Le Président de la Transition du Mali, le Général d’Armée Assimi Goïta, a accueilli ce samedi 11 janvier 2025 son homologue soudanais, le Général Abdel Fattah Al-Burhan, pour une visite d’amitié et de travail de 48 h. Cette rencontre, qui sera marquée par des échanges stratégiques au palais de Koulouba, s’inscrit dans un contexte de renforcement des liens entre deux nations confrontées à des défis communs, avec l’ambition de bâtir une coopération durable face aux enjeux sécuritaires et diplomatiques.
Ce samedi 11 janvier 2025, un avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport international Président Modibo Keïta de Bamako-Senou. À son bord, un invité de marque : le Général Abdel Fattah Al-Burhan, Président du Conseil Souverain de Transition du Soudan. À 10 h 40, il descend de l’appareil, accueilli avec tous les honneurs par son homologue malien, le Général d’Armée Assimi Goïta, Chef d’État du Mali. Une poignée de main, deux regards échangés, et déjà, un symbole puissant de rapprochement entre deux nations aux trajectoires bouleversées par l’histoire récente.
Entre crises et espoirs de renouveau
Cette visite d’amitié et de travail est une étape importante dans la relation entre le Mali et le Soudan. Elle est le fruit d’efforts diplomatiques amorcés en juin 2024, lorsque le Lieutenant-Général Shamsedin Kabbashi, membre du Conseil Souverain soudanais, portait à Bamako un message du Général Al-Burhan. L’objectif était de renforcer une coopération encore embryonnaire, mais prometteuse dans des domaines aussi essentiels que la sécurité, la défense, et la diplomatie.
Pour comprendre la portée de cette rencontre, il faut replacer le Soudan et le Mali dans leur contexte respectif. Le Soudan, dirigé par le Général Al-Burhan depuis la chute d’Omar El-Béchir en 2019, traverse une crise aiguë depuis l’éclatement, en avril 2023, des hostilités entre l’armée régulière et les Forces de Soutien rapide (RSF). Ce conflit interne a exacerbé les défis socio-économiques, aggravant une situation déjà fragile.
De son côté, le Mali, sous la houlette du Général Assimi Goïta, a lui aussi été marqué par des turbulences politiques et sécuritaires. Cependant, Bamako et Khartoum partagent un point commun : la quête d’une souveraineté renforcée et d’une gouvernance stable, dans un environnement géopolitique complexe.
L’ébauche d’un partenariat stratégique
Après un premier entretien de quelques minutes à l’aéroport, les deux chefs d’État se sont rendus au palais de Koulouba. Là, une journée intense d’échanges et de réflexions les attendait, tournée vers la consolidation d’une coopération bilatérale encore timide. Depuis 2002, les accords de partenariat se concentrent sur des secteurs limités comme le commerce et le transport aérien. Une commission mixte, créée en 2006, n’a pas pu pleinement atteindre ses objectifs en raison des aléas politiques et des crises successives.
Mais aujourd’hui, les enjeux sont plus vastes et plus urgents. Le renforcement des capacités militaires, le partage d’expertise en matière de lutte contre le terrorisme, et la revitalisation des liens diplomatiques figurent parmi les priorités évoquées, et pourquoi pas la crise énergétique qui sécoue le Mali depuis plus d’une décennie. Le Mali et le Soudan, confrontés à des menaces similaires, pourraient trouver dans cette alliance un levier pour stabiliser leurs territoires respectifs tout en dynamisant les échanges économiques et culturels.
Un homme au cœur des transformations
Le parcours du Général Abdel Fattah Al-Burhan, à lui seul, éclaire les dynamiques qui animent cette rencontre. Né en 1960 dans le village de Gandou, il gravit les échelons de l’armée soudanaise, passant par des missions à l’étranger et des postes clés au sein des forces armées. Sa carrière est marquée par des choix ambitieux : de la gestion des relations avec Israël en 2020, qui a conduit à un rapprochement historique, à son rôle controversé dans l’envoi de troupes au Yémen.
Son pragmatisme et son expérience en font un acteur incontournable de la scène politique régionale. Mais ce leadership s’exerce dans une réalité complexe, où chaque décision porte les stigmates d’un pays en quête d’équilibre.
En accueillant le Président Al-Burhan, le Mali témoigne d’une volonté de dépasser les obstacles du passé pour construire un partenariat basé sur la confiance et les intérêts mutuels. Cette visite, bien que symbolique, ouvre la voie à des collaborations plus ambitieuses. Elle rappelle que dans un monde fragmenté, les alliances régionales peuvent être des bouées de sauvetage, offrant aux nations un espace pour se redéfinir et se renforcer.
Chiencoro Diarra
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