L’approvisionnement du Mali en carburant, durant la crise, a été possible en partie grâce au courage et au patriotisme des conducteurs routiers. Défiant les dangers et les menaces des groupes armés terroristes, ils ont accepté de continuer, au prix de leur vie, d’acheminer, sous escorte militaire, du carburant dans le pays. Face à leur sacrifice, les autorités ont décidé de les récompenser par des mesures inédites dans le milieu des transporteurs.
En effet, les populations maliennes ont été témoins de la bravoure des conducteurs routiers accompagnés de leurs apprentis transportant du carburant de l’extérieur à l’intérieur du pays. Tous les jours, on apprend que des centaines de citernes ont fait leur entrée à Bamako et dans des régions administratives du pays.
Cependant, au début de l’opération, certains conducteurs routiers et des apprentis ont perdu la vie et d’autres ont été blessés au cours des attaques des groupes armés terroristes. Pour signifier la reconnaissance de la nation aux conducteurs routiers et à leurs apprentis, le gouvernement a signé avec leurs différents syndicats, le jeudi 13 novembre 2025, un protocole d’accord à l’issue d’une rencontre historique et mémorable présidée par trois ministres du gouvernement (Travail, Fonction publique et du Dialogue Social, Transports et infrastructures, Santé et Développement Social).
C’est un protocole d’accord qui porte au total sur six (06) doléances. Il s’agit de la prise en charge des apprentis et des chauffeurs blessés, la prise en charge des enfants des chauffeurs et des apprentis décédés lors des attaques terroristes, l’immatriculation des chauffeurs à l’INPS ( Institut national de prévoyance sociale) et à l’AMO ( Assurance Maladie Obligatoire), la mise en place de la convention collective des chauffeurs, la situation des camions stationnés à Kati et des conteneurs en souffrance dans les ports, ainsi que le problème de l’anneau Sotrama.
Certaines doléances ont été réglées
Lors de la signature du protocole, la ministre de la Santé et du Développement social a déclaré que les orphelins de chauffeurs seraient désormais ajoutés aux pupilles de la Nation et les chauffeurs blessés pris en charge par l’ANAM ( Agence nationale d’Assistance Médicale). Il faut souligner que le statut de pupille de la Nation est accordé à un enfant mineur dont un parent, un soutien de famille, est mort au service de la Nation. C’est une reconnaissance du sacrifice de ses parents ou soutiens pour le pays.
Ce statut confère à l’enfant des droits et des aides matérielles et morales. Il s’agit de la prise en charge par l’État de ses frais médicaux, de scolarité, d’apprentissage et de formation. Une bourse complète lui est accordée pour ses études secondaires ou supérieures. Des aides matérielles peuvent également être accordées, comme des kits scolaires, des cartes d’identification et des cartes bancaires. Un soutien psychologique et moral est proposé pour aider l’enfant à surmonter son deuil.
Le statut de pupille de la Nation prend fin à la majorité de l’enfant. Les enfants des conducteurs et apprentis décédés viennent s’ajouter à ceux des membres des forces de défense et de sécurité tombés sur le théâtre des opérations et ceux de civils décédés en mission de l’État.
Par rapport à la prise en charge des conducteurs et apprentis blessés par l’ANAM, une remise symbolique par Mme le ministre de la Santé et du Développement social des cartes du Régime d’Assistance Médicale (RAMED) aux Syndicats des Chauffeurs et Conducteurs Routiers a eu lieu. C’était le jeudi 20 novembre 2025 en présence de deux ministres (Travail, Fonction publique et Dialogue Social, Transports et infrastructures ) et en marge des travaux de la 24e session du Conseil d’administration de l’ANAM.
Plusieurs syndicats de chauffeurs y étaient également présents à la cérémonie. Désormais, les conducteurs routiers et leurs apprentis pourront accéder aux soins dans les hôpitaux et structures sanitaires de leur choix, avec dignité et sécurité. Très content de cette initiative du gouvernement, le représentant des syndicats a proposé que la date du 20 novembre soit désormais instituée comme Journée nationale des chauffeurs et apprentis routiers.
D’autres le seront dans les brefs délais
En ce qui concerne l’immatriculation et la convention collective, le ministre du Travail, de la Fonction publique et du Dialogue social a annoncé que des dispositions sont en cours à ce sujet. Un atelier national sur la convention collective sera bientôt organisé et les recommandations issues des travaux seront transmises aux autorités compétentes.
Par rapport aux camions et conteneurs en souffrance à Kati et dans les ports maritimes de pays voisins, Mme le ministre des Transports et des Infrastructures a rassuré ses interlocuteurs en affirmant que des mesures sont déjà prises pour trouver des solutions. A titre d’exemple, il y a eu, le 18 novembre 2025 à Dakar, une rencontre entre la ministre des Transports et des Infrastructures et la ministre sénégalaise des Pêches et de l’Économie maritime.
Il faut signaler que cette valorisation des conducteurs routiers et leurs apprentis est une très bonne initiative, car elle encourage le patriotisme et le sacrifice ultime dans un pays en crise comme le Mali. C’est une initiative qui vient s’ajouter à d’autres telles que la décoration de plusieurs agents publics et d’acteurs du secteur privé.
Sidi Modibo Coulibaly
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