Le 26 novembre 2025, lors du Conseil des ministres tenu au palais de Koulouba, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Moussa Alassane Diallo, a annoncé la réception d’un don de 82 citernes de produits pétroliers offerts par la République du Niger.
En décembre prochain se tiendra à Bamako le 2ème sommet de la Confédération des Etats du Sahel (AES), créées le 6 juillet 2024, à Niamey au Niger. Le 16 septembre 2023, en vue « d’établir une architecture de défense collective et d’assistance Mutuelle », le Mali, le Burkina Faso et le Niger signent la Charte du Liptako-Gourma à Bamako. Les trois pays s’engagent, à travers cette Charte, à « lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée » mais aussi à la « prévention, la gestion et au règlement de toute rébellion armée ou autre menace portant atteinte à l’intégrité du territoire et à la souveraineté de chacun des pays membres de l’Alliance ».
L’appui de la République du Niger au Mali en Hydrocarbure cadre bien avec le contenu de cette Charte d’assistance mutuelle. Ces 82 citernes constituent un geste d’une valeur estimée à 3,29 milliards de francs CFA, soit plus de 4,3 millions de litres d’hydrocarbures, venus directement de Niamey jusqu’à Bamako, au terme d’un convoi de 1 400 kilomètres. Escortée par un contingent conjoint des Forces armées de l’AES, cette caravane pétrolière n’était pas seulement logistique — elle était politique, fraternelle, presque historique.
La solidarité comme arme stratégique
Dans un Sahel longtemps fragmenté, cette donation nigérienne résonne comme un acte de résistance collective. Car derrière les chiffres et les camions se profile la vision confédérale d’une alliance en construction, décidée à assumer sa propre souveraineté énergétique.
Ce don, le premier de cette ampleur entre membres de l’AES, illustre concrètement ce triptyque désormais sacré : Défense, Diplomatie, Développement — les « trois D » sur lesquels repose l’architecture de cette union née dans la tempête.
À Bamako, cette arrivée est perçue comme une bouffée d’oxygène logistique après des semaines de tensions liées à la crise du carburant. Mais plus encore, comme une preuve de la cohésion naissante entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, unis par des destins désormais indissociables.
En juillet 2023, après le renversement de Mohamed Bazoum, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait brandi des menaces d’intervention militaires contre le général Tiani. Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée se sont dressés comme un seul homme pour stopper la menace en indiquant que toute agression contre le Niger constituerait une déclaration de guerre à tous ces pays. Depuis, les choses ont évolué entre ces pays jusqu’à la signature de la Charte du Liptako-Gourma donnant naissance à la Confédération AES. La Guinée s’est démarqué des trois autres pays en traçant son propre chemin.
Du carburant, mais surtout du symbole
Ce convoi d’hydrocarbure, escorté militairement sur plus de mille kilomètres de pistes et d’asphalte, était à la fois une opération d’approvisionnement et une démonstration de souveraineté.
Dans le contexte des tensions régionales, le geste du Niger est lu comme un acte politique fort, une manière de réaffirmer la solidarité inter-étatique face aux sanctions, aux tentatives d’isolements diplomatiques et aux pressions économiques extérieures.
Pour les dirigeants de la Confédération, ce don n’est pas une fin mais un point de départ. Le Mali, le Burkina et le Niger travaillent déjà à la mise en place d’un système énergétique intégré, avec des corridors d’approvisionnement sécurisés et une future banque d’investissement confédérale capable de financer ces échanges vitaux.
La route du carburant devient ainsi une route de la souveraineté, où l’entraide remplace la dépendance et où chaque citerne livrée symbolise un pas vers la résilience collective.
Chiencoro Diarra
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