les dilemmes auxquels sont confrontés les leaders internationaux concernant les mouvements sécessionnistes et les aspirations indépendantistes à travers le monde.

Sur le plan interne, la proclamation pourrait avoir un effet catalyseur pour d’autres mouvements en Algérie et potentiellement inspirer des revendications similaires dans d’autres régions marginalisées. Cela pourrait mener à une réévaluation des politiques de gouvernance et de gestion des diversités culturelles et ethniques au sein de l’État algérien. Pour le président Abdelmadjid Tebboune et le général Saïd Chengriha, cela représente un défi majeur à leur autorité et à leur gestion des affaires intérieures et extérieures du pays.

Un rappel poignant

Enfin, cette déclaration est un rappel poignant que les questions d’identité et d’autonomie ne sont jamais entièrement résolues et peuvent resurgir avec force, surtout lorsqu’elles sont portées par des siècles d’histoire et des décennies de frustrations. La Kabylie, par la voix de Ferhat Mehenni, demande à être entendue, non seulement par l’Algérie mais par le monde entier, réitérant que la quête de reconnaissance et de respect pour l’identité ne connaît pas de frontières.

La « Renaissance de l’État kabyle » proclamée par Ferhat Mehenni est plus qu’une simple déclaration politique; c’est un moment définissant qui pourrait redessiner les contours de l’Algérie moderne et tester les principes internationaux de droit à l’autodétermination et à l’intégrité territoriale.

Oumarou Fomba

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